Déjà, sur le papier, le programme est passionnant. Il permet d’apprécier l’une des plus belles Symphonies de Schumann et son magnifique Concerto en la mineur, deux œuvres qui ont été exécutées sous l’égide du compositeur par le même orchestre, dans le même lieu que le présent enregistrement puisque la Symphonie op. 120 a été créée le 6 décembre 1841 en ce même Gewandhaus et que la deuxième exécution du Concerto date du jour de l’an 1846 au même endroit, sous les doigts de Clara Schumann.
Mais, au mois de juin 2006, les découvertes étaient également au rendez-vous avec l’Adagio & Allegro brillante des Études symphoniques arrangés par Tchaikovsky qui considérait son cadet comme "la figure majeure de l’art musical contemporain", ainsi que quatre pièces extraites du Carnaval op. 9 arrangées par Maurice Ravel en 1914 pour le danseur Nijinski en vue d'une représentation londonienne.
On ne peut que saluer l’équilibre d’un tel programme, mais surtout le courage de consacrer tout un disque à Schumann, chose rare et totalement bienvenue, tant le niveau d’interprétation est à la hauteur de l’entreprise.
Le tempérament de Martha Argerich convient en effet parfaitement à Schumann, alternant des moments d’intense concentration, avec des pianissimi très introvertis et quasi miraculeux, et d’autres plus agités, frôlant le dérapage sans jamais y céder. Riccardo Chailly est à ce titre un partenaire remarquable et l’on peut vraiment parler de connivence entre les deux artistes. Mais c’est aussi là que le bat blesse quelque peu. Tandis que le chef se fait visiblement plaisir et se donne totalement dans son interprétation, l’orchestre reste souvent imperturbable, comme flegmatique, sans donner la flamme que la direction demande.
Le résultat est d’une belle perfection musicale, mais ne parvient pas tout à fait à enflammer, d’autant que la prise de son se montre également trop sage.
Mais ce programme demeure un indispensable de toute bonne laserothèque schumannienne.
Également disponible en DVD
En vente à la boutique Tutti-magazine
Jérémie Noyer