DVD Jaquette de : Manon

Distribution

Interprètes
  • Tamara Rojo
    Manon
  • Carlos Acosta
    Des Grieux
  • José Martín
    Lescaut
  • Christopher Saunders
    Monsieur G.M.
  • Laura Morera
    La maîtresse de Lescaut
  • Genesia Rosato
    Madame
  • Thomas Whitehead
    Le geôlier
  • Paul Kay
    Le chef des mendiants
  • The Royal Ballet
  • Students of the Royal Ballet
Chorégraphie
Kenneth MacMillan
Orchestre
The Orchestra of the Royal Opera House
Chef d'orchestre
Martin Yates
Réalisation
Ross MacGibbon
Origine
Royal Opera House - London
Année
2008

Informations techniques

Durée
118'
Nombre de disques
2
Zone/Région
Zone ALL
Éditeur
Decca
Distributeur
Universal Music Classics
Date de sortie
05/10/2009

Vidéo

Couleurs/N&B
Couleurs
Format images
1.78
Format vidéo
16/9 compatible 4/3
Codec/Standard vidéo
NTSC

Audio

Version(s) sonore(s)
5.1 DTS Plein débit
Stéréo PCM
Sous-titres
•  Aucun

Manon DVD

L'Histoire de Manon

Tutti ovation

Note générale : 10/10

Jules Massenet  - Leighton Lucas (arrangements)  - Hilda Gaunt (arrangements)

Ballet


Ce magnifique ballet peut être aujourd'hui considéré comme un classique du XXe siècle pour lequel Jennifer Penney et Anthony Dowell avaient donné une interprétation de référence (DVD Warner Music Vision). Cette captation de 2008, sans effacer le modèle, se hisse au même niveau tout en conservant ses propres spécificités.

Ce ballet de Kenneth MacMillan est sans doute un des plus riches sur le plan de l'expression classique conjuguée à un sens du théâtre assez unique de modernité et de finesse psychologique.

José Martín dans le rôle de Lescaut accueille ainsi le spectateur au lever de rideau.Dès le lever du rideau, la France sous la Régence jaillit d'une scène d'auberge où se croisent mendiants, jeunes prostituées, bourgeois et élégantes dans un mouvement permanent de vie réaliste et de postures d'une précision extrême. La caméra de Ross MacGibbon perçoit ces petits détails joués par les personnages secondaires qui insufflent ce dynamisme unique à la structure narrative du ballet.
Les rôles principaux évoluent dans cet écrin et profitent ainsi de cette forme de crédibilité pour ancrer leur personnage qui dès lors bénéficie d'une assise remarquable.
En très peu de temps, les caractères sont plantés : Lescaut et sa maîtresse qu'il pousse dans les bras du riche Monsieur G.M., Des Grieux, jeune homme rêveur plongé dans un livre, et la jolie Manon en route pour le couvent…

L'entrée en scène de Tamara Rojo dans l'Acte I.Le vocabulaire utilisé par le chorégraphe s'appuie sur la musique et une puissante idée du mouvement en tant qu'élément de narration. C'est sans doute là que se situe la principale difficulté pour les interprètes. À aucun moment la technique ne doit prendre le pas sur l'interprétation quelles que soient les difficultés à transcender.
Le solo de Des Grieux se présentant à Manon en est un exemple : la musique, toute en retenue, conduit le danseur à amortir la réception de ses sauts et à maîtriser de nombreux équilibres tout en exprimant l'amour qu'il ressent pour la jeune fille qui le contemple, assise sur une chaise.
Carlos Acosta allège son corps taillé par ailleurs pour Spartacus et se fond dans ces exigences tout en épousant la ligne musicale avec une infinie justesse.

Tamara Rojo et Carlos Acosta (Des Grieux) lors de la première rencontre dans l'Acte I.


Le premier pas de deux de Manon et Des Grieux succède à ce solo et présente le thème musical principal du ballet (splendide Élégie) que l'on pourrait apparenter à la marque du Fatum qui s'exprimera avec la puissance des cuivres à la fin du dernier Acte.
Tamara Rojo donne naissance à sa Manon avec une maîtrise parfaite de la technique aliée à une sensibilité musicale renversante.
Dans son regard se lit à la fois l'amour naissant pour le Chevalier et ce voile légèrement trouble qui préfigure sa destinée. La chorégraphie alterne déplacements fluides, pauses structurées par les regards et passages extrêmement rapides qui s'enchaînent sans briser la ligne musicale.

Au bout de 25' de spectacle, on comprend que ces deux interprètes tutoient l'excellence et que la triste histoire de Manon va nous emporter dans son sillage.

Un seul regret, pourtant, dû aux cadrages qui coupent trop souvent les pieds des artistes et abusent de plans rapprochés sur le buste, là où la ligne entière du corps est primordiale. Une erreur de compréhension de la respiration de la danse qui aurait pu être évitée par le réalisateur, pourtant ancien danseur, qui explique dans le documentaire proposé en bonus son respect des souhaits du chorégraphe avec lequel il a travaillé. À ce titre, la captation de 1982 réalisée par Colin Nears et éditée par Warner Music Vison constitue un modèle.

Le premier intermède nous permet de voir quelques plans sur les très bons musiciens de la Royal Opera House dirigés à la perfection par Martin Yates. Un texte explicatif s'affiche, mais en anglais non sous-titré, de la même façon durant tout le programme.

 

 

Le second pas de deux de Manon/Des Grieux prend place dans la chambre parisienne du Chevalier et nous fait entrer dans l'intimité des deux amants pour un pur moment de bonheur partagé. La précision à la base du langage de MacMillan est totalement imbriquée au sens musical des interprètes.
Là encore, certains cadrages sont dommageables à l'esthétique ou au rythme voire, plus grave, à la compréhension : après le départ de Des Grieux, Manon est rejointe par son frère et son nouveau protecteur Monsieur G.M. Celui-ci place autour de son cou une rivière de diamants alors que Lescaut exulte. La caméra préfère alors l'excitation du frère au visage de Manon, précisément au moment où se joue le destin du personnage et se lit dans son visage ce qui, inexorablement, la conduira à la mort.


Christopher Saunders (Monsieur G.M.), Tamara Rojo et José Martín.Suit le pas de trois entre Manon, Lescaut et Monsieur G.M., ambigu et sensuel, si représentatif de l'habileté du chorégraphe à présenter des sentiments complexes, violents ou sordides derrière un langage chorégraphique apparemment simple.
La fête à la maison close de Madame (truculente Genesia Rosato) met en valeur les qualités des danseuses du Royal Ballet, excellentes comédiennes.
Des cadrages à nouveau trop serrés ne nous permettent pas de profiter entièrement de l'humour et du sordide qui marquent le moment où les clients font leur choix entre les prostituées ou… le jeune page.

On a bien du mal à comprendre l'économie de plans généraux dans la mesure où la captation est réalisée en Haute Définition et, principalement, à destination de supports de diffusion… HD.

Avec une telle richesse de détail, les plans larges conservent une précision à même de satisfaire un regard exigeant.
Genesia   Rosato, entourée de ses "filles" incarne Madame.
Le solo de Lescaut bien éméché confirme les qualités d'acteur et de danseur de José Martín, brillant, espiègle ou cruel selon les phases du ballet. Le pas de deux avec sa maîtresse (Laura Morera, excellente, même s'il est difficile d'oublier la création de Monica Mason - Captation de 1982) ajoute l'humour à l'éventail des émotions. Les artistes excellent aussi dans ce registre. La rivalité entre filles participe de la même veine comique.
L'arrivée de Manon couverte d'un somptueux manteau (prodigieux costumes de Nicola Georgiadis) au bras de son protecteur devant les yeux de Des Grieux est un sommet de drame contenu.

Carlos Acosta.
Cet Acte remporte le pari de manier avec autant d'intelligence une légèreté et un dynamisme chorégraphique de situation que de permettre aux protagonistes de faire évoluer leur personnage dans une dimension de douleur à fleur de peau. Le bel arrangement musical de Leighton Lucas porte à la fois l'action, les sentiments et les danseurs avec maestria. L'adagio lancinant sur lequel Manon passe des mains d'admirateurs à celles de bourgeois concupiscents comme dans une transe est un moment de tension musicale toujours mesurée et en parfait accord avec le drame qui se joue.
Tamara Rojo imprime à sa Manon une forme de sensualité morbide fascinante.

La partie de cartes qui clôt la Scène 1 est un moment de théâtre jubilatoire respirant avec la partition. Là encore le Royal Ballet s'exprime dans son univers comme aucune autre compagnie ne sait le faire, y compris le Ballet de l'Opéra de Paris dont L'Histoire de Manon est au répertoire.

Lorsque Manon partage à nouveau l'appartement de Des Grieux, le couple a mûri dans son rapport. Le luxe apprécié par la jeune femme s'est immiscé dans leur amour. Le souvenir de la fraîcheur de leur rencontre est magistralement représenté par un rappel de pas suggérés et une transposition musicale d'un thème de l'Acte I.

Sans doute plusieurs visionnages de ce ballet sont-ils nécessaires pour en apprécier la structure. Mais l'œuvre est si riche qu'à aucun moment la lassitude ne poindra.

Arrivée de Manon et de Des Grieux à la Nouvelle Orléans sous le regard du geôlier (Thomas Whitehead).À l'Acte III, tant les dégradés verdâtres du décor (Nicholis Georgiadis, encore) que l'harmonie formée avec les costumes nous plongent dans la moiteur nauséabonde du port de la Nouvelle-Orléans, dans l'attente du navire des forçats.

Là encore, les cadrages sont très serrés…
Le débarquement des prostituées sous le regard lubrique du geôlier (Thomas Whitehead) imprime une tension au virage que prend le drame. L'épuisement de Manon accrochée au bras de son Chevalier rempli d'espoir, est rendu avec crédibilité par Tamara Rojo, une nouvelle fois physiquement transformée à l'orée du chemin de croix qui l'attend : l'assaut du geôlier, chorégraphié avec une brutalité et un réalisme précurseurs des créations postérieures de MacMillan.

Le couple se reforme après l'assassinat du gardien par Des Grieux et prépare le spectateur à un dernier tableau exceptionnel.

Carlos Acosta et Tamara Rojo dans le dernier tableau de l'Acte III.

La fuite dans les marais devient le théâtre des hallucinations de Manon provoquées par la fièvre. Son passé ressurgit comme autant de fantômes qui apparaissent et disparaissent grâce à une mise en scène ingénieuse.
Le pas de deux final est un sommet de désespoir. Manon, désarticulée par la mort qui l'envahit, danse une dernière fois dans les bras de son Chevalier aimé. Carlos Acosta se situe à ce stade au-delà des superlatifs, s'appuyant sur le thème de L'Extase de La Vierge de Massenet qui nous soulève jusqu'au destin des personnages.






C'est un triomphe que réserve la salle à l'issue de la représentation
Nous ne pouvons ressentir qu'un seul regret : celui de ne pas pouvoir joindre nos applaudissements aux siens.

Philippe Banel

Suppléments du DVD

En anglais stéréo PCM sans sous-titres, à tel point qu'on se demande si Decca destine réellement ce produit à un marché international…

Tamara Rojo se livre avec sensibilité dans le bonus proposé sur le DVD.Les anglophones apprécieront ce documentaire sur les traces du ballet, qui avec ses témoignages intéressants, éclaire la vision que nous pouvons avoir du spectacle. Monica Mason (la maîtresse de Lescaut dans la captation de 1982, et aujourd'hui Directrice du Royal Ballet), Carlos Acosta, Tamara Rojo et Ross MacGibbon livrent des informations intéressantes, comme l'importance du rôle de Manon pour la carrière d'une danseuse, les 7 ou 8 mois de création de l'œuvre, la liberté que MacMillan laissait aux danseurs et la personnalité de chacun qu'il aimait utiliser, l'évolution des personnages à travers la succession des pas de deux…
Malgré l'intérêt des propos et leur sensibilité, on regrettera le peu d'images de travail, de répétitions ou de mise en place de ce qui constitue le ballet.

 

 

Critique Images et Son du DVD

Images

Les couleurs très chaudes de l'ouverture du spectacle particulièrement saturées font craindre une exagération pouvant devenir problématique. Mais, dès le solo de Lescaut, plus de naturel prend place. N'en demeure pas moins que la forte saturation des rouges et des jaunes pourra plaire ou non selon le goût de chacun. La précision est bonne sans être exceptionnelle, surtout sur les plans larges, mais elle sert au mieux en plans rapprochés la richesse de la production en fonction des limites du support DVD. La cross-conversion du 50 au 60 Hz est sans doute à l'origine d'un aspect un peu "mou" dans la reproduction des mouvements rapides de la caméra ou des danseurs. Certains blancs frisent la brûlure.

Son

Stéréo claire, détaillée et large, surtout flatteuse pour les cuivres, mais apte à reproduire cette captation au plus près des instruments qui se révèle très satisfaisante pour son côté analytique. La piste DTS, à la fois subtile et brillante sans excès, sans être d'une couleur foncièrement différente de la stéréo, ouvre le cadre et permet au spectateur d'entrer de plain-pied dans le spectacle. La magie du 5.1 opère alors comme le naturel d'une salle qui l'accueillerait pour une représentation. La dynamique est en outre excellente.

Note technique : 7/10

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