DVD Jaquette de : La Flûte enchantée (Harnoncourt, Salzbourg)

Distribution

Interprètes
  • Georg Zeppenfeld
    Sarastro
  • Mandy Fredrich
    The Queen of the Night
  • Bernard Richter
    Tamino
  • Julia Kleiter
    Pamina
  • Markus Werba
    Papageno
  • Elisabeth Schwarz
    Papagena
  • Sandra Trattnigg
    First Lady
  • Anja Schlosser
    Second Lady
  • Wiebke Lehmkuhl
    Third Lady
  • Rudolf Schasching
    Manostatos
  • Martin Gantner
    Speaker
  • Soloists of the Tölzer Knaben
  • Konzertvereinigung Wiener Staatsopernchor
Mise en scène
Jens-Daniel Herzog
Chorégraphie
Ramses Sigl
Orchestre
Concentus Musicus de Vienne
Chef d'orchestre
Nikolaus Harnoncourt
Réalisation
Felix Breisach
Origine
Manège des rochers, Salzbourg
Année
2012

Informations techniques

Durée
186'
Nombre de disques
2
Zone/Région
Zone ALL
Éditeur
Sony Classical
Distributeur
Sony Classical
Date de sortie
30/06/2014

Vidéo

Couleurs/N&B
Couleurs
Format images
1.78
Format vidéo
16/9 compatible 4/3
Codec/Standard vidéo
NTSC

Audio

Version(s) sonore(s)
5.1 DTS mi-débit
Stéréo PCM
Sous-titres
•  Allemand
•  Anglais
•  Chinois
•  Coréens
•  Espagnol
•  Français

La Flûte enchantée (Harnoncourt, Salzbourg) DVD

Die Zauberflöte

Tutti ovation

Note générale : 10/10

Wolfgang Amadeus Mozart

Opéra


Nikolaus Harnoncourt n’en est pas à son premier Mozart. Mais pour les opéras de maturité du divin compositeur, il n’avait encore jamais fait appel à son Concentus Musicus. Ce fut chose faite en 2012 lors du Festival de Salzbourg alors fraîchement dirigé par Alexander Pereira, champion d’Harnoncourt depuis leurs premières collaborations à l’Opéra de Zürich et qui a ouvert les portes de La Flûte enchantée, l’opéra fétiche du festival au sulfureux ensemble historique. Bernard Richter, Julia Kleiter, Markus Werba, Mandy Fredrich, Georg Zeppenfeld et Elisabeth Schwarz se partagent les rôles principaux dans une mise en scène de Jens-Daniel Herzog. Sony Classical a immortalisé l’événement en Blu-ray et DVD.

 

Bernard Richter interprète Tamino dans <i>La Flûte enchantée</i> à Salzbourg en 2012.  © Monika Rittershaus

 

À l’aube des années 1990, Harnoncourt avait créé l’événement - et assurément la contreverse - en se lançant dans un grand projet symphonique autour de Mozart et Haydn avec l’orchestre du Concertgebow d’Amsterdam, en parallèle à la direction des principaux opéras du premier, à Zürich. Il faut dire que ce trublion qui avait quitté le Philharmonique de Vienne pour se consacrer à l’interprétation historique du répertoire baroque s’était, de fait, exclu du sérail "officiel" dont il avait lui-même souligné l’inadéquation en ce qui concerne la musique des XVIIe et XVIIIe siècles (en tout cas, jusqu’à Mannheim). Contradiction ? Revirement ?

 

Wiebke Lehmkuhl, Anja Schlosser et Sandra Trattnigg sont les trois Dames de <i>La Flûte enchantée</i> mise en scène par Jens-Daniel Herzog.  © Monika RittershausC’est qu’avec Harnoncourt, tous les moyens sont bons pour arriver à ses fins, c’est à dire, faire "parler" la musique, lui rendre toute son acuité et toute sa force afin qu’elle reprenne une place "philosophique" qu’elle a perdue en ne devenant plus que mondaine, voire décorative.

De fait, la phalange hollandaise notamment, s’est vue totalement transfigurée après le passage d’Harnoncourt, tout comme les symphonies classiques, associant la maturité de formations aguerries, riches en personnalité et en tradition, à une lecture authentiquement dramatique, issue d’un vrai sens du texte et de son éloquence. Bref, une sorte de synthèse entre une grammaire baroque dont Mozart et Haydn avaient connaissance, et qu’ils ont même tenté de restituer, et l’héritage classique des grands orchestres européens.

Loin de dénigrer cette option (il a d’ailleurs enregistré dernièrement de nouveaux concertos de Mozart avec le Wiener et Lang Lang…), Harnoncourt tente aujourd’hui Mozart sur instruments d’époque. Il l’avait fait en son temps avec Idomeneo, Lucio Silla ou encore La Finta Giardinera, mais jamais sur les Da Ponte ou encore La Flûte enchantée. D’ailleurs, comme dans les années 1990, cette démarche opératique va de pair avec un projet symphonique avec son Concentus Musicus, tant en concerto (avec le pianiste/pianofortique Rudolf Buchbinder) qu’en symphonies (à paraître bientôt en France).

C’est ainsi qu’en prélude à une trilogie Da Ponte très attendue au printemps dernier à Vienne, ce nouveau projet opératique commençait en 2012 à Salzbourg avec La Flûte enchantée, partition emblématique du Festival, qui reste encore dans les mémoires.

 

Parce qu’Harnoncourt est un électron libre, qui a passé sa carrière à peaufiner et à tenter de comprendre et d’extraire la substantifique moelle de ces partitions sans se soucier de la patine de la convention, n’en déplaise tant aux modernistes qu’aux baroqueux. Au final, aussi surprenant que cela paraisse, il y a du Böhm dans cette Flûte, avec une lumière, une précision et une profondeur confondantes. Sans jamais céder aux tendances baroquisantes, les tempi sont allants mais parfaitement maîtrisés, souvent plus lents que dans les pratiques actuelles.

 

Georg Zeppenfeld (Sarastro) et Julia Kleiter (Pamina) dans <i>La Flûte enchantée</i> à Salzbourg en 2012.  © Monika Rittershaus

 

La musique nous parle au plus profond de cette allégorie qui n’a toujours pas révélé tous ses secrets, de cet univers dont la musique ainsi dirigée parvient à incarner chaque personnage comme jamais, notamment par une compréhension extensive du texte et des styles auxquels Mozart s’est sciemment référé. Et là, la large expérience d’Harnoncourt fait merveille, de l’opera seria des moments dédiés à la Reine de la Nuit aux emprunts bachiens du cantus firmus des deux prêtres inaugurant l’initiation de Tamino, en passant par les accents populaires de Papageno. À cet égard, les instruments d’époque font ici merveille, et leur nature propre participe pleinement du discours et du drame, que ce soit par la percussivité incroyable qu’ils permettent dans l’accompagnement du deuxième air de Mandy Fredrich, la détresse sans aucune mièvrerie de Pamina, ou encore les délicatissimes pianissimi qui entourent avec tendresse les émois et les projets matrimoniaux de Papageno et Papagena. Les possibilités de nuances extrêmes prodigués par ces instruments nous permettent réellement de voyager à l’intérieur de la partition, ici illuminée comme jamais.

 

Markus Werba (Papageno) et Julia Kleiter (Pamina) dans <i>La Flûte enchantée</i> en 2012.  © Monika Rittershaus

 

 

upload/record/img/Mandy-Fredrich-Julia-Kleiter.jpgOr les interprètes ne s’y trompent pas, totalement immergés à l’intérieur de cet univers musical dont la puissance et l’éloquence sont littéralement projetés hors de la fosse pour mieux nourrir la performance au lieu de simplement l’accompagner.

Au premier rang de ceux-ci, Markus Werba, qui n’en est pas à son premier Papageno, mais qui confère à celui-ci des accents traditionnels et populaires renforcés par moult rubatos, sans pour autant jamais tomber dans le rustique. Il se dégage de sa performance une véritable noblesse, qui vient complémenter de façon idoine celle de Tamino et Pamina dans les duos qui leur sont dévolus.

 

Georg Zeppenfeld est lui aussi remarquable en Sarastro avec une belle maîtrise du souffle dans des notes longues toujours élégamment timbrées, à l’instar de la Pamina de Julia Kleiter, à l’émotion palpable mâtinée de splendides couleurs vocales. Les quelques réserves de cette production viendront des aigus pâlichons de Tamino et de l’imprécision des vocalises du premier air de la Reine de la Nuit, vite rattrapées dans le second.

 

Côté mise en scène, on appréciera l’exploitation intelligente de l’architecture du Manège des rochers de Salzbourg en le transformant en un labyrinthe de la pensée.

À la nuit les passions, au jour la raison. Froide raison il est vrai que celle de Sarastro étrangement rattaché à un talisman en forme de "Matrice" et de ce pensionnat à mi-chemin entre l'établissement Poudlard cher à Harry Potter et un laboratoire d’expérimentation scientifique. Mais c’est une science pas si positiviste que cela puisqu’elle fait une place à la foi (en Isis et Osiris), égratignant de fait un idéal scientiste qui ne peut aller jusqu’au bout de lui-même. À l’image de ces scénettes qui sont autant de blocs qui se déplacent ingénieusement à l’envi, finalement rien n’est fixe en ce bas monde, a fortiori pour les élites, à l’inverse de ce qu’elles prétendent. De fait, à la fin, ce sont ces mêmes élites qui se parjurent et contredisent leurs promesses d’élévation et de paix en s’étripant joyeusement, tandis que les "moyens", jeunes novices et hommes des bois parviennent à s’en sortir par la seule force de leur amour et non pas grâce à de grandes idées.

 

Julia Kleiter (Pamina) et Bernard Richter (Tamino) dans <i>La Flûte enchantée</i> mise en scène par Jens-Daniel Herzog.  © Monika Rittershaus

 

Cette Flûte enchantée mise en scène par Jens-Daniel Herzog s'avoue au final une belle leçon en ces temps où les élites peinent à montrer un quelconque chemin, prouvant une fois de plus, sous les doigts d’Harnoncourt, la criante actualité du chef d’œuvre mozartien.

 

Julia Kleiter (Pamina) et Bernard Richter (Tamino) dans <i>La Flûte enchantée</i> mise en scène par Jens-Daniel Herzog.  © Monika Rittershaus

 

 

Un seul regret, cependant, par rapport à cette réussite muiscale et théâtrale. Elle se situe sur le plan éditorial : Sony Classical ne propose aucun supplément (making-of, interviews…) pour accompagner une telle réussite. Nous accordons toutefois notre Tutti Ovation à ce magnifique programme.

 

À noter : L'Acte I est proposé sur le DVD 1 (80'14) ; l'Acte II sur le DVD 2 (105'56).

Lire le test du Blu-ray La Flûte enchantée dirigée par Nikolaus Harnoncourt à Salzbourg

Retrouvez la biographie de Wolfgang Amadeus Mozart sur le site de notre partenaire Symphozik.info

Jean-Claude Lanot

Suppléments du DVD

Aucun.

Bande-annonce du DVD

Critique Images et Son du DVD

Images

L'origine Haute Définition de ce master vidéo rend le maximum de ses atouts en DVD et les plans rapprochés offrent un superbe luxe de détails. Cependant, les plans généraux perdent cette qualité et manquent de définition. Les contrastes sont particulièrement convaincants et de nombreux plans se parent d'un excellent relief. Les couleurs sont à la fois saturées et naturelles, et les noirs parfaitement calibrés. Les scènes sombres peinent toutefois à afficher pleinement l'action qui se déroule sur le plateau mais c'est là une autre des limites du DVD par rapport à l'édition Blu-ray de ce programme.

Son

La piste stéréo révèle impeccablement les attaques des instrumentistes (prodigieuse Ouverture) et trouve un parfait équilibre dès l'apparition des voix. Celles-ci sont un peu trop lointaines mais toujours agréables. L'image globale est parfaitement séparée et l'ensemble s'écoute avec un véritable plaisir.
Le mixage multicanal décuple l'aspect vivant de la captation en favorisant la projection vocale et en dotant l'orchestre d'une bien plus grande dynamique. La scène avant s'étoffe en largeur et se creuse pour offrir une profondeur révélatrice de plans sonores. Les enceintes arrière, parfaitement intégrées, aèrent l'écoute, tandis que le caisson de graves apporte une supériorité indéniable quant à la reproduction des basses. L'écoute est à la fois magnifiquement contrastée, souvent subtile et parfois spectaculaire.

Note technique : 9/10

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Mots-clés

Bernard Richter
Elisabeth Schwarz
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Georg Zeppenfeld
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La Flûte enchantée
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Markus Werba
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Rudolf Schasching
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