Lors de sa sortie en 2010, Tutti-magazine a longuement parlé de l'édition Blu-ray et DVD de la Tétralogie de Wagner dirigée par Zubin Mehta enregistrée à Valence entre 2007 et 2009. Un Focus sur cet événement éditorial présente les détails de cette production en introduction aux critiques de chacun des opéras.
Aujourd’hui, la parution d'un disque d'extraits des quatre opus wagnériens permet une première approche de cette production novatrice éminemment visuelle. Mais, indépendamment de l'aspect "découverte" proposé par l'éditeur, ce type de best of portant sur la plus monumentale œuvre lyrique du XIXe siècle pose d'évidents problèmes.
Dans un premier temps se pose la question du choix. L'éditeur C Major propose ici un nombre d'extraits inversement proportionnel à la durée de chaque opéra : de cinq à six morceaux pour L'Or du Rhin et La Walkyrie, on passe à trois pour Siegfried et à seulement deux pour Le Crépuscule des Dieux, le plus long et le plus complexe de la Tétralogie.
En outre, quel est l'intérêt de s'attarder sur le dialogue entre Wotan et Erda, très plat scéniquement, et de faire se succéder la quasi-immobilité de deux airs en solo de Siegmund ? Pourquoi avoir sélectionné deux scènes avec Alberich et les filles du Rhin quand une seule aurait sans aucun doute amplement suffi ?
Ensuite, la musique de L'Anneau du Nibelung se découpe par nature difficilement. Dans le montage proposé, l'extrait choisi est interrompu de façon plus ou moins opportune, et un fondu au noir nous projette rapidement à l'extrait suivant de façon quelque peu téléphonée.
La mise en scène novatrice et sa compréhension globale en pâtissent sérieusement, et on en devinera plus qu'on en appréciera l'esthétique moderniste. Là encore, le découpage lui porte plus de tort qu'il ne la met en valeur.
Par ailleurs, comme sur l'édition complète de cette Tétralogie, les deux bonus proposés pour accompagner la sélection ne proposent pas de sous-titrage français sur la langue espagnole. Frustrant pour le spectateur francophone qui souhaiterait en savoir plus sur les motivations du metteur en scène et du concepteur des effets vidéos qui investissent en permanence le fond de scène.
Par bonheur, quelques scènes spectaculaires sont bien présentes, telles L'Endormissement de Brünnhilde, La Chevauchée des Walkyries et Le Voyage de Siegfried sur le Rhin. Reste cependant à savoir si le non-initié parviendra à comprendre une action scénique aussi morcelée et si l'amateur se contentera d'une sélection aussi peu équilibrée. Gageons que le wagnérien averti se dirigera, lui, vers l'intégrale.
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Nicolas Mesnier-Nature
En espagnol stéréo PCM, avec des sous-titres anglais imposés.
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