Il est particulièrement intéressant de découvrir Benjamin Britten ou d’en savoir plus sur le grand compositeur anglais qui occupe sans aucun doute le premier rang parmi ceux de son pays.
Son inépuisable originalité, son combat acharné pour le pacifisme et son engagement personnel pour plus d’humanité ont été trop vite oubliés aux lendemains de cette Seconde Guerre mondiale dont l'hécatombe a fait tourner le dos de façon irréversible à la période qui l’a précédée.
Ainsi sont passés un peu vite, et pour un certain temps, dans l’oubli, les très grands musiciens de plusieurs pays parmi lesquels Martinů, Janáček, Mahler, Chostakovitch, Szymanowski et… Britten.
Les grands pédagogues de la musique, Messiaen à leur tête en France, ont savamment ignoré ces répertoires et il aura fallu attendre longtemps pour que les générations qui les ont suivis redécouvrent aux côtés d’une avant-garde bondissante des ouvrages pourtant d’une fulgurante originalité et emplis de génie.
Le XXIe siècle semble en prendre pleine conscience.
Pour ce qui concerne Britten, Peter Grimes, Billy Budd, la Sérénade pour cor et ténor ou le War Requiem font désormais partie du grand répertoire du XXe siècle, et trouvent leur place sans avoir à en souffrir, au côté des chefs-d’œuvre fondateurs de Stravinsky, de Schönberg ou Bartók.
Le film de Tony Palmer, en anglais non-sous titré (ni en français, ni en anglais, vraiment dommage !) nous fait entendre les précieux témoignages de tous ses proches, à commencer par son compagnon de toujours, le ténor Peter Pears.
Mais on regrette, outre quelques images fugitives au piano à 4 mains avec Richter, de ne pas entendre Rostropovitch, Fischer-Dieskau, Janet Baker ou justement Richter, qui lui ont été proches et dont le regard artistique sur Britten aurait éclairé ce documentaire d’une autre perspective.
On aperçoit également à plusieurs reprises les grands producteurs d’enregistrements comme John Culshaw, producteur du Ring de Solti, et l'on regrette de ne pas l’entendre, alors qu’un exceptionnel et précieux catalogue musical (artistique et technologique) sous la direction de l’auteur, tant chef d’orchestre que pianiste, a été produit par la firme britannique Decca.
Certes ses frères et ses sœurs, son entourage intime, nous renseignent-ils sur la précocité de sa vocation, mais il manque toutefois dans le documentaire, la dimension artistique première et originale du musicien d’exception que fut Britten.
Un grand et vibrant hommage est enfin rendu au Festival d’Alduburgh - inauguré dans les années 1960 par la Reine Elisabeth, proche du couple Britten/Pears -, une des plus belles et pérennes réalisations concrètes pour la musique de Britten, dont l’activité perdure plus de trente ans après la mort du compositeur.
Gilles Delatronchette






























