Le montage de ce documentaire alterne séquences d'interviews et extraits musicaux.
Les premières nous apprennent des éléments biographiques importants sur la vie et la carrière de Barbara Hendricks, depuis sa naissance le 20 novembre 1948 dans une petite ville de l'Arkansas au sein d'une famille afro-américaine. On peut ainsi l'observer dans sa vie quotidienne, parlant de ses enfants et de son mari, ou bien encore en train de danser ou travaillant sa voix. La soprano parle de sa passion plus forte que tout pour le chant, laquelle, des États-Unis, la conduira à s'installer à Paris pendant une dizaine d'années, puis en Suisse, avant d'acquérir plus tard la nationalité suédoise. Depuis 1977, soit un an après ses débuts à l'Opéra de San Francisco dans Le Couronnement de Poppée, l'artiste vit en effet en Europe.
Nous suivons Barbara Hendricks lors d'une leçon avec son professeur Irène Aïtoff qu'elle a rejointe après avoir beaucoup travaillé le chant en compagnie de Jennie Tourel à la Julliard School, puis ce sont des essayages de costumes de scène et quelques commentaires de l’artiste sur des photos de représentations.
Ces plages d'interviews sont entrecoupées d'extraits de représentations live, de répétitions ou bien encore de sessions d'enregistrement. Soit, pour nous, l'occasion d'entendre brièvement la soprano dans un extrait du Don Pasquale amorcé sur un plateau de télé, puis, un autre du Chevalier à la Rose au côté de Brigitte Fassbaender. Un extrait du Pâtre sur le Rocher de Schubert nous rappelle combien Barbara Hendricks s'est également intéressée au répertoire de la mélodie allemande. Également présentés au cours du documentaire, une mélodie de Rachmaninov accompagnée au piano par Dimitri Alexeev, "Caro nome…" de Rigoletto sous la direction de Silvio Varviso et une mélodie de Lehar. Quelques images nous présentent enfin la soprano lors d'un enregistrement studio réalisé à Paris, avec le grand pianiste roumain Radu Lupu et en répétition pour Les Noces de Figaro à la Scala de Milan avec Riccardo Muti.Plusieurs extraits du film-opéra La Bohème réalisé en 1987 par Luigi Comencini ponctuent le documentaire. Au sein d'une reconstitution de petites rues parisiennes des années 1830 - comme l'indique le livret de l'opéra de Puccini -, envahies par la neige et la fumée, nous retrouvons la cantatrice dans divers passages de l'œuvre, et notamment dans le célèbre "Si, mi chiamano Mimi…". Nous reconnaissons au passage José Carreras et le chef d'orchestre James Conlon.
En outre, ce document s'attache à présenter l'engagement de Barbara Hendricks en faveur d'un certain nombre de causes humanitaires. On la voit s'impliquer dans un camp de réfugiés en Malaisie et chanter un negro-spiritual pour de très jeunes enfants dont les regards médusés nous touchent particulièrement.
En 1987, la chanteuse a été nommée "ambassadeur de bonne volonté" du Haut-commissariat aux Réfugiés auprès des Nations Unies. Soit un engagement marqué dans l'action humanitaire en général.
Au crédit des points positifs véhiculés par ce documentaire se trouve avant tout le portrait de la personnalité attachante de Barbara Hendricks. Ensuite, les mélodies entendues mettent en valeur sa magnifique voix, claire, quasi cristalline, parfaitement adaptée aux rôles lyriques et légers. À retenir particulièrement : la mélodie de Rachmaninov, et son émouvante incarnation de Mimi dans La Bohème de Puccini vue par Comencini.
Mais on regrettera amèrement l'absence de sous-titres - français ou autres - pour ce documentaire en langue anglaise et une absence de chapitrage qui nous empêche d'accéder directement à une séquence musicale particulière. Cela dit, une connaissance moyenne de l'anglais permettra globalement de comprendre ce qui est exprimé. De plus, les nombreux extraits ponctuant la parole peuvent être considérés comme autant de documents et de témoignages de l'art d'une grande dame du chant.
Le documentaire se termine sur des manèges tournoyants et les rires de la cantatrice, en fin d'interview. Barbara Hendricks… ou la joie de vivre !
À noter : Ce programme produit en France est intégralement en anglais et ce DVD ne propose aucun sous-titre. En dehors des passages musicaux, certes nombreux, il est à réserver aux anglophones d'un niveau moyen.
Jean-Luc Lamouché