Mariss Jansons dispose de nombreux atouts : un très bel orchestre à la longue tradition possédant une sonorité qui lui est propre, un chœur qui n'a plus rien à prouver et des solistes de très haute tenue. Que manque-t-il donc à cet enregistrement capté en Live pour détrôner les grandes références qui hantent nos oreilles depuis des décennies, à savoir André Kertész et Karel Ančerl pour le Requiem, Antal Doráti pour la Huitième symphonie ?
Une écoute comparative nous a permis de faire ressortir certains aspects, valables pour les deux œuvres.
Requiem
Le Requiem, enregistré en public les 5 et 6 février 2009, est réparti sur la totalité du disque 1 et une partie du disque 2.
On notera tout d'abord un bel équilibre entre l'orchestre, le chœur et les solistes. Aucun n'empiète sur l'autre, la masse chorale trouve la justesse de la puissance ou de la douceur pour créer une sonorité à la plastique remarquable. Les solistes se fondent dans une conception où le conflit n'apparaît pas, pas plus qu'entre eux, aucun ne cherchant à se voler la vedette, ou à se désolidariser du reste de l'effectif. Le travail d'unité sonore avec l'orchestre est parfait, tandis que chaque prestation individuelle ne mérite qu'éloges.
L'orchestre quant à lui fait bien ressortir ses timbres, un petit solo de hautbois ou la puissance cuivrée des vents, toujours dans le respect de l'esprit de l'œuvre, sans vulgarité et sans noirceur excessive. Certains passages pastoraux comme l'Offertoire ou Pie Jesu y gagnent une belle lumière, très transparente.
En fait, c'est plutôt le choix de certains tempi légèrement trop longs qui pose problème. Le chef les laisse quelque peu traîner, ce qui dénature le Confutatis Maledictis dans lequel les traits de triples croches n'ont rien ni d'effrayant ni d'impatient. La même impression se dégage du Lacrymosa, dans lequel les cordes semblent par trop alourdies.
Symphonie No. 8
Cette Symphonie, enregistrée en public en décembre 2007 et octobre 2008, complète le Requiem sur le disque 2.
On retrouvera les défauts énoncés pour le Requiem avec plus d'évidence dans la Huitième symphonie qui ne demande qu'à faire ressortir des tentations de brillance superficielle (dans le dernier mouvement, par exemple) ou de langueur salonnarde (la valse du 3e mouvement). L'allegretto grazioso prend des allures d'allargando pomposo qui le privent d'une élégance fine et racée. Dommage car peu de chose aurait suffi pour rééquilibrer l'ensemble et faire sortir cette œuvre d'une occidentalisation appuyée et d'une rondeur romantisante dont elle n'a que faire.
Malgré les qualités intrinsèques des interprètes et la réussite de l'équilibre musical obtenu, l'inégalité de valeur entre les mouvements déstabilise la conception globale. Cet enregistrement ne remettra pas en cause les bases discographiques établies depuis des décennies.
À noter : Ce SACD hybride est compatible avec tous les lecteurs de CD. Pour bénéficier des pistes multicanales et stéréo encodées en DSD, il faut utiliser un lecteur SACD.
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Nicolas Mesnier-Nature