Reconnaissons d'emblée que le Teatro Regio de Parme propose une version somme toute assez musicale de La Traviata malgré quelques petits défauts : l'orchestre et les chœurs, trop présents au début de l'ouvrage, couvrent parfois la voix de Svetla Vassileva (Violetta). Cela tient probablement à la disposition des micros sur scène car, au fur et à mesure que la soprano se déplace sur le plateau, la voix gagne en projection et l'équilibre s'améliore. On note aussi, au cours de l'Acte I, que les vocalises des premiers airs manquent légèrement de précision, voire parfois de justesse.
En revanche, on appréciera d'entrée la voix chaude et charmeuse de Massimo Giordano dans le rôle d'Alfredo.
À l'Acte II, la confrontation entre Violetta et le père d'Alfredo nous permettra d'apprécier le baryton Vladimir Stoyanov, également excellent. Svetla Vassileva gagne alors plus d'assurance et de précision. Le duo formé avec Vladimir Stoyanov pourrait être parfait s'il n'était néanmoins gâché par la mise en scène très équivoque et brouillonne de Karl-Ernst et Ursel Herrmann. Il est flagrant à l'image que les deux protagonistes n'ont pas été bien dirigés : leurs gestes sont désordonnés et on a parfois l'impression que le futur beau-père veut séduire la future belle-fille, et réciproquement ! Cette débauche de contacts parfois très affectueux de part et d'autre n'a vraiment aucun sens lorsque le drame confie justement à Giorgio Germont le rôle de celui qui sépare la courtisane de son fils. Lorsqu'ils chantent ensemble, les mouvements de scène empêchent le bon équilibre des voix.
Heureusement la Musique est là, grâce à la direction sans faille - mais aussi sans grand relief - de Yuri Temirkanov.
Bon rattrapage dans la scène de l'offense, où l'atmosphère dramatique de la situation est cette fois très bien rendue, à la fois par les artistes et par la mise en scène qui les soutient.
Dès le début de l'Acte III, Verdi joue très finement avec les phrases de sa merveilleuse Ouverture. La musique est sublime, et les chanteurs se prennent au jeu à la fois musical et émotionnel. Malheureusement, là encore, la mise en scène manque totalement d'inspiration et se cherche sans se trouver : la partition - et même le livret du DVD ! - indique la mort de Violetta dans les bras d'Alfredo. Mais surprise ici : elle meurt debout sur son lit tandis qu'Alfredo la regarde depuis le bord de la scène. Il passe ensuite devant le corps afin de lui fermer les yeux d'une pichenette avant de courir enlacer… Son père !
Après le drame qui conclut cette Traviata, occasion nous est donnée de devenir témoins du désordre qui s'empare d'une ligne de choristes au moment des saluts. Bien peu professionnel pour terminer une représentation d'opéra !
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Daniel Barda