Comment ne pas être dithyrambique devant un tel événement ?
Comment ne pas ressortir totalement envoûté par cette expérience totale, aussi riche et profonde artistiquement qu’humainement ?
On savait l’ancien bassiste de Police plus attiré par les chemins de traverse que les sentiers battus.
Il nous étonne encore aujourd’hui avec ce projet atypique qui, visiblement, lui tenait particulièrement à cœur.
À mille lieues des sempiternelles compilations de Noël, il nous offre un programme plus largement tourné vers l’hiver et ce qu’évoque cette saison en termes de rapport à la nature, mais également de chaleur familiale.Renouant avec ses origines irlandaises, il puise largement dans le répertoire traditionnel de son pays pour quelques gigues endiablées.
Mais cela ne l’empêche pas pour autant de revisiter, de transformer, voire de transcender de façon totalement inédite des répertoires dans lesquels on ne l’attendait pas forcément, notamment au travers d’arrangements extrêmement originaux dus en partie au talent de son arrangeur et chef d’orchestre Robert Sadin, qui a su expérimenter dans la bonne humeur toutes sortes de combinaisons sonores.
C’est ainsi qu’un orchestre à cordes classique se voit côtoyer une trompette à la Miles Davis, un luth baroque et des percussions orientales. Un exquis kaléidoscope de saveurs idéalement associées qui permettent aux musiques de Praetorius (sublime Lo, How a Rose E’er Blooming), tout comme aux siennes (Lullaby for an Anxious Child) de résonner de façon magique dans cet édifice séculaire, remarquablement mis en lumière par Manfred -"Ollie"- Olma.
On notera également un Air du froid de Purcell qu’aucune version "historique" n’a pu transcrire avec autant d’acuité, de pertinence et d’émotion.
La simplicité est de mise d’un bout à l’autre de ce concert, allant jusqu’au chant a capella (Cherry Tree Carol simplement accompagné par quelques rares mais précieuses harmoniques à la guitare).
Ce concert disponible en DVD est véritablement touché par la grâce avec un Sting mature, totalement habité, à la voix patinée par les ans et par là même quasi-mystique.
Bouleversant !
À noter : Aucun sous-titre n'est proposé sur ce programme, depuis l'introduction parlée en passant par les présentations des morceaux, jusqu'au documentaire.
Inacceptable pour un produit distribué dans le monde entier.
Nous étions prêts à lui attribuer un Tutti Ovation pour ses qualités, mais cette absence l'en prive.
Jérémie Noyer