La Bataille de Legnano (La Battaglia di Legnano) est le quatorzième opéra de Verdi, écrit entre Le Corsaire (Il Corsaro) et Luisa Miller. Deux ans plus tard, le compositeur écrira Rigoletto et sortira de ses "années de bagne".
Très liée aux événements politiques qui touchèrent l'Italie au milieu du XIXe siècle, la tragédie lyrique La Bataille de Legnano fait figure de parent pauvre des créations verdiennes. Reconnaissons, pour être honnête, que son aspect ouvertement patriotique et ses situations dramatiques soutenues par une musique moyennement intéressante laissent un arrière-goût de rabâchage et de convention, sources d'un certain ennui, sortis du contexte de l’Italie du XIXe siècle.
L'ensemble aurait cependant pu être sauvé par une mise en scène inventive, mais Ruggero Cappuccio ne parvient aucunement à l'épicer. Le metteur en scène mélange en effet les styles en utilisant divers costumes qui appartiennent à l'époque moderne et d'autres au milieu du XIXe siècle. L'action originelle se déroule en 1176 et, si les armures sont ici absentes, les épées pendent aux côtés. La gestique demeure elle aussi très traditionnelle jusqu'à en devenir vide de sens : on notera ainsi les nombreux bras tenant l’épée levée pour chanter la patrie, les mines faussement agressives des hommes, les attitudes appuyées et éplorées de la soprano principale… Bref autant de ficelles théâtrales utilisées sans finesse.
Et que penser de ces tableaux et de ces statues en cours de fabrication ou de restauration, conditionnées dans des caisses comme si elles devaient être stockées dans un entrepôt ? Quel sens donner à ce que nous voyons ? En outre, la platitude et l'absence de rythme dans le jeu des protagonistes tout au long de cet opéra de deux heures enterreront définitivement notre enthousiasme.Même réserve sur le plan vocal. La soprano Dimitra Theodossiou assure une prestation satisfaisante dans le rôle de Lida, mais que de chichis ! Sa crédibilité scénique est desservie par un jeu prévisible dénué de toute invention. Ses partenaires obéissent globalement à ce qui semble bien être une épidémie chorégraphique de plateau. Le ténor Andrew Richards (Arrigo) en fait des tonnes dans la démonstration de son patriotisme et son entrée finale, au seuil de la mort, en laissera plus d'un perplexe.
Dans le rôle du faux cocu Rolando, Leonardo Lopez Linares sauve la mise par une voix puissante mais plafonnante. Le baryton, lui aussi, reste figé dans ses attitudes. Enfin, Enrico Iori fait une entrée courte mais réussie en Federico Barbarossa.
Le reste de la distribution est composé de petits rôles peu significatifs, dont celui de la servante Imelda tenu par une Sharon Pierfederici à l'épouvantable voix, chevrotante et fausse.
À la tête de l'Orchestre du Théâtre Giuseppe Verdi de Trieste, Boris Brott fait de son mieux pour sauver de l'oubli un opéra dont rien n'est fait sur scène pour mettre en valeur la musique "orientée".
Avec cette production, La Bataille de Legnano restera donc une curiosité bien trop ancrée dans un message politique simpliste pour nous toucher aujourd'hui, et encore moins nous convaincre.
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Nicolas Mesnier-Nature