DVD Jaquette de : The Music Lovers

Distribution

Interprètes
  • Richard Chamberlain
    Piotr Ilitch Tchaikovsky
  • Christopher Gable
    Anton Chiluvski
  • Glenda Jackson
    Nina Milukova
  • Isabella Telzezynska
    Madame Von Meck
  • Max Adrian
    Nicolas Rubinstein
  • Sabina Maydelle
    Sasha
  • Kenneth Colley
    Modeste
  • Maureen Pryor
    La mère de Nina
  • Andrew Faulds
    Davidov
  • Bruce Robinson
    Alexei
Orchestre
London Symphony Orchestra
Chef d'orchestre
André Prévin
Réalisation
Ken Russell
Origine
Grande-Bretagne
Année
1971

Informations techniques

Durée
119'
Nombre de disques
1
Zone/Région
Zone 2
Éditeur
Bel Air Classiques
Distributeur
Aventi
Date de sortie
20/11/2012

Vidéo

Couleurs/N&B
Couleurs
Format images
2.35
Format vidéo
16/9 compatible 4/3
Codec/Standard vidéo
PAL

Audio

Version(s) sonore(s)
Anglais Stéréo DD
Français mono 2.O DD
Sous-titres
•  Français

The Music Lovers DVD

La Symphonie Pathétique

Note générale : 10/10

P.I. Tchaikovsky

Film


Avec The Music Lovers, sous-titré en français La Symphonie Pathétique, le réalisateur-phare des années soixante-dix, Ken Russell, consacrait en 1971 un film à Tchaikovsky. Avec aplomb, sa vision du grand compositeur russe rompait alors avec tous les tics des biographies de musiciens… Saluons avec enthousiasme l'initiative éditoriale de Bel Air Classiques qui, avec cette parution en DVD, met un terme à la très injuste absence du catalogue de cette œuvre cinématographique unique.

 

Richard Chamberlain - <i>The Music Lovers</i>.  © MGM Studio Inc.Voilà quarante-deux ans que les cinéphiles attendaient ! Alors que The Music Lovers n’avait quasiment pas quitté l’affiche et était régulièrement programmé dans une salle parisienne, on se demandait s’il existait encore un master en bon état digne d'une édition DVD. On pouvait lire ça et là que son réalisateur, Ken Russell - décédé en 2011 - avait été davantage artiste qu’homme d’affaires et que d’obscurs problèmes de droits freinaient une potentielle édition… Lors d’un festival en son honneur il avait été avancé que le réalisateur lui-même n’avait pas de copie de son film. Puis, on frémissait à l'idée que la dernière copie de The Music Lovers pouvait avoir disparu dans l'incendie qui avait ravagé une partie du manoir du cinéaste…

Dans les années soixante-dix, le cinéma, qui avait peut-être fait sien le message de Mai 68, avait décidé de tout oser et ce fut un vrai bonheur pour les adolescents et cinéphiles de cette époque. En effet, ils vécurent en direct le spleen vénéneux du Mort à Venise de Visconti, la folie monstrueuse du Satyricon de Fellini, l’uppercut du Théorème de Pasolini…
Le jeune Ken Russell, en toute logique, opéra lui aussi un virage total en délaissant le style efficace avec lequel il avait fait ses armes (Un Cerveau d’un million de dollars, film d’espionnage aussi calibré qu’impersonnel) pour refaire une entrée fracassante dans le monde du cinéma avec Women in Love - Love dans les salles françaises -, adaptation bluffante du roman éponyme de D.H. Lawrence, lequel questionnait avec une grande audace formelle et avec d’immenses comédiens anglais (Oliver Reed, Alan Bates, Glenda Jackson déjà…) toutes les formes de relations entre les êtres. Il y eut ensuite The Music Lovers et The Devils : Un brelan magnifique que Ken Russell ne parviendra jamais à rééditer, même dans son film sur Mahler, gâché par une interprète féminine vraiment dépassée par le rôle d’Alma mais surtout par des outrances appelées ensuite à devenir monnaie courante dans une filmographie qui alignera des films vraiment discutables. Quelques années plus tard, en toute logique, Ken Russell deviendra metteur en scène d’opéra. Ceux qui ont vu sa première mise en scène - Die Soldaten, à l’Opéra de Lyon - se souviennent sans doute des images sidérantes générant moult invectives à l’endroit de la scène mais aussi entre spectateurs ! Une manière de bataille d’Hernani accueillait ainsi les débuts lyriques du cinéaste qui avait déjà bien secoué les tapis parfois poussiéreux du petit monde cinématographique.

 

Le réalisateur Ken Russell.  D.R.

 

Dans The Music Lovers, le réalisateur anglais, fort d’une maîtrise acquise au cours de la réalisation de plusieurs documentaires télévisuels consacrés à Bartok, Elgar, Debussy, Richard Strauss et d'autres, osera avec Tchaikovsky ce qu’on n’avait jamais osé avec Chopin, Beethoven ou Berlioz. Fini les chromos ! Son Tchaikovsky sera inspiré, mais aussi hanté, déchiré, homosexuel et suicidaire, ce qu’il fut !
Pour parvenir à brosser ce portrait sans fard, Ken Russell va opter pour une forme au plus près de son modèle. Une forme totalement musicale. Une forme qui, tel un opéra irrésistible, va empoigner le spectateur deux heures durant et lui faire vivre une gamme d’émotions inédites à l'écran.

 

Richard Chamberlain (Tchaikovsky) et Glenda Jackson (Nina Milukova) dans <i>The Music Lovers</i>.  © MGM Studio Inc.

 

Les premières minutes sont d’emblée très originales, conçues comme une véritable ouverture : tous les personnages du film, qui vont être autant de leitmotive, y sont d’emblée présentés avec beaucoup de lisibilité.
Basé sur Beloved Friends – ainsi s’intitule le livre de Catherine Drinker Bowen et Barbara von Meck, condensé de la correspondance entre Tchaikovsky et sa mécène Nadjeda von Meck -, The Music Lovers ne cessera d’enchaîner les morceaux de bravoure conçus comme les mouvements extrêmement inspirés d’une vaste symphonie, avec une narration très fluide. Le tout est servi par une caméra sans cesse au diapason de la bande-son et des affects en jeu, mais aussi par d’imposants moyens tant au plan des décors que des costumes. Des moyens hollywoodiens mais fort heureusement débarrassés des contraintes du système voire du puritanisme américain qui serait hors de propos ici. La photographie de l’immense chef opérateur que fut Douglas Slocombe fait merveille, notamment lors des scènes bucoliques dans une campagne plus russe que russe (datchas, champs de blé, moujiks, rien ne manque) alors que le tout fut filmé en Grande-Bretagne…

Richard Chamberlain, Glenda Jackson et Christopher Gable.  © MGM Studio Inc.La Première scène - Allegro appassionato du Concerto pour piano No. 1 est filmée avec une telle virtuosité et un tel maelström d’idées de mise en scène que l’on aimerait avoir été témoin du tournage… À mi-film, l’Allegro furioso de l’invraisemblable scène du train – la "lune de miel" du compositeur - produit toujours le même choc frontal. En contraste complet, la scène Andante où Tchaikovsky erre dans la résidence de Madame von Meck en son absence, étreint durablement. Les scènes finales Adagio avec Nina à l’asile qui tournoie sans fin en répétant "I am Madame Tchaikovsky from Moscou" sont inoubliables… La plus irrésistible séquence d’un film qui en compte tant est probablement l’écriture cinématographique imaginée pour ce moment clé dans la vie du compositeur de la lettre de Tatiana d’Eugène Onéguine, d’une imagination tellement en phase avec la musique et le sens des mots que l’on se dit que le vrai "Music Lover" est très certainement Ken Russell lui-même !Richard Chamberlain.  © MGM Studio Inc.
Tout au long de son film, le cinéaste britannique conduit la caméra comme il le ferait avec une baguette de chef d’orchestre. Au moyen d’un filmage très lyrique sans équivalent dans l’Histoire du cinéma, The Music Lovers est ainsi nourri d’une inspiration qui ne tarit jamais, même dans l’humour un peu débridé, mais in fine assez salutaire, de l’avant-dernière scène Allegro brillante laquelle, sur l’Ouverture 1812, voit Tchaikovsky littéralement décapiter tous les "Lovers" qui n’ont pas aimé que sa musique.

Omniprésente et réellement traitée comme un personnage à part entière, la musique de Tchaikovsky voit ici tous ses plus grands moments parfaitement mis en valeur et, contre toute attente, se trouve même réévaluée par ce film qui la considère avec tout le sérieux qu’elle mérite.
À cette démarche, il faut associer pleinement la direction très dramatique d’André Prévin à la tête du London Symphony Orchestra. Signalons toutefois que le maestro a dû procéder à quelques collages indispensables pour accorder sa baguette à celle du cinéaste démiurge : par exemple dans la fameuse scène du train, la Pathétique est soudée à Hamlet

Enfin il faut rendre tous les honneurs qu’ils méritent à ceux sans qui ce film ne serait pas la réussite qu’il représente : tous les acteurs sans exception, mais surtout Glenda Jackson et Richard Chamberlain. En s'immergeant sans limite dans la psyché très fouillée de leur personnage, ils prennent des risques insensés mais à chaque fois payants. Leur performance grandiose appartient désormais à l’Histoire du cinéma. Dans les années soixante-dix, l’on guettait chaque film où apparaissait la magnifique Glenda Jackson. Unique en son genre, prête à tous les risques, au jeu aussi juste dans la folie baroque des plans larges que dans l’intimisme des gros plans. La mobilité de son visage, autant que la richesse de son regard, valent tous les voyages. Une immense comédienne qui jouait aussi Shakespeare et qui, un jour, a décidé de devenir femme politique au sein du parti travailliste… Quant à Richard Chamberlain, il compose un Tchaikovsky d’une beauté sidérante, totalement investi et crédible, jusque dans la virtuose exécution du Concerto. Échappé de la gloire vaine des séries télé lacrymales, et choyé ici par une caméra amoureuse, centre d’attraction absolu de tous les protagonistes, il semble évident qu’il tient là son plus beau rôle.

 

Glenda Jackson interprète le rôle de Nina Milukova dans <i>The Music Lovers</i> en 1971.  © MGM Studio Inc.

 

On aura compris que The Music Lovers, film animé d’un souffle rare, est en fait une symphonie cinématographique unique en son genre. Sa parution en DVD fixe enfin à jamais une des expériences de spectateur les plus mémorables qui soient dans la déjà très copieuse Histoire du Cinéma. À voir absolument, que l’on soit ou non Music Lover.


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Jean-Luc Clairet

Suppléments du DVD

Aucun, hélas, mais le DVD est accompagné d'un livret de 16 pages illustré de belles photos en couleurs et noir & blanc. Il propose des biographies et, surtout, un texte essentiel de Dominique Fernandez qui rappelle la modernité de ce film à une époque où la Russie d’aujourd’hui ferait vivre le même enfer à Tchaikovsky que celle du XIXe siècle…

Bande-annonce du DVD

Critique Images et Son du DVD

Images

Malgré quelques imperfections (générique de début, par exemple), il faut reconnaître que ce master présente une colorimétrie très naturelle, une précision de fort bon niveau, des contrastes probants et un piqué qui accentue le côté vivant du visionnage.

Son

Sur la piste stéréo anglaise, on notera un déploiement orchestral particulièrement réussi, des voix précisément rendues et une dynamique globale réjouissante. Quelques effets d’orchestre sont parfaitement diffusés, tels les graves bienvenus dans la Pathétique pour accompagner le générique de fin. On ne peut à proprement parler d'immersion musicale ici, mais force est de reconnaître que l'ouverture de la scène avant rend justice à l'excellent mixage musical. Les ambiances bénéficient en outre d'une bonne profondeur.
En comparaison, la piste française encodée en mono 2.0 (même signal sur les enceintes gauche et droite) paraît bien plus étriquée. La bande originale est la première à en souffrir et le LSO ne parvient plus à créer avec autant d'ardeur cette indispensable ponctuation musicale sur laquelle repose le film. On notera aussi quelques grésillements lorsqu'on frise la saturation dans les forte. En revanche, les voix françaises sont parfaitement intelligibles, au premier plan d'ambiances en revanche un trop compactes. La VO sous-titrée en français s’impose donc !

 

Note technique : 8/10

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Mots-clés

André Prévin
Ken Russell
London Symphony Orchestra
P. I. Tchaikovsky
The Music Lovers

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