DVD Jaquette de : Wagner's Dream

Distribution

Interprètes
Mise en scène
Robert Lepage
Orchestre
The Metropolitan Orchestra
Chef d'orchestre
James Levine/Fabio Luisi
Réalisation
Susan Froemke
Origine
Metropolitan Opera
Année
2012

Informations techniques

Durée
114'
Nombre de disques
1
Zone/Région
Zone ALL
Éditeur
Deutsche Grammophon
Distributeur
Universal Music Classics
Date de sortie
01/10/2012

Vidéo

Couleurs/N&B
Couleurs
Format images
1.78
Format vidéo
16/9 compatible 4/3
Codec/Standard vidéo
NTSC

Audio

Version(s) sonore(s)
Anglais 5.1 DTS mi-débit
Anglais Stéréo PCM
Sous-titres
•  Allemand
•  Anglais
•  Chinois
•  Espagnol
•  Français

Wagner's Dream DVD

Le making-of du nouveau Ring du Metropolitan Opera

Tutti ovation

Note générale : 10/10

Richard Wagner

Documentaire  - Opéra


Le Metropolitan Opera de New York n'avait pas produit de nouveau Ring depuis 20 ans. Le 27 septembre 2010 L'Or du Rhin donne le coup d'envoi de la nouvelle production confiée à Robert Lepage. Un pari énorme pour l'institution à la recherche d'une image plus moderne et pour son Directeur Général Peter Gelb. Un pari d'autant plus sensible qu'un seul et unique décor doit servir aux quatre opus de la Tétralogie wagnérienne. La réalisatrice Susan Froemke a suivi de nombreux aspects de cette superbe aventure et nous livre un documentaire exemplaire, prodigieux témoignage humain, musical et technologique : Le Rêve de Wagner

Robert Lepage (à gauche) et Peter Gelb (à droite) présentent leur conception du <i>Ring</i> aux artistes en 2010.

 

Le Rêve de Wagner. Rien de moins… Il est vrai que le compositeur ne s'est jamais dit satisfait de la création de son œuvre. Entraîner le spectateur - et dès lors les chanteurs - dans une aventure qui se déroule autant sur terre que dans les airs, mais aussi l'eau ou au sein des flammes était infaisable sur scène en 1869, et Wagner mourut avant de pouvoir apprécier une nouvelle production de son Ring.

 

Robert Lepage interviewé pour le documentaire <i>Wagner's Dream</i> de Susan Froemke.Accomplir le rêve de Wagner, telle est l'ambition du metteur en scène québécois Robert Lepage en 2010 : mettre en scène une Tétralogie visuellement la plus fidèle possible à l'univers décrit dans les opéras. Mais parvenir à faire nager les Filles du Rhin et montrer la lente gravitation des dieux vers le Walhalla qui empruntent un pont arc-en-ciel sont deux problèmes à résoudre parmi une quantité d'autres images à construire sur le grand plateau du Met. Pour ce faire, un seul décor sera commun aux quatre opus et devra se montrer suffisamment protéiforme pour convenir à tous les épisodes des livrets…

Août 2010 : une grande campagne de communication annonce le nouveau Ring du Met. Les affiches sont partout, des murs de la ville à ceux du métro ou placardées sur les bus. Des gens font la queue pour acheter des billets et l'on s'inquiète déjà de savoir si la nouvelle mise en scène sera en phase avec la partition, si elle convaincra. Pour un jeune couple interrogé dans la queue, L'Or du Rhin sera le premier opéra jamais vu. Il ne sait pas trop quoi en attendre mais en attend beaucoup…
La caméra de Susan Froemke est déjà en place depuis 2008, prête à saisir le moindre plan signifiant, la moindre réaction qui permettra de réaliser en 2012 un documentaire d'une spontanéité exemplaire sur la production la plus ambitieuse du Metropolitan Opera à ce jour.

 

Maquette de la scène finale de <i>L'Or du Rhin</i>.Répétition de la scène finale de <i>L'Or du Rhin</i> sur la scène du Met.

 














Dès janvier 2008, en effet, Robert Lepage travaille sur la maquette du décor. Nous le suivons lors des essais dans les studios Ex Machina à Québec. Le mot d'ordre, pour cette production est de marier la tradition à l'avant-garde. Pour Lepage, il faut réunir la poésie du cinéma et celle du théâtre. Pour ce faire, l'interactivité est indispensable. Les images projetées sur le décor devront donc réagir à la voix et aux déplacements des chanteurs sur le plateau.
L'année suivante, nous partagerons l'excitation du metteur en scène et de son équipe devant une petite partie du décor réalisée en grandeur nature, et déjà très impressionnante : une sculpture qui se sculpte en même temps. Quatre plaques "tectoniques" ont été assemblées pour les essais et posent déjà d'énormes problèmes.

Susan Froemke captera les inquiétudes de la Wagner Society sur le qui-vive à l'idée de ce que peuvent rendre les idées de Robert Lepage. Le sentiment de "trahison" plane sur ces esprits conservateurs…

 

John Sellars, Directeur technique du Met, et Peter Gelb, Directeur Général, durant la mise en place du <i>Ring</i> de Robert Lepage.

 

Pour John Sellars, Directeur technique du Met, l'informatique qui pilote le décor ne tient pas compte de ce qui se passe sur scène. Au moindre problème, il faudra tout arrêter.
Il est vrai que cette "Machine" - c'est le nom qu'on lui donnera - de 4 tonnes débarquant sur le plateau du Met a de quoi faire peur. Il a fallu renforcer la scène pour l'accueillir. Les 24 pâles géantes pivotant autour d'un axe pour former les décors ont quelque chose de surréaliste, voire de terrifiant pour les chanteurs qui, dans un premier temps, auront du mal à se tenir debout sur l'imposante structure.

Séance photo pour Deborah Voigt dans son costume de <i>La Walkyrie</i>.Le documentaire nous transporte 8 semaines avant la première représentation de L'Or du Rhin. Si l’on travaille d'arrache-pied sur le Ring dans la journée, le soir, on donne Don Carlo sur le même plateau…
Deborah Voigt est interviewée à la radio pour sa prise de rôle de Brünnhilde. Comme à l'accoutumée l'humour et le charisme de la soprano crèvent l'écran. La caméra la suit pour une séance photo avec un cheval, costumée en Walkyrie. Ces clichés de Brigitte Lacombe serviront à la promotion de la nouvelle production, en particulier sur les écrans de cinéma qui diffusent en HD Live les spectacles du Met de par le monde.

Monter une distribution n'a rien d'aisé. Peter Gelb confiera : "À 5 ou 6 ans, on ne sait pas comment seront les voix". La pression monte et nous la prenons de plein fouet. Lisette Oropesa répète le rôle de Woglonde, suspendue au bout d'un filin. "J'ai si peur", s'exclame-t-elle devant le regard inquiet de Peter Gelb. Pour entrer en scène, les chanteurs doivent réellement se livrer à certaines cascades. De vrais cascadeurs, du reste, interviennent à la fin de l'opéra, comme doublures des chanteurs.
Arrivée du Maestro James Levine pour une répétition de <i>L'Or du Rhin</i>.Nous assistons ensuite au filage de L'Or du Rhin, 4 jours avant la première. James Levine est là et sa présence paternelle rassure les chanteurs. Il se montre satisfait de l'acoustique créée par le décor et conseille ses musiciens avec précision et humanité. Il faudra malheureusement arrêter par deux fois la "Machine" car, dès que son comportement devient suspect, elle est susceptible de devenir dangereuse pour les chanteurs. Eric Owens (Alberich) est paniqué. Peter Gelb le rassure… "L'opéra ne peut survivre s'il ne prend pas de risques", confiera-t-il plus tard à la caméra.

Deborah Voigt présente la retransmission de <i>L'Or du Rhin</i> depuis le Lincoln Center.

 

Le soir de la première, la nervosité a gagné le Directeur général. Le spectacle est retransmis en direct sur un écran géant à Times Square et sur l'esplanade du Lincoln Center. Il pleut. L'effervescence a envahi les couloirs du Met. La tension est extrême dans les coulisses et nous devenons témoin de ces moments intenses rarement montrés au spectateur… À la fin de L'Or du Rhin, les Dieux ne pourront gravir le chemin de lumière qui doit les conduire à Walhalla. La "Machine" est restée bloquée et les cascadeurs n'ont pas pu officier. Tout le monde est déçu. Peter Gelb, le premier. Il conviera les critiques du New York Times et du New Yorker a revenir voir la fin de l'opéra lors de la représentation suivante.
Le documentaire témoigne à ce stade de la contradiction profonde entre les "connaisseurs" de Wagner, statiques dans leur posture, et le personnel du Met, enthousiasmé par la nouvelle production !

Deborah Voigt essaye son costume de Walkyrie.En avril 2011, on prépare La Walkyrie. Un véritable challenge pour la soprano Deborah Voigt qui sait pertinemment que sa Brünnhilde sera fatalement comparée à toutes les chanteuses qui ont interprété ce rôle avant elle. De plus, la pente du décor lui cause bien des soucis…
Dans ce second opus, Robert Lepage s'appuie davantage sur les techniciens du Met qui commencent à apprivoiser la "Machine", et Peter Gelb se livre davantage à la caméra de Susan Froemke.
Puis on apprend la maladie du Maestro Levine. Fabio Luisi prend la relève…

Le chef d'orchestre Fabio Luisi (de face) et Robert Lepage discutent dans la salle du Metropolitan Opera.

 

Peter Gelb et le ténor Jay Hunter Morris.Quatre jours avant la première de Siegfried, le 27 octobre 2011, le ténor Gary Lehman qui doit incarner le rôle-titre tombe malade ! Le texan Jay Hunter Morris le remplace dans cette écrasante incarnation. Il a déjà chanté le rôle quelques mois auparavant, mais ce sont ses débuts au Met, soit un pari insensé mais tout aussi exaltant.
Pour Robert Lepage, le décor doit devenir sensuel. Certains effets tridimensionnels ont pu être utilisés pour la première fois par les créateurs d'Ex Machina.

 

Le 27 janvier 2012, ce sera la première du Crépuscule des Dieux accompagné d'un cri du cœur : "Nous avons maîtrisé le monstre !". La "Machine" est maintenant connue et on l'utilise au mieux pour servir le dernier opus wagnérien. Peter Gelb parlera de ce Ring, de son Ring, comme du projet le plus motivant de sa vie.

En guise de conclusion, nous retrouvons le jeune couple aperçu au début du documentaire. Il sort de la salle du Met après avoir assisté au premier opéra de sa vie. Et de confier à la caméra avec un visible épanouissement : "Il y a tant a explorer…". Ne serait-ce la meilleure preuve que le pari de Robert Lepage et de Peter Gelb est gagné ?

 

Peter Gelb au Lincoln Center, après une représentation du <i>Ring</i> mis en scène par Robert Lepage.

 

Reste à savoir si le documentaire Wagner's Dream doit être visionné avant d'entamer le Ring, ou bien après avoir regardé et écouté les quatre opéras ?
Eh bien, les deux options nous semblent aussi viables l'une que l'autre. Découvrir le documentaire avant de se lancer dans le Ring permettra de se sensibiliser aux enjeux de la production et d'appréhender la progression du travail qui aboutit à la scène du Met. Ce sera alors une excellente introduction. Regarder ce film après avoir vu les opéras, ce sera comme soulever le rideau pour découvrir les coulisses du projet et les efforts constants des femmes et des hommes qui ont permis de transformer une vision en réalisation. Ce sera dès lors un superbe making-of.
Quoi qu'il en soit, il est bien rare de pouvoir être ainsi spectateur de l'évolution de la production d'un opéra. Susan Froemke a saisi l'essence de ce travail et le partage au fil d'une narration irréprochable.

Incontournable !

À noter : Les sous-titres anglais ne s'activent que lors des interventions en français canadien.


Lire le test du Blu-ray Wagner's Dream




En France, les différents opus du Ring du Met ne sont pas disponibles séparément, mais seulement en coffret DVD ou Blu-ray, accompagnés de ce documentaire.

Jean-Claude Lanot

Suppléments du DVD

Aucun.

Bande-annonce du DVD

Critique Images et Son du DVD

Images

La Haute Définition permet d'apprécier avec une grande précision ce documentaire, dans la limite du support DVD. La luminosité est excellente, les contrastes se montrent variables mais toujours performants, et les contours sont parfaitement dessinés. Un sans-faute.

Son

La piste stéréo développe une occupation optimale de la scène avant. La parole est toujours parfaitement véhiculée, d'où une compréhension toujours aisée, et la musique qui accompagne les propos ou ponctue efficacement le documentaire est plutôt bien diffusée.
Avec le mixage multicanal, les voix parlées se parent d'harmoniques que la stéréo rendait insoupçonnables et la lisibilité en devient accrue. Peut-être le canal de graves manifeste-t-il un peu trop sa présence, mais il ne diminue aucunement notre qualité d'audition. De plus, la scène arrière utilisée à certains moments séduit par le flot orchestral qui se déverse avec jubilation, transportant le spectateur dans la réalité du documentaire.

Note technique : 10/10

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Mots-clés

Le Ring
Metropolitan Opera
Peter Gelb
Richard Wagner
Robert Lepage
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