DVD Jaquette de : Philip Glass : Kepler (Landestheater Linz, 2009)

Distribution

Interprètes
  • Martin Achrainer
    Kepler
  • Cassandra McConnell
    Soprano 1
  • Karen Robertson
    Soprano 2
  • Katerina Hebelkova
    Mezzo
  • Pedro Velásquez Diaz
    Tenor
  • Seho Chang
    Baritone
  • Floriann Spiess
    Bass
  • Chorus of the Landestheater Linz
Mise en scène
Peter Missotten
Orchestre
Bruckner Orchester Linz
Chef d'orchestre
Dennis Russel Davies
Réalisation
Felix Breisach
Origine
Landestheater Linz
Année
2009

Informations techniques

Durée
120'
Nombre de disques
1
Zone/Région
Zone ALL
Éditeur
Orange Mountain
Date de sortie
23/11/2011

Vidéo

Couleurs/N&B
Couleurs
Format images
1.78
Format vidéo
16/9 compatible 4/3
Codec/Standard vidéo
NTSC

Audio

Version(s) sonore(s)
5.0 DD
Stéréo DD
Sous-titres
•  Allemand
•  Anglais

Philip Glass : Kepler (Landestheater Linz, 2009) DVD

Note générale : 8/10

Philip Glass

Opéra


Kepler, opéra de Philip Glass, a été créé au Landestheater de Linz le 20 septembre 2009 sur un livret de l’artiste autrichienne Martina Winckel. Dennis Russell Davies dirige le Bruckner Orchester tandis que le baryton-basse Martin Achrainer interprète le rôle-titre. Orange Mountain Music, le propre label du compositeur américain, édite en DVD la captation de cette production mise en scène par le vidéaste belge Peter Missotten…

<i>Kepler</i> de Philip Glass mis en scène par Peter Missotten.  © Norbert Artner

 

Philip Glass lors du Days and Nights Festival.  D.R.

 

Kepler est le 23e opéra de Philip Glass. Quel compositeur contemporain peut afficher un tel palmarès lyrique ? Qui eût imaginé, au sortir des années soixante, quand émergea le nom de Philip Glass dans le monde de l’opéra, que 40 ans plus tard, il en serait le compositeur le plus fécond ? En 1962, à peine âgé de 20 ans, l’élève modèle diplômé de la Juilliard School est prêt à apporter sa pierre à l’édifice dodécaphonique alors seule voie présentée comme sérieuse pour un jeune compositeur, même si Poulenc a déjà répondu en 1957 au Marteau sans maître de Boulez de 1954 avec de sublimes Dialogues des Carmélites
Mais c’est compter sans deux rencontres majeures, auxquelles Philip Glass fera toujours référence : la Française Nadia Boulanger, qui sera 2 années durant un professeur exigeant (Philip Glass affirme que sa musique ne serait pas la même sans ce temps passé à Paris avec cette "Grande Dame" qui lui a appris à "donner toutes ses émotions") et l’Indien Ravi Shankar, qui lui ouvre les portes d’une musique non-occidentale lui permettant de s’échapper d’une scolastique un peu vaine dans laquelle il se sentait déjà étouffer. C’est ainsi qu’il va éprouver très vite le besoin de donner "un grand coup de pied dans la fourmilière sérielle". Une nouvelle grammaire musicale va naître sous ses doigts, aux épithètes nombreux : "répétitive", "minimaliste", voire, avec un brin de condescendance "New Age", mais surtout animée du désir décomplexé de se réapproprier la tonalité via un langage possédant sa propre exigence, éloigné de tout racolage. Tournant donc le dos à cinq décennies obsédées par les séries musicales, les premières œuvres de Philip Glass proposeront une manière de tournis sonore autour de quelques notes seulement ! Cette extrême radicalité était la condition sine qua non pour sortir du sérialisme. Quelques notes hypnotiques et leurs infimes changements, tel était le fameux coup de pied dans la fourmilière !

 

Le compositeur Philip Glass.  D.R.

 

Einstein on the Beach, opéra de 5 heures sans entracte, créé en 1976 à Avignon dans une mise en scène de Bob Wilson, poussera le système à son paroxysme, malgré quelques plages annonçant en fanfare le retour de la mélodie dans la musique contemporaine. À partir de cette œuvre forcément marquante, entrée depuis dans le patrimoine lyrique, le langage de Philip Glass va progressivement s’enrichir et revisiter tous les genres musicaux, traditionnels : symphonies, concertos, sonates, quatuors, ballets et surtout… Opéras.
Jouée à l’origine par le Philip Glass Ensemble - un orchestre créé par Glass et rompu à l’exigence de son style -, sa musique est maintenant destinée également aux grands orchestres. Sans rien renier du style qu’il a mis en place, son écriture, dont la simplicité n’est qu’apparente, se caractérise par un don mélodique constant, une orchestration très pure, une efficacité imparable, une absence de frontières musicales, ainsi qu’une extrême humanité dans le choix des sujets. Parmi ceux-ci, il apparaît que le genre biographique est celui qui occupe la première place. À côté de sa très inspirée trilogie Cocteau composée de La Belle et la Bête, Orphée et Les Enfants terribles, on trouve, autour d’Einstein on the Beach, Satyagraha (son opéra sur Gandhi) et surtout le chef-d’œuvre Akhnaten. Suivront The Voyage (sur Christophe Colomb), Galileo Galilei et, en 2009 donc, ce Kepler, auquel il ajoutera en 2013 The Perfect American sur Walt Disney !

 

Scène de <i>Kepler</i> sur la scène du Landestheater de Linz.  © Norbert Artner

 

Martin Achrainer interprète le rôle-titre de <i>Kepler</i>Commande de l’Opéra de Linz en hommage à un "enfant du pays" (le célèbre astronome a vécu à Linz de 1612 à 1627, en plein cœur de la Guerre de Trente ans), ce Kepler s’apparente davantage au genre "oratorio". Comme souvent chez Glass, le livret ne suit pas ici une dramaturgie classique : un Prologue et un épilogue enchâssent deux Actes qui proposent davantage une succession d’états d’âme qu’une trame narrative.
Le livret de Martina Winkel, dont les premiers vers sont l’épitaphe latine de la tombe de Kepler – "J’ai mesuré les cieux, à présent je mesure les ombres terrestres" -, fera alterner 5 poèmes introspectifs de Gryphius (poète contemporain de Kepler, profondément marqué lui aussi par les atrocités de la Guerre de Trente Ans), les questionnements du scientifique à l’Acte I, les questionnements de l’homme à l’Acte II, et même le début de la Genèse. Tous ces axes brossent un portrait très introspectif de l’astronome qui, à la suite de Copernic, a peu à peu pris conscience que, si l’Univers a été créé par un Dieu, ce dernier était animé par une obsession des chiffres (il est question ici de polyèdre, de dodécaèdre, de tétraèdre, d'isocaèdre…). Il eut à cœur de démontrer, à contre-courant de l’obscurantisme de son temps, que les planètes ne tournaient pas en formant un cercle parfait mais en suivant une courbe elliptique. Il parla de la Musique des sphères, perceptible seulement par l’esprit…

 

Karen Robertson (Soprano 2).Cassandra McConnell (Soprano 1).

 

 












Tous ces moments de questionnements existentiels qui pourraient paraître arides renvoient en fait le spectateur à ses propres questionnements, aidé en cela par le langage extrêmement prenant de Glass auquel il est difficile de résister, même si on est en droit de le trouver ici moins inoubliable au pur plan mélodique que ses chefs-d’œuvre Akhnaten ou La Belle et la Bête.
Alors que Philip Glass est probablement le compositeur qui exprime le mieux la mélancolie du monde moderne, celle du monde de Kepler l’inspire de même comme dans la Question 2 à l’Acte I, sur la très belle mélodie "Ohne echtes wissen ist das Leben tot".
L’opéra, composé de scènes assez courtes, est chanté principalement en allemand, mais aussi en latin. Une première chez Glass qui s'est déjà montré on ne peut plus polyglotte dans ses compositions puisque sa musique, outre l’anglais et le français, a déjà résonné en sanskrit, en égyptien ancien, en onomatopées, en chiffres…

 

Peter Missotten signe l'esthétique de la production de <i>Kepler</i> à Linz.

 

Partant de la tombe de Kepler pour nous y ramener à la fin de l'œuvre, la mise en scène de Peter Missotten parvient à être spectaculaire : elle part du plateau vide auquel seront adjoints quelques néons célestes, une gigantesque structure métallique venue des cintres pour recouvrir les protagonistes créant une manière de vertige existentiel très approprié, le tout ponctué de quelques discrètes vidéos lancinantes (un œil, des étoiles, des figures géométriques…). Le grill des projecteurs s’abaissera même lui aussi jusqu’au sol. Le metteur en scène utilise également de façon quasi-permanente le plateau tournant du théâtre, et de façon extrêmement convaincante. Pas vraiment de choc esthétique dans cette production où l'on regarde beaucoup vers le ciel, mais un univers nocturne qui se révèle assez prégnant et très en phase avec la musique de Glass, ici plus cosmique que jamais, exprimant l’inexprimable : le mouvement incessant, la profondeur de l’infini, et la fameuse Musique des sphères énoncée par Kepler.
On ne sort jamais indemne d’un opéra de Philip Glass et c’est le cas également avec ce Kepler. Lorsque la salle se rallume, on a l’impression de devoir retomber sur Terre, ce qui est le gage d’une expérience vécue de l’intérieur. Mais n'est-ce pas là ce qu’ont souhaité les artisans de cette aventure spatio-temporelle ? Saluons ici la très bonne captation de Felix Breisach.

Applaudissements pour Martin Achrainer.Martin Achrainer - déjà l'Orphée de Philip Glass sur cette même scène en 2007 - est bien connu du public autrichien qui ne lui ménage pas ses applaudissements. Quasi omniprésent en Kepler, on sent qu’il croit en cette musique nouvelle. Son timbre de baryton – il ferait un excellent Wolfram - et sa noble tenue scénique émeuvent autant que le grand homme qu’il fait revivre. Kepler est le seul personnage nommé, alors que les 6 solistes qui l’entourent ne sont désignés que par leur tessiture. Leur costume et leur jeu de scène indiquent qu’ils représentent les 6 planètes en giration autour de Kepler, lequel dialoguera avec elles à de nombreuses reprises.

Le chef d'orchestre Dennis Russell Davies.Tous ces solistes sont très sollicités par la partition qui les dote sans conteste d'un lyrisme généreux. Il en est de même du chœur pour lequel Glass a toujours aimé écrire de puissants ensembles (à l’Acte I, les irrésistibles Polyeder et Gryphius 2.)
Lui aussi très applaudi par une salle convaincue, Dennis Russell Davies, Directeur musical du Landestheater, sait que le temps des pionniers est fini et que cet opéra de Philip Glass ne se réduit pas à une simple parenthèse entre Wagner et Bruckner. Il dirige ce Kepler comme un classique du XXe siècle et sa battue galvanise un Bruckner Orchester aussi à l’aise dans les déferlements cosmiques que dans la mélancolie des sphères… C’est d’ailleurs avec un nouvel opéra de Glass que la formation célébrera l’ouverture du nouvel Opéra de Linz en avril 2013…

 

Saluts à la fin d'une représentation de <i>Kepler</i> au Landestheater de Linz.

 

Dans la mesure où il existe très peu de DVD d’opéras de Philip Glass (Satyagraha dans une version très originale d’Achim Freyer chez Arthaus Musik ; La Belle et la Bête chez Criterion, où le film de Cocteau bénéficie d’une bande-son à la Poulenc entièrement chantée, et c’est tout !), on a envie de saluer cette parution en espérant que d’autres suivront. Elles permettront d’écrire l’histoire de cette musique originale et populaire qui mérite d’occuper un peu de la place squattée depuis longtemps déjà par les Carmen, Pelléas et autres Traviata.


À noter : L'éditeur ne propose aucun livret à l'intérieur du boîtier DVD. Ce programme n'est pas sous-titré. Décevant…

 

Jean-Luc Clairet

Suppléments du DVD

Aucun.

Bande-annonce du DVD

Critique Images et Son du DVD

Images

La colorimétrie sophistiquée de la production est rendue au mieux par ce master vidéo à n'en pas douter d'origine HD. La précision des plans rapprochés et moyens est superbe, mais elle se perd en revanche sur les plans généraux. Les contrastes sont puissants, et les contours précis permettent à une belle profondeur de s'exprimer. Les projections intégrées à la scénographie sont parfaitement transcrites. De fait, le pari de nous faire entrer dans ce riche univers visuel est gagné !

Son

Disons-le tout de go, l'encodage Dolby Digital proposé sur ce DVD est un choix peu recommandable dans la mesure où la compression écrase les harmoniques et les forte deviennent assez criards. Un encodage DTS aurait été bien préférable pour rendre justice aux timbres. Mais l'ensemble n'est absolument pas déshonorant pour autant…
Le mixage stéréo, ouvert et même assez large, affiche une clarté convaincante. L'équilibre entre la fosse et la scène est bien trouvé, même si chœur et orchestre ont parfois du mal à s'exprimer avec autant de précision que souhaité. Les graves sont assez présents et donnent du corps à l'ensemble, tandis que les voix solistes bénéficient d'une bonne projection. Mais les ensembles sont parfois un peu confus.
La piste multicanale 5.0 propose une tout autre approche acoustique. Les voix solistes sont positionnées plus en recul de la scène avant, d'où une sensation de lointain quelque peu curieuse mais une meilleure lisibilité des ensembles grâce au détail plus marqué. Ce mixage est un peu moins agressif que la stéréo et diffuse sans doute une acoustique plus proche de celle de la salle. Les enceintes surround apportent une bonne respiration, mais on regrettera l'absence d'adressage au caisson de graves car, paradoxalement, cette piste propose moins de basses que la stéréo !

Note technique : 8/10

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Dennis Russell Davies
Kepler
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