DVD Jaquette de : Wozzeck (Zürich 2015)

Distribution

Interprètes
  • Christian Gerhaher
    Wozzeck
  • Brandon Jovanovic
    Drum Major
  • Mauro Peter
    Andres
  • Wolfgang Ablinger-Sperhacke
    Captain
  • Lars Woldt
    Doctor
  • Gun-Brit Barkmin
    Marie
  • Pavel Daniluk
    First Apprentice
  • Cheyne Davidson
    Second Apprentice
  • Martin Zysset
    Mad Man
  • Irène Friedli
    Margret
  • Alessandro Reinhart
    Marie's Child
  • Chor der Oper Zürich
Mise en scène
Andreas Homoki
Orchestre
Philharmonia Zürich
Chef d'orchestre
Fabio Luisi
Réalisation
Michael Beyer
Origine
Opéra de Zürich
Année
2015

Informations techniques

Durée
101'
Nombre de disques
1
Zone/Région
Zone ALL
Éditeur
Accentus Music
Distributeur
Harmonia Mundi
Date de sortie
14/06/2016

Vidéo

Couleurs/N&B
Couleurs
Format images
1.78
Format vidéo
16/9 compatible 4/3
Codec/Standard vidéo
NTSC

Audio

Version(s) sonore(s)
5.1 DD
5.1 DTS mi-débit
Stéréo PCM
Sous-titres
•  Allemand
•  Anglais
•  Coréens
•  Français
•  Japonais

Wozzeck (Zürich 2015) DVD

Tutti ovation

Note générale : 10/10

Alban Berg

Opéra


Accentus Music publie en DVD et Blu-ray une nouvelle version de Wozzeck, celle imaginé par Andreas Homoki en 2015 à l'Opernhaus de Zürich. Fabio Luisi conduit le Philharmonia Zürich. Christian Gerhaher chante le rôle-titre d'une distribution qui compte aussi Gun-Brit Barkmin et Brandon Jovanovich.

Christian Gerhaher interprète le rôle-titre de <i>Wozzeck</i> à l'Opéra de Zürich en septembre 2015.

 

Voici un Wozzeck très original qui fit, à juste titre, immédiatement parler de lui. L'on a déjà dit, dans les colonnes de Tutti-Magazine, à l'occasion de la parution en DVD de David et Jonathas que le metteur en scène allemand avait conçu en 2012 pour Aix-en-Provence, combien le style d'Andreas Homoki était d'abord affaire de décor. Ce n'est pas ce nouveau Wozzeck qui infléchira telle appréciation. Le chef-d'œuvre de Berg a déjà connu moult lectures réussies. L'œuvre fonctionne tellement bien que certains vont jusqu'à prétendre, qu'à l'instar de Salomé, elle n'a quasiment pas besoin de metteur en scène. Andreas Homoki n'est certes pas de cet avis, qui a eu l'idée géniale d'un castelet de marionnettes géant. Géniale car incontestablement très en phase avec une œuvre dont tous les personnages, brossés à gros traits, se comportent comme des pantins autour d'un héros lui-même manipulé jusqu'à l'implosion. Géniale car Homoki a complexifié ce qui n'aurait pu être qu'un concept rigide en déclinant ledit castelet jusqu'à six exemplaires allant en se rapetissant vers le fond de scène, le tout produisant l'effet de la chambre obscure d'un appareil photo à soufflets, le dernier cadre faisant office d'objectif : Wozzeck traqué par le bout de la lorgnette dans une sorte de téléréalité scénique. Et comme si cela ne comblait pas la fascination de l'œil, Homoki rajoute un degré de complexité en cassant la perspective du dispositif à des moments clés: les cadres glissent alors vers jardin ou cour, de haut en bas, ou, plus spectaculairement encore, se mettent à tanguer pour envoyer les personnages dans le décor - c'est le cas de le dire ! -. Il arrive aussi que le montant inférieur du cadre glisse vers le haut, agissant en marteau-pilon inversé sur les protagonistes.

 

Wolfgang Ablinger-Sperhacke (Captain) et Christian Gerhaher (Wozzeck) sur la scène de l'Opéra de Zürich.

 

Saluons la lisibilité d'une telle conception. La première scène avec le Capitaine renvoie à l'enfance. On a presque envie de crier à Wozzeck : "Attention, Guignol : le Gendarme !". Ce décor extraordinaire, qui aurait pu être contraignant, s'avère au contraire des plus stimulants, offrant à la lecture d'Homoki un foisonnant surgissement d'idées. La démultiplication du Docteur est l'expression même du harcèlement à l'œuvre. Le Tambour-Major dont les déplacements obéissent à une chorégraphie animale - entrée ”hénaurme” ! - est un rouleau compresseur de veulerie. La façon très expressionniste, entre humour et cauchemar, d'utiliser les coups de boutoirs de l'orchestre, à la fin de la scène de l'auberge est vraiment irrésistible. Les scènes de foule sont toutes surprenantes, démultipliant les Wozzeck pour l'une, les Marie pour l'autre. Après le meurtre, la tête de Marie, posée au centre du cadre accentue l'implacabilité de ce décor guillotine. L'idée d'Homoki fonctionne jusqu'au vertige pour l'effroyable Guignol de la dernière scène qui voit les enfants costumés comme les solistes ! Idée suprême : la seule véritable marionnette est celle de l'enfant avec lequel Marie joue et qui restera seul sur le cadre fixant la salle de ses yeux sans regard.

 

Lars Woldt (Doctor) et Wolfgang Ablinger-Sperhacke (Captain) dans <i>Wozzeck</i> sur la scène de l'Opéra de Zürich.

 

Les costumes sont parlants. Les maquillages superbes, de sciure d'or au début - comme si le décor avait coulé sur les personnages -, se défont au fil de la catastrophe pour ne plus révéler que le grotesque de la fange, le pitoyable des destins brisés. Parvenir à exprimer le prosaïsme d'un tel scénario par le biais d'un tel choc esthétique dit bien la réussite d'Andreas Homoki qui voit cet opéra comme « un appel à l'humanité ». Le destin de Wozzeck est aussi, dans la lecture désespérée du metteur en scène, la métaphore de toute destinée humaine, impuissante de tout temps à savoir qui tire les ficelles du jeu de marionnettes cosmique dans lequel elle est placée.

 

Gun-Brit Barkmin interprète le rôle de Marie dans <i>Wozzeck</i> mis en scène par Andreas Homoki.À spectacle exceptionnel distribution exceptionnelle. L'incarnation de Christian Gerhaher est sensationnelle. La beauté intrinsèque d'une voix qui renvoie à Walter Berry est rehaussée par une composition qui fera date. Le chanteur, épousant la conception d'Homoki, va très loin dans l'introspection, ainsi qu'on peut le constater juste avant le meurtre de Marie, où Gerhaher exprime vraiment la déréliction sans retour d'un personnage qui n'est déjà plus de ce monde. Dotée de moyens vocaux en adéquation parfaite avec un tel contexte, Gun-Brit Barkmin s'amuse beaucoup - et nous avec - en Marie rousse à la chevelure filasse, tout juste surprise parfois d'être elle aussi prise dans l'engrenage d'un décor qui semble rêver de l'écraser, et à qui Homoki offre une rédemption dès la scène du double harcèlement de Wozzeck, en la plaçant, muette à l'avant-scène. Brandon Jovanovich, excelle en Tambour-major saisissant de vulgarité décomplexée, très loin, on s'en doute, de son récent Walther des Maîtres chanteurs. Wolfgang Ablinger-Sperhacke en Capitaine, Lars Woldt en Docteur, la Margret goulûment croquée d'Irène Friedli, le fou lunaire de Martin Zysset, les apprentis de Pavel Daniluk et Cheyne Davidson, ainsi que l'enfant essentiel d'Alessandro Reinhart complètent une distribution idéale où l'on remarque aussi tout particulièrement l'Andres de Mauro Peter ainsi qu'un Choeur de l'Opéra de Zürich, enfants compris, tous ravis de s'engager.

 

Gun-Brit Barkmin (Marie) et Brandon Jovanovich (Drum Major) dans <i>Wozzeck</i> à Zürich.

 

Fabio Luisi dirige assez traditionnellement, loin de la façon analytique à laquelle beaucoup de chefs nous ont habitués. Même si Wozzeck est devenu un classique que Luisi dirige classiquement. Une telle vision de cauchemar aurait mérité une lecture plus glaçante.
La captation n'est pas sans déconvenues, Michael Beyer ne parvenant hélas pas, à l'avant-dernière scène, à céder au péché mignon du gros plan, nous privant de l'effet spectaculaire du rééquilibrage du décor qui avait titubé à jardin juste avant. On n'est guère friand non plus, dans un contexte aussi inspiré, des plans sur l'orchestre, même pendant le sublime interlude final où notre œil ne s'est toujours pas lassé du fascinant décor de Michael Levine.

 

Applaudissements pour les interprètes de <i>Wozzeck</i> à l'Opéra de Zürich.

 

Ce Wozzeck, plus spectaculaire encore que la puissante vision de Tcherniakov, fut un des gestes artistiques les plus forts de 2015. Il faut se précipiter sur cette captation, dorénavant référence d'une œuvre phare de l'Histoire de l'Opéra.

 

À noter : Ce DVD est joliment présenté sous couverture cartonnée au côté d'un livret de 46 pages couleurs dont les textes sont proposés en français, anglais et allemand.

 

Lire le test du Blu-ray Wozzeck mis en scène par Andreas Homoki

 

Retrouvez la biographie d'Alban Berg sur le site de notre partenaire Symphozik.info

Jean-Luc Clairet

Suppléments du DVD

Bande-annonce de I Capuleti e I Montecchi. (Stéréo PCM)

Bande-annonce du DVD

Critique Images et Son du DVD

Images

Les partis pris esthétiques de cette production sont très bien rendus par ce DVD. Le fond noir permet de faire ressortir les chanteurs et la dominante ocre de l’ensemble passe très bien à l’écran. Les plans moyens et rapprochés bénéficient d’une très bonne définition, mais les plans larges, plus rares, manquent de précision par rapport au Blu-ray de ce programme. Les contrastes sont par ailleurs superbes, et les contours assez précis.

Son

Le mixage sonore propose un parfait équilibre entre voix et orchestre. Les contrastes de dynamique s’expriment parfaitement et la scène avant captive l’attention.
Les pistes multicanales ouvrent davantage l’espace et apportent plus de profondeur à l’avant. La dynamique semble décuplée, et la présence du caisson de graves dynamise l’écoute. Les enceintes surround aèrent l’ensemble, ce qui apporte un véritable avantage à l’écoute.
En revanche, on comprend difficilement la présence d’un encodage Dolby Digital, qui écrase les dynamiques, dès lors qu’est disponible une piste DTS mi-débit, bien plus musicale.

Note technique : 9/10

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Mots-clés

Alban Berg
Andreas Homoki
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Gun-Brit Barkmin
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