Les amoureux de l’Opérette ne bouderont certainement pas cette version pourtant bien ancienne (1967) de La Vie Parisienne, le véritable chef-d’œuvre de Jacques Offenbach créé en 1866 à Paris, lequel décrit des épisodes de la haute bourgeoisie au Second Empire.L'Acte I a pour décor une gare devant laquelle deux vieux amis, le vicomte Gardefeu (Jean Desailly) et Bobinet (Jean-Pierre Granval), se disputent l’amour d’une belle intriguante nommée Metella, un rôle sur-mesure pour Micheline Dax ! On est très vite pris par le rythme de l’intrigue et la qualité de ces trois grands comédiens-chanteurs. Metella apparaît et éconduit les deux prétendants, qui se réconcilient. Descend alors du train un couple suédois, le baron et la baronne de Gondremark (Pierre Bertin et Geneviève Kervine), décidés, chacun de son côté, à bien profiter de leur séjour dans la capitale. Chacun s’exprime dans des chansons aux textes très "Offenbach" ! Le baron est déjà épris de la belle Metella, tandis que la baronne séduit d’entrée Gardefeu qui l’a vue arriver et qui, prêt à tout pour l’approcher, prend la place du guide engagé pour le couple. Arrive aussi le fameux Brésilien (Georges Aminel) dont on attendrait plus de truculence dans son célèbre air "Je suis brésilien, j’ai de l’or"…
Au cours de l'Acte II, Gardefeu décide d’organiser une soirée de réception mondaine chez son ami Bobinet - qui se déguisera en amiral de la flotte suisse ! -, avec la complicité de ses domestiques, parmi lesquels la très séduisante Gabrielle de Simone Valère qui brouillera les cartes avec le talent qu’on lui connaît. Nous attendent alors des scènes plus cocasses les unes que les autres avec, entre autres, l’habit de l’amiral déchiré dans le dos…
À l'Acte III, au domicile de Bobinet : les domestiques, tous déguisés en personnages de la "haute" ont pour première charge d’enivrer le baron afin de détourner son attention de la baronne, tandis que celle-ci est "occupée" par Gardefeu. Pierre Bertin, en baron, est au mieux : il fait penser au Bourgeois Gentilhomme par sa crédulité et sa désopilante naïveté. Commencent les fastes de la fête, ballets à l’appui avec d’excellents et acrobatiques danseurs et danseuses.
Enfin, Metella réapparaît à l'Acte IV, et vient à la rencontre du baron, bien gris, qu’elle éconduit à son tour ! Celui-ci retrouve alors sa baronne et tous les personnages finiront ensemble la soirée dans l’ambiance endiablée du très célèbre French Cancan.
Ce divertissement ne cède pas une seconde à l'ennui : autour du couple mythique de l’opérette française, Simone Valère et Jean Desailly, on remarquera la très belle voix de Micheline Dax, divine surprise pour ceux qui ne l’ont connue que comme comédienne.
Mentions très spéciales pour les superbes décors et costumes de Jean-Denis Malclès, les remarquables ballets de Roger Stéfani, et surtout la direction très précise d’André Girard, flanqué de très bons musiciens, et qui se paie le luxe de tout diriger sans partition !
À noter : Les amateurs de cette Vie parisienne apprécieront sans doute le DVD de La Chauve-souris de Johann Strauss également édité par les Éditions Montparnasse.
Daniel Barda