DVD Jaquette de : Ondine

Distribution

Interprètes
  • Miyako Yoshida
    Ondine
  • Edward Watson
    Palemon
  • Genesia Rosato
    Berta
  • Ricardo Cervera
    Tirrenio, Lord of the Mediterranean Sea
  • Gary Avis
    A Hermit
  • Mara Galeazzi
    Divertissement, Act III
  • José Martín
    Divertissement, Act III
  • Helen Crawford
    Divertissement, Act III
  • Samantha Raine
    Divertissement, Act III
  • Brian Maloney
    Divertissement, Act III
  • Sergei Polunin
    Divertissement, Act III
  • Artists of the Royal Ballet
Chorégraphie
Frederick Ashton
Orchestre
Orchestra of the Royal Opera House
Chef d'orchestre
Barry Wordsworth
Réalisation
Ross MacGibbon
Origine
The Royal Opera House, London
Année
2009

Informations techniques

Durée
103'
Nombre de disques
1
Zone/Région
Zone ALL
Éditeur
Opus Arte
Distributeur
DistrArt Musique
Date de sortie
20/05/2010

Vidéo

Couleurs/N&B
Couleurs
Format images
1.78
Format vidéo
16/9 compatible 4/3
Codec/Standard vidéo
NTSC
Résolution vidéo
1080i

Audio

Version(s) sonore(s)
5.1 DTS Plein débit
Stéréo PCM
Sous-titres
•  Aucun

Ondine DVD

Tutti ovation

Note générale : 10/10

Hans Werner Henze

Ballet


Frederick Ashton chorégraphia Ondine pour Margot Fontaine et le Royal Ballet.
La création eut lieu le 27 octobre 1958 sur une musique contemporaine commandée à Hans Werner Henze, alors âgé de 32 ans.
Ondine a été représenté jusqu’en 1966. Puis, la compagnie anglaise a remonté cette œuvre en 1988, pour la reprendre enfin durant la saison 2008/2009.

 

 

Miyako Yoshida (Ondine) et Edward Watson (Palemon).Dernier ballet de Frederick Ashton, Ondine s’inspire des personnages d’un conte de Friederich de la Motte Fouqué écrit en 1811 : Undine.
Jean Giraudoux s’en inspira pour sa pièce Ondine créée en 1939, à laquelle assista d'ailleurs Ashton.
Cette pièce l’influença et lui donna l’idée de développer un ballet, ce qu’il fit quelques années plus tard, à partir de 1956.
Afin d’échapper à un traitement trop romantique, le chorégraphe s’attacha la collaboration du compositeur allemand Hans Werner Henze qui lui avait auparavant témoigné son admiration.
Henze vint à Londres en 1957 et composa "à la demande" en fonction des besoins du ballet qui se montait en parallèle avec Margot Fonteyn, Michael Somes, Julia Farron, Alexander Grant et, bien sûr, le Royal Ballet.

Ashton refusa toujours de monter Ondine pour d’autres compagnies qui désiraient inscrire ce ballet à leur répertoire.
Mais, en 2000, la Scala de Milan le présenta avec Alessandra Ferri et Adam Cooper.
Henze, que nous retrouvons dans les suppléments de ce programme, était présent…

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Barry Wordsworth dirige l'Orchestre de la Royal Opera House.

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Dès le prologue orchestral, les musiciens de l’Orchestre de la Royal Opera House attestent de leur affinité avec la partition.
Le chef Barry Wordsworth, habitué au répertoire chorégraphique, tire de l’orchestre un mystère et une retenue qui nous plongent dans une ambiance assez spéciale.

Edward  Watson (Palemon) et Genesia Rosato (Berta).Le rideau se lève sur un superbe décor, celui du château de Berta.
La décoratrice Lila de Nobili peignit elle-même les toiles de la création à partir de ses propres dessins afin d’en préserver la délicatesse.
Nous nous trouvons de fait devant une évocation imaginaire à mi-chemin entre le livre d’images et le décor de théâtre d’un passé révolu, prélude à l’entrée dans un monde onirique.
Mais dans un premier temps, la progression dramatique passe par un exposé de situation : Palemon offre un pendentif à sa promise Berta. Celle-ci le repousse et le laisse seul. Ondine apparaît alors…

x

Edward Watson.Edward Watson interprète avec finesse ce Palemon délaissé, aux antipodes de son rôle du Prince Rudolf dans Mayerling de MacMillan. Lire le test du ballet Mayerling
La prestance est là et l’illustration d’une certaine souffrance passe dans l’académisme des pas.
Face à lui, Genesia Rosato campe une Berta peu aimable ce qui justifiera d’autant mieux notre parti pris pour le jeune homme.
Nous avons récemment apprécié cette danseuse de caractère dans le rôle de Madame dans Manon, également chroniqué sur Tutti-magazine. Lire le test du ballet Manon

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Miyako   Yoshida.Miyako Yoshida incarne Ondine. Cette jolie danseuse japonaise très gracieuse est faite pour un tel rôle.
Délicate et rapide à la fois, sa gestuelle se prête bien à la simulation des gouttes d’eau qui ruissellent sur son corps.
Entrée au Royal Ballet en 1995 comme Principale, elle l'a quitté en 2010, l'année suivant cet enregistrement.

La mise en place est clairement installée, mais avouons que, jusque-là, tout nous paraît bien conventionnel au niveau de la danse.
Puis, l’intérêt est éveillé lorsque qu’Ondine prend peur dès qu’elle se trouve observée par Palemon.
Ashton compose admirablement la nervosité de cet esprit des eaux face à un homme d’un autre monde que le sien.
Le travail sur le bas de jambe, les petits pas très rapides et l’expression de peur sont extrêmement aboutis.
Le couple alors formé par les deux danseurs est apte à créer une tension qui sera primordiale pour la suite.

Nous quittons l’illustratif pour entrer dans la profondeur de l’histoire. I
l faudra un bon coup d’œil pour percevoir Berta observer jalousement Ondine et Palemon depuis le fond de scène si peu éclairé.
Le réalisateur ne nous aide pas non plus sur ce point.

On sera un peu surpris par les mimiques inventées par Ashton lorsque Berta donne l’alerte.
Mais il faut avouer que cette "recette" plutôt classique fonctionne bien et accentue la théâtralité du traitement créé à l’origine pour la scène et non pour une captation video.

 

Ricardo Cervera danse le rôle de Tirrenio, Seigneur de la Mer Méditerranée.


La Scène 2 nous entraîne dans une forêt mystérieuse où nous suivons les amants. Ils sont accueillis par Tirrenio, Seigneur de la Méditerranée qui tente de les séparer. En effet, en cas de trahison, Palemon mourra…

La musique de Henze participe à créer le mystère.
Son utilisation des cordes nous fait un peu penser à Prokofiev.
Les dissonances ne se départent jamais d’une profonde expression qui donne à cette partition une assise universelle et en facilite l’audition de tout spectateur, y compris peu familier avec cette forme d'écriture musicale.
De même, les éclats sonores sont superbes et apportent une véritable dimension à certaines entrées des danseurs, comme par exemple celle de Tirrenio, ferme et énergique.

Riccardo Cervera se voit confier une variation épuisante. De multiples sauts, des gestes précis arrêtés net, de nombreux changements de direction et de multiples pirouettes donnent vie à ce personnage fantastique issu de l’eau.

Une danse d’ensemble fait intervenir nymphes et tritons alors que la musique nous rappelle Stravinsky.
On est frappé à ce stade par une parenté avec l’esthétique du ballet La Fleur de pierre chorégraphié par Youri Grigorovitch en 1959.
L’inspiration n’est certes pas la même, mais un lien ténu existe.

Ashton forme avec les danseurs une gigantesque plante sous-marine qui tente de retenir Ondine loin de Palemon.
La gestuelle est remarquablement inventive et le Royal Ballet parfaitement synchronisé.
Les délicates couleurs des costumes sont à ravir.

Le vieil ermite (Gary Avis) marie Ondine et Palemon.À l’issue d’un long pas de deux qui permet aux deux amants de se retrouver, et aux danseurs de manifester une belle complicité de partenaires, un vieil ermite procède au mariage.
Gary Avis, dorénavant habitué aux rôles de composition, est une nouvelle fois remarquable.
Ondine reçoit une âme…

Le peuple de la mer fera tout pour empêcher Berta de poursuivre les jeunes gens.
Ashton construit une fin de scène avec panache, jouant sur les entrées et sorties rapides, la confusion savamment organisée, les sauts à répétition de Tirrenio et les mouvements prolongés avec féerie par les étoffes légères des costumes.
Le résultat est à la hauteur de l’attente : énergique, surprenant et totalement maîtrisé. Les danseurs deviennent onde sous l’emprise des vagues sonores de Henze rendues à la perfection par un orchestre superbe.

 

Scène finale de l'Acte I.

 

L’Acte II débute sur un port représenté par des décors et un mariage de teintes assez extraordinaires dont le master vidéo se régale.
Ondine et Palemon embarquent, bientôt suivis par Berta.

De droite   à gauche, au premier plan : Genesia Rosato (Berta), Miyako Yoshida   (Ondine) et Edward Watson (Palemon).Le départ du navire est un superbe moment.
Grâce à un effet en fond de scène, une gestuelle simulant le va-et-vient des vagues et du vent dirigé vers les voiles, une certaine forme de réalisme investit le plateau.

Le dépit de Berta comprenant ce qui lie Ondine et Palemon est idéalement joué par Genesia Rosato. Il faut dire que, tant la perruque que le costume aident à installer une sorte de caricature de mégère jalouse bien peu féminine.
Genesia Rosato (Berta).Mais l’expression de la danseuse nourrit bien plus ce personnage ingrat et lui prête une méchanceté, une jalousie théâtrale absolument délicieuse.
Les contrastes entre les deux personnages féminins qui gravitent autour de Palemon gagnent en efficacité.
Le moment où le jeune homme offre l'amulette à sa jeune femme devant le regard jaloux de Berta est un grand moment.

L’aura d’Ondine n’est pas pour autant entièrement lisse. Les marins en ont peur car elle semble diriger les flots qui submergent un moment leur navire.
Lorsque Berta s’empare du pendentif, narguant le couple, elle provoque l’irruption de Tirrenio qui, à la surprise générale, le lui arrache des mains.
Berta en profite pour se liguer aux marins.
Leur peur les poussera à jeter Ondine par-dessus bord.
Tirrenio intervient pour la sauver.

S’ensuit un cataclysme à la mise en scène redoutable d’efficacité. Le bateau coule et les deux seuls survivants, Berta et Palemon s’enlacent, dans une forme de rage passionnelle symbole de retrouvailles amorcées après la disparition d'Ondine.

Berta (Genesia Rosato ) et Palemon (Edward Watson) viennent de se marier.L’Acte III nous conduit dans la grande salle du château de Palemon.
Berta et Palemon viennent de se marier…
Resté seul, Palemon voit Ondine à travers un grand portrait.
Puis elle apparaît, surgissant des eaux.
La partition de Henze épouse une fois de plus parfaitement le livret et accompagne l’apparition d’Ondine avec une subtilité dans l’orchestration qui ajoute une magie certaine à la scène.

Le trouble manifesté par Palemon est rapidement évincé par le retour de Berta et l’arrivée des invités, préambule à un grand divertissement qui leur est offert.

L’Acte III comportait en fait, initialement, un divertissement pour célébrer le mariage de Palemon et Berta à la manière des grands ballets classiques.
Puis, il fut retiré pour être remonté à l’occasion du 50e anniversaire du Royal Ballet en 1981.
Le présent programme propose cette succession de danses.

Le lien musical avec le Roméo et Juliette de Prokofiev est ici flagrant.
Le compositeur utilise le piano en instrument soliste et apporte une couleur orchestrale différente à cette enclave chorégraphique dans la continuité de la narration.

Danses d’ensemble et pas de trois se succèdent avec un dynamisme très italien.
Les personnages de la Commedia dell’arte ne sont pas loin, les costumes en témoignent.
Il est acquis que cette incursion dans un univers différent permet une meilleure intégration dans le ballet.
Le divertissement chorégraphique autrefois abandonné par son chorégraphe retrouve une place cohérente en tenant lieu de fête donnée pour le mariage.
Les forces du Royal Ballet font preuve d’une énergie remarquable et d’une belle musicalité.
On retrouvera dans ce divertissement des solistes appréciés dans d’autres productions : Mara Galeazzi et José Martín parmi d’autres.

L'entrée de Tirrenio et sa cohorte de nymphes et tritons, pour surprenante qu'elle soit, nous fait un peu l'effet de l'arrivée du cygne noir accompagné de Rothbart dans l'Acte III du Lac des cygnes.
L'effet est réussi, comme la façon dont Berta est enlevée par les créatures marines incarnant la colère de leur maître.

Miyako  Yoshida à la fin de l'Acte II.

Le splendide master restitue admirablement les danseurs.
Mais on peut regretter ici, comme dans quelques autres passages du ballet, un fond de scène systématiquement enterré, ce qui ne permet pas de profiter pleinement de la subtilité des décors.
Le Blu-ray s'avère toutefois supérieur au DVD sur ce point.

Lorsqu'Ondine entre à son tour, ses longs cheveux noirs défaits et humides, le drame s'installe instantanément.
Miyako Ushida, de créature femme-enfant pleine de vie, transmute son Ondine en une tragique figure donneuse de mort.

Palemon réalise qu'il n'a jamais cessé de l'aimer.
Mais il a trahi Ondine, et son baiser le tuera.

Miyako Yoshida (Ondine) et Edward Watson (Palemon) dans l'ultime pas de deux du ballet.Un splendide pas de deux traduit le désespoir des amants et la tension de la situation, Ondine détournant la tête chaque fois que Palemon s'en approche.
Ondine et Palemon rejoignent à ce moment les grands personnages dramatiques du ballet narratif.
Le langage d'Ashton composé pour ce pas de deux est intemporel, puissant. On pourra du reste y déceler la filiation avec les futurs ballets de Kenneth MacMillan Manon et Roméo et Juliette, par exemple.

Palemon et Ondine s'étreignent. Il meurt.

La dernière image que nous garderons de ce ballet est celle, d'une tristesse infinie, que nous découvrons après les quelques secondes de rideau baissé nécessaires à sa mise en place : Ondine emportant le corps de Palemon dans les profondeurs de l'océan…

Le ballet Ondine est quasi inconnu en France.
Cette magnifique captation va permettre la découverte d'une œuvre importante dont la place se situe aux côtés des grands ballets classiques que nous considérons comme fondamentaux.


Lire le test du Blu-ray

Philippe Banel

Suppléments du DVD

En Haute Définition :

- Hans Werner Henze confie son admiration pour le travail de Frederick Ashton et la façon dont il l'aborda pour travailler avec lui, ainsi que la manière dont fut composé Ondine. Cette rencontre dans la villa italienne du compositeur aujourd'hui âgé de 83 ans est remplie de la vivacité de souvenirs personnels très touchants.
(Anglais stéréo DD avec sous-titres français, anglais, allemands et espagnols, 11’)
- Photos du casting.

À noter : Comme sur Mayerling, ce programme ne propose pas l’utile synopsis auquel l’éditeur Opus Arte nous avait habitué au fil des parutions.
Souhaitons que ce manque soit rapidement comblé sur les futures sorties.   

Bande-annonce du DVD

Critique Images et Son du DVD

Images

Le master vidéo HD est d’une qualité exceptionnelle, et le support DVD, dans les limites de sa définition standard, s’en accommode avec superbe.
Des contrastes magnifiques sont créés par des éclairages raffinés qui permettent aux danseurs de ressortir sur un fond noir de jais.
Les arrière-plans sombres conservent de fait leur mystère mais, plus problématique, également les détails du décor et des artistes qui s’y trouvent parfois.
Le Blu-ray se montre supérieur en s'accommodant mieux à ces situations extrêmes.
Mais les couleurs sont ici aussi belles que sur le support HD, saturées ou subtiles, et les dégradés de teintes sont reproduits avec le même bonheur.
Un top démo en Blu-ray, mais un exemple pour le support DVD aussi !

Son

La stéréo nous fait partager avec délicatesse les subtilités de l’œuvre et la finesse de son orchestration.
Les couleurs composées par Henze sont superbement véhiculées.
Mais c’est en fait dans les aspects les plus sonores de la partition que la piste stéréo peine à atteindre un niveau de reproduction satisfaisant. L’aération est en revanche très agréable et la réverbération contrôlée on ne peut plus satisfaisante.
La piste 5.1 DTS plein débit, en comparaison, apporte ce qui se trouve limité dans la reproduction stéréo : une dimension spectaculaire dans laquelle se fond le spectateur, une puissance toute autre et des basses bien plus présentes, à même de mieux rendre les sonorités de l'orchestre.
Ces divers aspects se manifestent avec grande musicalité.

Note technique : 9/10

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