DVD Jaquette de : Claudio Abbado : Mahler - Symphonie No. 1 - Prokofiev : Concerto pour piano No. 3

Distribution

Interprètes
  • Yuja Wang
    Piano
Orchestre
Lucerne Festival Orchestra
Chef d'orchestre
Claudio Abbado
Réalisation
Michael Beyer
Origine
Concert Hall of the KKL Luzern
Année
2009

Informations techniques

Durée
93'
Nombre de disques
1
Zone/Région
Zone ALL
Éditeur
EuroArts
Distributeur
Harmonia Mundi
Date de sortie
09/09/2010

Vidéo

Couleurs/N&B
Couleurs
Format images
1.78
Format vidéo
16/9 compatible 4/3
Codec/Standard vidéo
NTSC

Audio

Version(s) sonore(s)
5.1 DD
5.1 DTS mi-débit
Stéréo PCM
Sous-titres
•  Aucun

Claudio Abbado : Mahler - Symphonie No. 1 - Prokofiev : Concerto pour piano No. 3 DVD

Note générale : 8/10

Gustav Mahler  - Sergei Prokofiev

Concert


Grâce à un orchestre composé des plus grands solistes internationaux, Claudio Abbado renouvelle une fois de plus son éclatante réussite dans un univers qui lui est très familier mais où tout semble à redécouvrir.

La Symphonie no. 1 de Gustav Mahler se situe parmi les plus abordables de l'ensemble de son corpus. Un discours concentré malgré sa durée d'une heure, une liberté thématique et un cadre formel clairs en font une œuvre assez facile à suivre. Parmi la multitude d'approches possibles, celle de Claudio Abbado ne semble pas actuellement se rattacher à une école particulière. Nous n'avons pas le sentiment d'une abstraction ou d'un anti-romantisme moderniste, ni celui d'une figuration concrète venant d'une quelconque imagerie descriptive. En fait, l'orchestre ne sonne ni viennois, ni allemand, ni Europe centrale, pour se borner aux origines et aux lieux européens où vécut et travailla le compositeur. Claudio Abbado s'attache avant tout au contenu musical pur du texte en mettant en valeur au maximum les éminentes qualités de son orchestre-soliste. Son sens du coloris illumine la partition de l'intérieur tout en servant un lyrisme de tous les instants parfaitement maîtrisé. On ne trouvera ainsi aucune lourdeur dans les tutti, parfois extrêmement puissants, mais simplement une force dûment anticipée. Comme un immense organe vivant, l'enthousiasme fera place à une grande plénitude sonore, une douceur infinie ou une tristesse momentanée intervenant après des réjouissances populaires. On ne perçoit pas de distance entre le chef et la musique : elle fait corps avec lui, son visage s'avérant le témoin immédiat et sans fard de la justesse des sentiments et du plaisir de jouer.

 

Claudio Abbado dirige le Lucerne Festival Orchestra.  Photo © EuroArts

 

L'éveil de la nature suggéré par le Premier mouvement se fait dans une grande douceur : la tenue sur une seule note octaviée des cordes sur lesquelles viennent se poser les vents suggère sans ambiguïté la sérénité d'une naissance au détriment d'une possible angoisse. Le style se veut rassurant : une certaine insouciance, une joie, voire un bonheur explose dans le second tutti, associé à une malice en forme d'écho sur un jeu de solistes aux vents (piccolo, flûte et clarinette). Une ombre apparaît pourtant par le biais du chant plaintif des violoncelles, mais il s'agit tout au plus d'une attente, d'une quête de la lumière marquée par les solos de la clarinette, très bien mise en avant. Quelques mesures chuchotées pianissimo précèdent une conclusion explosive enfin gorgée de lumière où une accélération lâche le son si longtemps retenu des instruments.

La confirmation de cette vigueur naissante arrive avec le très dansant et énergique Second mouvement. Encore une fois, après la verdeur virile des cordes basses, les vents répondent présent à cette fête populaire autrichienne à trois temps, proche de la valse, dénuée de toute vulgarité. Pleine d'entrain, la danse paysanne laisse place à une sorte de valse lente colorée par les phrasés très appuyés des cordes et un ensemble de trompettes joyeuses, sans trivialité. Le retour du premier thème se fait avec une énergie brute très efficace.

La sombre marche funèbre du Troisième mouvement en forme de canon sur le thème de Frère Jacques n'est ni oppressante, ni lourde. L'arrivée du thème bohémien s'exprime sans ralenti expressif excessif et sans esprit parodique. Le naturel demeure, et la seconde section se met en place avec une infinie douceur des cordes sur le balancement apaisant des harpes avant le retour de la marche initiale, s'achevant aux limites de l'audible, dans une longue attente préparatoire à l'arrivée explosive du Finale.

Presque immédiatement enchaîné, mais sans précipitation, toute l'énergie de l'orchestre s'exprime alors. La tragédie est là, le combat aussi, mais l'orchestre ne s'essouffle pas. Il n'y a pas d'urgence, jusqu'à l'entrée pianissimo du thème émergeant comme un chant plaintif, renaissant du chaos. La portée du son est magnifique. Chaque détail compte dans cet immense orchestre, et même les pizzicati des contrebasses auront quelque chose à dire. La lutte sera rude pour reconquérir la lumière si attendue, mais l'arrivée du choral aux cuivres affirme brillamment une conclusion qui n'est en rien sentencieuse ou appuyée. Le retour des éléments tirés du Premier mouvement surprend : dans une parfaite continuité musicale, les rappels thématiques retrouvent leur caractère malicieux. Pour les derniers instants, les cors jouent debout dans l'orchestre, exprimant enfin une conclusion triomphale.

 

Yuja Wang.  Photo © EuroArts

 

S'agissant du Concerto pour piano de Prokofiev, judicieusement programmé en début de programme, la jeune chinoise YuJa Wang s'y engage à bras le corps, mais quelque chose ne fonctionne pas. Son rapport avec l'orchestre est déséquilibré à son désavantage. Bien souvent, le son du piano se noie dans les sonorités chatoyantes déployées par Claudio Abbado qui, comme dans Mahler, transforme son orchestre en un immense ensemble de solistes. YuJa Wang semble avancer sans se soucier de son partenaire qui la regarde plusieurs fois, semblant lui dire : reste avec nous et fais-toi entendre ! La virtuosité est au rendez-vous, sans aucun doute. Mais la musicalité reste sur le bord du chemin. Le jeu est davantage étalage que construction, et tout manque de poids, de poésie et de cohérence. Cela s'entend surtout dans le Second mouvement où les variations se succèdent comme un kaléidoscope musical désincarné.
Le public ne s'y trompe guère, qui applaudit poliment mais sans la standing ovation qui suivra Mahler.



Yuja Wang et Claudio Abbado.  Photo © EuroArts
Malgré le déséquilibre flagrant des deux pièces qui composent ce programme, ce qui fait logiquement baisser la note générale accordée - Mahler mérite 10 et Prokofiev, 6 -, la prestation de Claudio Abbado sert de ciment à l'ensemble. Car c'est bien lui qui focalise l'attention, à un tel point que le Concerto pour piano et orchestre de Prokofiev se transforme sous sa baguette en "Concerto pour orchestre avec piano". La mise en images de cette parfaite réussite orchestrale et les gros plans sur le visage expressif du chef reflétant parfaitement la teneur du discours musical en disent long : Claudio Abbado vit sa musique avec une empathie communicative.

 

 


À noter : Le master vidéo du Blu-ray montre une qualité tellement supérieure à celle de ce DVD que nous avons décidé de publier une nouvelle critique consacrée au support Haute Définition. Un auteur différent signe ce nouveau texte. Vous pourrez aussi vous reporter avec intérêt à la critique du Blu-ray afin de confronter les points de vue sur ce concert.


Lire le test du Blu-ray

Nicolas Mesnier-Nature

Suppléments du DVD

Quatre bandes-annonces de programmes dirigés par Claudio Abbado. (Stéréo DD)

 

Bande-annonce du DVD

Critique Images et Son du DVD

Images

Une bien mauvaise conversion de cette captation réalisée en 50 Hz européen vers le 60 Hz américain en vue d'une commercialisation mondiale provoque des micro-saccades dans la quasi-totalité des mouvements de caméra. D'où une fatigue visuelle évidente que ne sauraient contrebalancer la justesse des teintes et de somptueux contrastes.

 

Son

Le mixage stéréo présente une tendance à retenir le son, en particulier celui du piano dont les harmoniques sont réellement étouffées, y compris dans les forte. Peu de clarté et aucune puissance orchestrale pour servir l'écriture mahlérienne qui en requiert tant.
En revanche, les pistes multicanales débouchent immédiatement les sonorités du piano qui, au premier plan, devient limpide et précis tandis que l'orchestre s'exprime brillamment sur toute l'étendue du spectre, secondé par le canal de basses. Nous retrouvons alors les sonorités attendues dans Mahler.
Peu de différences entre les encodages DD et DTS, si ce n'est un peu plus de rondeur pour ce dernier.

 

Note technique : 6/10

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