Blu-ray Jaquette de : Mort à Venise (English National Opera, 2013)

Distribution

Interprètes
  • John Graham-Hall
    Gustav von Aschenbach
  • Andrew Shore
    Traveller…
  • Tim Mead
    Voice of Apollo
  • Sam Zaldivar
    Tadzio
  • Laura Caldow
    Polish Mother
  • Mia Angelina Mather
    Daughter
  • Xhuliana Shehu
    Daughter
  • Joyce Henderson
    Governess
  • Marcio Teixeira
    Jaschiu
  • Peter van Hulle
    Hotel Porter
  • Anna Dennis
    Strawberry-seller…
  • Charles Johnston
    Guide
  • Adrian Dwyer
    Strolling Player
  • Marcus Farnsworth
    English Clerk
  • Richard Edgar-Wilson
    Glass-maker
  • Constance Novis
    Lace-seller
  • Madeleine Shaw
    Beggar Woman
  • Jonathan MacGovern
    Restaurant Waiter
  • Paul Napier-Burrows
    Lido Boatman…
  • David Newman
    Hotel Waiter
  • Lyn Cook
    Newspaper-seller
  • Philip Daggett
    Gondolier
  • Anton Rich
    Gondolier
  • Gary Coward
    Ship’s Steward
  • Chorus of English National Orchestra
Mise en scène
Deborah Warner
Chorégraphie
Kim Brandstrup
Orchestre
Orchestra of English National Opera
Chef d'orchestre
Edward Gardner
Réalisation
Ross MacGibbon
Origine
Coliseum - London
Année
2013

Informations techniques

Durée
154'
Nombre de disques
1
Zone/Région
Région ALL
Éditeur
Opus Arte
Distributeur
DistrArt Musique
Date de sortie
01/03/2014

Vidéo

Couleurs/N&B
Couleurs
Format images
1.78
Codec/Standard vidéo
AVC
Résolution vidéo
1080i

Audio

Version(s) sonore(s)
5.1 DTS HD Master Audio
Stéréo PCM
Sous-titres
•  Allemand
•  Anglais
•  Coréens
•  Français

Mort à Venise (English National Opera, 2013) Blu-ray

Death in Venice

Tutti ovation

Note générale : 10/10

Benjamin Britten

Opéra


Dans la foulée de ses sensationnels Gloriana et Viol de Lucrèce, l'éditeur Opus Arte prolonge sa riche année Britten en publiant en DVD et Blu-ray Mort à Venise, le dernier des dix opéras de son compositeur. C’est la mise en scène de Deborah Warner créée en 2007 pour l’English National Opera qui est proposée ici dans une captation de 2013. John Graham-Hall est en charge du rôle omniprésent de Gustav von Aschenbach, tandis qu'Edward Gardner assure la direction musicale de cette œuvre fascinante et audacieuse, aussi exigeante que rarement jouée.

Sam Zaldivar (Tadzio) et John Graham-Hall (Gustav von Aschenbach) dans <i>Mort à Venise</i> de Britten.  © Hugo Glendinning

 

La phrase lancinante "My Mind beats on" ("Mon esprit est en éveil") ouvre le dernier opéra de Britten et traduit des abîmes de questionnements auxquels personne ne peut être indifférent, mais également la dévastation, puisque la Mort sera du voyage pour son héros… Et pour Britten en 1976.

Inspiré de la nouvelle de Thomas Mann La Mort à Venise (1912), elle-même rendue célèbre en 1971 par le film de Luchino Visconti, Mort à Venise, l'opéra du même titre composé quasiment dans la foulée en 1972 par Benjamin Britten, ultime opus du plus grand compositeur anglais du XXe siècle, représente à tous égards le véritable testament de son auteur.

Sam Zaldivar (Tadzio).  © Hugo GlendinningTestament musical - Britten savait que ce serait là son dernier opéra - Mort à Venise bénéficie d'une écriture vocale et chorale immédiatement identifiable, de l’excellence du livret de Myfanwy Piper et de cette inlassable recherche sonore de l’épure des timbres qui vont même jusqu’à endosser le rôle essentiel, bien que muet, de Tadzio. L’orchestre de cet ultime opéra est d’une subtilité fascinante. Pour s'en convaincre, il suffit d'écouter ce qui se produit au plan sensoriel entre 41' et 43' ! En effet Mort à Venise constitue une expérience sensorielle.


Testament humain aussi. Britten se livre comme jamais, tout entier. Il dit tout de ses préoccupations musicales : ses doutes en tant que compositeur, mais aussi l’inspiration qui peut venir à manquer, une accusation qu’il eut à subir au fil d’une carrière qui, passé le choc initial et populaire de son plus grand succès Peter Grimes, ne cultiva jamais ensuite la séduction immédiate.
Mort à Venise dit tout également de ses préoccupations humaines et philosophiques. Le personnage d’Aschenbach, écrivain en crise d’inspiration, présenté au monde par un Thomas Mann de moins de 40 ans, devient 61 ans plus tard, en 1973 (date de la création de l'opéra de Britten au Festival d’Aldeburgh), le double évident du compositeur.

"Comme grandissent les héros grandit aussi l’Eros", est amené à constater Aschenbach. Avec une hauteur de vue impressionnante, une intelligence jamais prise en défaut, Britten, avant de quitter ce monde, exprime à la perfection ses questions sur le sens de l’anéantissement dans le travail coupant court aux sables parfois mouvants des passions humaines, sur sa vie héroïque et abstinente de compositeur dévoué à son Art, sur la paternité, mais surtout le combat avec l’Ange qui échoit à tout être humain, celui de l’Intellect et du Cœur. Au soir de sa vie, Britten se confesse dans cet Aschenbach, écrivain fêté, un brin corseté derrière les remparts qu’il a édifiés autour de ses sentiments.
Le choc soufflant de la Beauté qui saisit le héros à la vue du jeune Tadzio fait voler en éclat le bel édifice.

 

John Graham-Hall interprète Gustav von Aschenbach dans <i>Mort à Venise</i> de Britten.  © Hugo Glendinning

 

"La beauté est le seul reflet de l’esprit qui par l’œil peut être surpris […] La beauté mène-t-elle à la sagesse ? Oui, mais par les sens". Grisé par les vapeurs du grand air du Sud, Aschenbach va découvrir qu’"il est tellement mieux de vivre de la beauté que des mots". Dans ces mêmes années 1960/70, le compositeur allemand réfugié en Italie, Hans Werner Henze, n’était-il pas lui aussi en train d’élaborer une vie et une œuvre à la recherche de la "Grande Bellezza" ?

À la fin de l’Acte I de Mort à Venise, juste avant le "I love you" déchirant de l’artiste, on entend littéralement le début de L’Or du Rhin. Rétif au voyage comme Britten, Aschenbach vient de basculer… Lorsqu’en 1956 le compositeur se rendit contre toute attente à Bali, il se ressourça et il rapporta un gamelan balinais qu’il utilisa pour achever son Prince des pagodes mais aussi pour innerver son dernier opéra. Et c'est sur ce même accord de Nouveau Monde que s’ouvre en toute logique l’Acte II de Mort à Venise.

Tim Mead (Voice of Apollo).  © Hugo GlendinningLa production de l’English National Opera représente une manière de perfection. Ultra-classique, d’un bon goût jamais pris en défaut, elle résout tous les problèmes et en tout premier lieu celui de la fluidité d’une intrigue contraignante qui enjoint de passer très vite d’un lieu à l’autre au fil des dix-sept tableaux de l’opéra. Tous les formats de cinéma défilent : écran carré, 1.85, Cinémascope et même split-screen…

La très parlante image initiale d’un Aschenbach noyé dans les mots précède un idéal voyage à Venise avec pont du bateau (géniale musique motoriste de Britten), grands rideaux vaporeux à l'hôtel, silhouettes d’édifices vénitiens noyés dans la brume dus aux éclairages "wilsonniens" de Jean Kalman, dimension infinie des paysages marins, sublime final dans le soleil couchant de la plage…
Les costumes de Chloe Obolensky sont d’une élégance proustienne. Tout est fait pour que tout spectateur soit du voyage, au plus près des paysages et des états d’âme.

À John Graham-Hall revient la lourde tâche de succéder à Peter Pears. L’écriture vocale du rôle d'Aschenbach, inspirée à Britten par la façon dont son compagnon interprétait les passions de Schütz et de Bach, suppose la même exigence que les parties de l'Évangéliste. Comme ce dernier, omniprésent, et comme lui, d’une tessiture extrêmement tendue, l’Aschenbach de Britten incarne une sorte de Janus du condensé de l’art du compositeur et du reflet de sa personnalité. Satisfecit sans réserve à Graham-Hall. Tout y est. On suit, haletant, la moindre inflexion du mot, exemplaire ici, et essentielle au pouvoir d’identification de l’auditeur avec un personnage in fine pas si hors-norme que cela.

 

<i>Mort à Venise</i> de Britten mis en scène par Deborah Warner. Chorégraphie de Kim Brandstrup.  © Hugo Glendinning

 

Andrew Shore (Voyageur…) et John Graham-Hall (Gustav von Aschenbach).  © Hugo GlendinningIdée de génie de Britten, c’est un énigmatique personnage rencontré à Munich dans un cimetière qui va initier le voyage d’Aschenbach. Ce personnage réapparaîtra six autres fois au cours du terrible voyage, mais sous des aspects à chaque fois différents : voyageur, vieux beau, gondolier, gérant d’hôtel, barbier, chanteur, Dionysos. Ces sept rôles de ce qu’il faut bien nommer "la Mort" sont confiés par Britten au même chanteur. Tour à tour sinistre, virevoltant, insinueux et éructeur de phrases sibyllines, le baryton Andrew Shore est le compagnon idéal du héros. Il se situe dans la filiation de John Shirley-Quirk, créateur de ce rôle du plus inquiétant et funèbre des Jiminy Criquet.
Succédant à James Bowman, le superbe haute-contre de Tim Mead est troublant à souhait au cours des Jeux d’Apollon qui concluent le premier Acte, ainsi que dans le rêve de l’Acte II.

On ne citera pas tous les noms de la petite vingtaine de rôles, tous très épisodiques, qui tournoient autour d’Aschenbach dans cette Venise d’introspection parfois soudainement surpeuplée. Signalons cependant qu’aucun ne vient gâter l’envoûtement sonore de ce dernier voyage de la Vie.
En sus des nombreux figurants nécessaires à l’évocation de cette Venise À l’ombre des jeunes gens en fleurs, Mort à Venise nécessite également une chorégraphie récurrente pour évoquer ce qui est au-delà des mots, l’univers de Tadzio, rôle logiquement muet confié à la danse pour l’œil et aux percussions pour l’oreille. Le Tadzio de Sam Zaldivar est un choix judicieux à tous égards. Souvenons-nous que celui de Visconti, au cinéma, n’avait pas fait l’unanimité… Sans un mot, le personnage décisif dessiné par le jeune danseur s’intègre parfaitement dans cette production exemplaire.

La direction musicale d'Edward Gardner, à la tête des chœurs et de l’Orchestre de l’English National Opera, est un modèle d’élégance, dans le droit fil de l’héritage stylistique laissé par le compositeur lui-même, puis par ses héritiers de naguère (Stuart Bedford), mais aussi plus récents (Paul Daniel).

 

<i>Mort à Venise</i> de Britten mis en scène par Deborah Warner sur la scène du Coliseum de Londres.  © Hugo Glendinning

 

La captation de Ross MacGibbon rend parfaitement compte des nombreux changements d’atmosphères. Elle sait également capter les visages au plus près. Beau travail !
Grâce à l'éditeur Opus Arte, Britten vient de vivre le plus beau des anniversaires : après une très inventive Gloriana, un puissant Viol de Lucrèce, voici un Death in Venice qui a tout d’un classique tant il rend tout son pouvoir à un opéra beaucoup trop rarement monté en raison des difficultés hollywoodiennes inhérentes à sa réalisation mais aussi parce qu’on le disait moins inspiré, argument également développé à l'égard du pénultième et passionnant Owen Wingrave… Bien évidemment il n’en est rien !


Lire le test du DVD Mort à Venise par l'English National Opera

Retrouvez la biographie de Benjamin Britten sur le site de notre partenaire Symphozik.info

Jean-Luc Clairet

Suppléments du Blu-ray

En HD :
- Photos de la distribution.

Bande-annonce du Blu-ray

Critique Images et Son du Blu-ray

Images

Ce master HD délivre de forts contrastes entre les basses et hautes lumières. Les zones du plateau assez enterrées et les blancs presque brûlés passaient difficilement sur le DVD de ce programme. Avec ce Blu-ray, les situations extrêmes sont bien mieux gérées, la définition est globalement excellente et les plans généraux délivrent de précieux détails que le DVD ne pouvait afficher. Les noirs profonds permettent une mise en valeur des artistes, tandis que la colorimétrie étendue de cette captation convainc totalement. Par moments, le relief devient même saisissant !

Son

En stéréo, voix et orchestre se rencontrent dans une harmonie quasi parfaite. Le message, quelle que soit sa complexité, est toujours lisible. Le rendu est à la fois naturel et dynamique, avec des graves à la présence satisfaisante. En outre, l'encodage PCM soigne les harmoniques bien mieux que le Dolby Digital du DVD.
La piste 5.1 apporte vie et présence à la représentation. L’orchestre s’épanouit, tandis que les voix gagnent une formidable projection. L’ensemble respire et plonge le spectateur dans une belle ambiance musicale grâce à une activité surround parfaitement calibrée. Enfin, le caisson de basses enrichit l’écoute en même temps qu’il assoit l’équilibre de la restitution. Une très belle réussite musicale !

Note technique : 9/10

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Mots-clés

Andrew Shore
Benjamin Britten
Deborah Warner
Edward Gardner
English National Opera
John Graham-Hall
Mort à Venise
Paul Daniel
Sam Zaldivar
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