Le concert du Nouvel An est une institution : un même lieu (la salle du Musikverein), un même public (on se doit d'y être !), un programme plus ou moins varié et un même orchestre, le Wiener Philharmoniker. Seul le chef change, et l'on pourra dire qu'il s'agit pour le mélomane du seul intérêt de cet événement mondialement diffusé en direct à la télévision. Parfois, le contenu diffère légèrement, ce qui permet de renouveler l'intérêt à l'écoute d'opus dont le succès populaire reste indéniable et pour beaucoup mérité. Quelques inédits font même leur apparition en 2012 : la Vaterländischer Marsch proposée en ouverture, suivie de la Rathhaus-Ball-Tänze et de la polka Entweder – oder !. Pour ces deux pièces, on s'amusera à reconnaître les extraits d'airs connus qui les constituent sous forme de patchworks musicaux amusants. En milieu de programme, le Copenhagener Eisenbahn-Dampf Galopp de Hans Christian Lumbye est construit sur le même principe et emprunte à Josef Lanner et Johann Strauss père. En outre, Joseph Hellmesberger II, Carl Michael Ziehrer et Piotr Tchaikovsky – avec le Panorama et la célèbre Valse de La Belle au bois dormant – contribuent à agrémenter le programme et à varier le style si immédiatement reconnaissable de la famille Strauss.
En regard de l'interprétation, il n'est pas permis de douter de l'investissement sans faille du Wiener Philharmoniker, rôdé à cet exercice qui ne constitue pas pour autant une balade de santé. Le chef invité cette année et pour la seconde fois - la première était en 2006 -, le Letton Mariss Jansons, fait très bonne figure. Personnalité éminemment sympathique, il sait transmettre joie et bonne humeur de façon naturelle et non plaquée comme un service commandé obligatoire. L'interprétation de tubes tels que Sur le beau Danube bleu ou l'inénarrable et traditionnelle finale Marche de Radetzky scandée par les mains du public lui laissent quasiment par moments la possibilité de "laisser-aller", tant une direction trop présente serait finalement inutile aux musiciens. On notera également la présence appréciée des Wiener Sängerknaben, eux aussi très à l'aise dans leurs interventions depuis la tribune surplombant l'orchestre.
Quelques sympathiques surprises humoristiques, dont nous nous garderons de révéler quoi que ce soit, parsèment et pimentent çà et là le répétitif trois temps. Les caméras de Karina Fibich manient avec souplesse et précision les allées et venues dans la salle, présentée sous tous les angles, ainsi que quelques extérieurs bien plus développés dans les bonus du programme principal. On remarque cependant une fâcheuse tendance répétitive au travelling arrière passant d'un gros plan à un plan d'ensemble qui peut toutefois lasser.
Le pire dans ce genre musical convenu est l'ennui qui découle d'un répertoire répétitif et sans surprise. La caricature est évitée pour ce cru 2012 grâce à la relative variété du programme qui en ferait presque tout l'intérêt.
Nicolas Mesnier-Nature
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