DVD Jaquette de : Dialogues des Carmélites (Dmitri Tcherniakov - Munich)

Distribution

Interprètes
  • Alain Vernhes
    Marquis de la Force
  • Susan Gritton
    Blanche de la Force
  • Bernard Richter
    Chevalier de la Force
  • Sylvie Brunet
    Madame de Croissy
  • Soile Isokoski
    Madame Lidoine
  • Susanne Resmark
    Mère Marie
  • Hélène Guilmette
    Sœur Constance
  • Heike Grötzinger
    Mère Jeanne
  • Anaïk Morel
    Sœur Mathilde
  • Kevin Conners
    L'Aumônier
  • Ulrich Ress
    1er Commissaire
  • John Crest
    2e Commissaire
  • Christian Rieger
    L'Officier
  • Levente Molnár
    Le Geôlier
  • Rüdiger Trebes
    Thierry
  • Oscar Quezada
    Monsieur Javelinot
  • Chœur du Bayerische Staatsoper
Mise en scène
Dmitri Tcherniakov
Orchestre
Orchestre et Chœur du Bayerische Staatsoper
Chef d'orchestre
Kent Nagano
Réalisation
Andy Sommer
Origine
Bayerische Staatsoper, Munich
Année
2010

Informations techniques

Durée
153'
Nombre de disques
1
Zone/Région
Zone ALL
Éditeur
Bel Air Classiques
Distributeur
Harmonia Mundi
Date de sortie
28/04/2011

Vidéo

Couleurs/N&B
Couleurs
Format images
1.78
Format vidéo
16/9 compatible 4/3
Codec/Standard vidéo
NTSC

Audio

Version(s) sonore(s)
5.1 DD
Stéréo PCM
Sous-titres
•  Allemand
•  Anglais
•  Espagnol
•  Français

Dialogues des Carmélites (Dmitri Tcherniakov - Munich) DVD

Note générale : 8/10

Francis Poulenc

Opéra


Ce Dialogues des Carmélites témoigne d'une rencontre improbable entre le plus "zen" des chefs, Kent Nagano, et Dmitri Tcherniakov, le plus déluré des metteurs en scène, autour du chef-d’œuvre de Poulenc et Bernanos. Les chanteurs réunis sur la scène du Bayerische Staatsoper ne pourraient se montrer plus impliqués dans cette expérience gravée sur Blu-ray et DVD par Bel Air Classiques.

 

Né en 1970 à Moscou et repéré par Gérard Mortier, Dmitri Tcherniakov est une sorte d’enfant terrible du théâtre. Capable du meilleur comme du pire, d’un bel Eugène Onéguine à Paris comme d'un Don Giovanni plus discuté à Aix, il est connu pour ses approches plus conceptuelles que vraiment esthétiques. Devant une œuvre aussi "cadrée" que Dialogues des Carmélites, avec ses fortes références historiques a priori incontournables, on se demandait bien ce qu’il allait pouvoir nous trouver…

 

Dialogues des Carmélites au Bayersche Staatsoper, enregistré en mars 2010.  © Wilfried Hösl

 

Susan Gritton (Blanche de la Force).  © Wilfried HöslForce est de constater que le public est ici toujours autant secoué dans ses habitudes, tant la communauté mise en scène dans sa production n’a de "Carmélites" que le titre de l’ouvrage. Dépouillé de ses oripeaux historiques et religieux, l’opéra de Poulenc se voit réimplanté dans l’URSS des années 60, tandis que ses religieuses deviennent une communauté en marge du système. Le couvent est ainsi transformé en une pauvre cabane dont l’isolement tant géographique que sociologique voire idéologique, est souligné par le dénuement total du reste de la scène. Les couleurs nous parlent aussi : chaudes pour la cabane, froides pour son environnement.
Avouons-le tout de suite, ce parti pris est loin de fonctionner et cette véritable sur-interprétation est en réel décalage avec le livret. Plus encore, certains excès de mise en scène, gesticulations et costumes, se posent en contradiction avec la mise en musique de l’ensemble. De plus, les règles élémentaires de lisibilité de tout spectacle se voient ici joyeusement bafouées. Les spectateurs installés dans la salle du Bayerische Staatsoper ont dû peiner pour suivre ce qui se passe dans cette microscopique cabane perdue dans un coin de scène, dont seules quelques ouvertures laissent deviner l'action. Par chance, la captation vidéo nous permet de nous infiltrer quelque peu…

Ceci étant, cette approche n’est pour autant pas dénuée de pertinence et en dit long sur nos structures sociales. Sorte d’antiphrase scénique, les vides sont des pleins et inversement pour mieux mettre en cause les apparences trompeuses de notre monde et une forme de brutalité étatisée qui rejette la différence. De même la surinterprétation de Tcherniakov n’est pas nécessairement une erreur de lecture mais bien un relent d’une forme d’herméneutique à l’américaine qui aurait tendance à privilégier la figure d’un lecteur tout puissant au détriment du dialogue plus classique s’instaurant naturellement entre l’œuvre et son interprète. Dérive délibérée ou travers contemporain ? On ne le saura peut-être jamais, mais une chose est certaine : Tcherniakov interroge jusque dans ses errances et assume jusqu’au bout son impossibilité de convaincre.

Côté musique, l’on n'est pas totalement convaincu non plus.

La figure de l’orchestre - et plus encore celle du chef - domine largement l’ensemble et lui donne sa cohérence avec une élégance et une retenue dignes d’éloges. Le Bayerisches Staatsorchester est magnifique. Tandis que l’onctuosité des cordes allemandes est tempérée par la maîtrise impressionnante du chef qui donne chair à la musique de Poulenc au millimètre à travers une poétique et un équilibre absolument parfaits, les bois se fondent dans cet ensemble avec une délicatesse telle qu’un souffle pourrait réduire à néant cet édifice si méticuleusement construit. De fait, il tient miraculeusement debout.

 

Susan Gritton (Blanche de la Force) et Bernard Richter (Chevalier de la Force).  © Wilfried Hösl

 

En revanche, le plateau de chanteurs est plus inégal, à commencer par la Blanche de Susan Gritton d’une finesse discutable, voire approximative par moments. Mais peut-être la scénographie demandait-elle aux chanteurs des efforts particuliers, ou engendrait-elle des problèmes d’acoustique ?
À l’inverse, le choix de Sylvie Brunet, que l’on avait déjà remarquée dans le rôle de Taven dans le Mireille à l'Opéra de Paris, lui va comme un gant, tant ce nouveau personnage iconoclaste et tourmenté lui correspond. L’émotion est à fleur de peau dans un parler-chanter parfaitement articulé et bouleversant à la fois. Une performance.
Plus homogènes quant à eux, les rôles masculins dominent curieusement l’ensemble de la distribution, que ce soit à travers la stature d’Alain Vernhes ou la verdeur enflammée de Bernard Richter.
Mais ces menues réserves sont bien vite nuancées par le sentiment que chaque chanteur est à sa place, investi dans ce projet, prêt à le porter à bras-le-corps malgré ses limites, galvanisé par cet orchestre sublime.

 

Susanne Resmark (Mère Marie), Sylvie Brunet (Madame de Croissy) et Susan Gritton (Blanche de la Force).  © Wilfried Hösl



Cette production des Dialogues des Carmélites est à découvrir sans faute, comme une référence, mais justement comme la mouche du coche, l’empêcheuse de tourner en rond. Bref, comme un spectacle d’aujourd’hui, un spectacle vivant que l’on ne subit pas mais auquel on participe dans ce qu’il nous parle, nous secoue et nous fait avancer.



Lire le test du Blu-ray

 

 

Retrouvez la biographie de Poulenc sur le site de notre partenaire Symphozik.info.

 

Jean-Claude Lanot

Suppléments du DVD

Aucune, ce qui est regrettable.
Mais saluons le menu d'accueil très soigné au niveau des variations lumineuses en parfait accord avec le traitement de l'opéra. Ambiance garantie dès ce premier contact !

Bande-annonce du DVD

Critique Images et Son du DVD

Images

Une lumière blafarde délibérée nimbe l’ensemble de la scène, tandis que la petite cabane de la communauté offre les seules couleurs chaudes de l’ensemble. Nous retrouvons ces couleurs autour de l’orchestre et du chef, abondamment filmé. Les contrastes sont convenables mais mériteraient, à l’instar de la définition, une résolution beaucoup plus importante. On la trouvera sur le Blu-ray de ce programme.
Visuellement, la cabane pose également le problème de la petitesse de ses ouvertures tandis qu’on ne perçoit qu’avec difficulté le jeu des interprètes à travers les écrans qui constituent les murs. D'où, parfois, une impression de gêne visuelle.

Son

La piste 5.1 se montre exemplaire, très dynamique et parfaite pour diffuser les voix avec une grande intelligibilité. Heureusement, celles-ci ne pâtissent pas de la scénographie qui enferme les interprètes dans une boîte. On aurait toutefois préféré de beaucoup un encodage DTS afin d'éviter la compression inhérente au Dolby Digital. Mais l'équilibre orchestral tient du miracle, avec des cordes moelleuses et idéalement précises qui, tantôt se fondent, tantôt dialoguent avec des bois cristallins.
La stéréo est moins galbée et moins colorée, mais tient tout à fait la route grâce à un équilibre voix/fosse très maîtrisé.

Note technique : 7/10

Acheter ce titre

Tutti-magazine.fr est un site gratuit. Vous pouvez lui apporter votre soutien en commandant dans la Boutique Amazon les titres présentés aux mêmes prix et conditions de livraison que sur Amazon.fr

Mots-clés

Dmitri Tcherniakov
Sylvie Brunet-Grupposo

Index des mots-clés

Les derniers tests

Envoyer cette page à un(e) ami(e)

Envoyer

Imprimer cette page

Imprimer

Peuvent également vous intéresser

Tutti Ovation
Wozzeck mis en scène par Andreas Homoki - Tutti Ovation
Saul mis en scène par Barrie Kosky à Glyndebourne, Tutti Ovation
Adam's Passion d'Arvo Pärt mis en scène par Robert Wilson - Tutti Ovation
L'Elixir d'amour - Baden-Baden 2012 - Tutti Ovation
Les Maîtres chanteurs de Nuremberg - Salzbourg 2013 - Tutti Ovation

Se connecter

S'identifier

 

Mot de passe oublié ?

 

Vous n'êtes pas encore inscrit ?

Inscrivez-vous

Fermer

logoCe texte est la propriété de Tutti Magazine. Toute reproduction en tout ou partie est interdite quel que soit le support sans autorisation écrite de Tutti Magazine. Article L.122-4 du Code de la propriété intellectuelle.