DVD Jaquette de : Mahler - Film de Ken Russel

Distribution

Interprètes
  • Robert Powell
    Gustav Mahler
  • Georgina Hale
    Alma Mahler
  • Lee Montague
    Berhard Mahler
  • Miriam Karlin
    Aunt Rosa
  • Rosalie Crutchley
    Marie Mahler
  • Gary Rich
    Young Mahler
  • Richard Morant
    Max
  • Angela Down
    Justine Mahler
  • Antonia Ellis
    Cosima Wagner
  • Ronald Pickup
    Nick
  • Peter Eyre
    Otto Mahler
  • Dana Gillespie
    Anna von Mildenbur
  • George Coulouris
    Doctor Roth
  • David Collings
    Hugo Wolf
  • Arnold Yarrow
    Grandfather
  • David Trevena
    Doctor Richter
  • Elaine Delmar
    Princess
  • Benny Lee
    Uncle
  • Andrew Faulds
    Doctor on Train
  • Otto Diamant
    Professor Sladky
  • Michael Southgate
    Alois Mahler
  • Ken Colley
    Krenek
  • Sarah & Claire McLellan
    Putzi and Glucki
Chorégraphie
Gillian Gregory
Orchestre
Royal Concertgebouw Orchestra
Chef d'orchestre
Bernard Haitink
Réalisation
Ken Russel
Origine
Grande-Bretagne
Année
1974

Informations techniques

Durée
111'
Nombre de disques
1
Zone/Région
Zone 2
Éditeur
Doriane Films
Distributeur
Zylo
Date de sortie
16/10/2014

Vidéo

Couleurs/N&B
Couleurs
Format images
1.85
Format vidéo
16/9 compatible 4/3
Codec/Standard vidéo
PAL

Audio

Version(s) sonore(s)
Anglais mono 2.0 DD
Sous-titres
•  Français

Mahler - Film de Ken Russel DVD

Note générale : 8/10

Gustav Mahler

Film


Un à un ressurgissent les films de Ken Russell, cinéaste habité par la musique. Ce Mahler, sorti en 1974, et publié en DVD par le label Doriane Films, reste un de ses meilleurs. Un bonheur n'arrivant jamais seul, dit-on, la bande-son nous fait entendre la geste de l'impeccable mahlérien que fut Bernard Haitink.

Robert Powell incarne Mahler dans le film éponyme de Ken Russel.  © Doriane Films

 

Après le coup de maître The Music Lovers, son chef-d'oeuvre consacré à Tchaikovsky, et après la "pause" de son cauchemar horrifique consacré aux Diables de Loudun (Les Diables), de The Savage Messiah et The Boyfriend, deux films beaucoup plus traditionnels, Ken Russell mit sa caméra et son inspiration au service d'un musicien qu'il affectionnait profondément, et dont l'art, mélange de grotesque et de sublime, présentait d'évidentes similitudes avec le sien :  Gustav Mahler. Au lyrisme échevelé de la musique du compositeur autrichien faisait écho celui de la caméra du cinéaste anglais. "Mon heure viendra", avait déclaré le musicien au début du siècle. Son heure arriva effectivement et le premier coup de cloche du revival fut donné par le Mort à Venise de Visconti (1971). Le Mahler de Ken Russell suivit de près en 1974. Nominé au Festival de Cannes 1974, dont il revint avec le Grand Prix Technique, ce fut un vrai succès qui ne dut rien à l'opportunisme mais tout à la sincère passion que nourrissait le cinéaste pour le musicien.

<i>Mahler</i> de Ken Russel : Rosalie Crutchley (Marie Mahler) et Robert Powell (Gustav Mahler).  © Doriane Films

 

Filmer la musique a de tout temps été la pierre d'achoppement des cinéastes les plus reconnus : passages obligés des moments où notre héros subit de plein fouet l'arrivée de la muse, traumas d'enfance, démêlés sentimentaux le plus souvent clichetonneux, mouvements de caméras atones, bande-son chiche ou au mieux de supermarché, trois petits tubes et puis s'en va, (tous défauts alignés par le récent et vain Rachmaninov de Pavel Lounguine)… Difficile indéniablement de s'attaquer à ces piliers de la Civilisation que sont les compositeurs. Pour avoir su transcender de tels handicaps, Ken Russell fit vraiment figure d’exception. Il lui sera donc beaucoup pardonné, même les scories provocatrices d’un film toujours passionnant.

Scène du film <i>Mahler</i> de Ken Russel (1974).  © Doriane FilmsUne cabane de bois posée sur la grâce d'un lac de montagnes prend feu sur les terrifiantes dissonances du cœur de la Symphonie No. 10 : une fois passée cette soufflante introduction, le Mahler de Ken Russell suit la trame narrative du voyage retour vers Vienne que fit le compositeur en 1911, l'année de sa mort. Le travelling du train fait écho au travelling d'une vie, mais d'une vie en désordre, où les souvenirs apparaissent comme des flashs à la chronologie toujours soumise à la musique: l'enfance quasi-dickensienne, les moments phares de composition (les prémonitoires Kindertotenlieder), le prosaïsme des humeurs conjugales, une visite à la folie d’Hugo Wolf, l’opportuniste conversion au catholicisme…

Toujours inspiré par la musique de Mahler, qu’à l’évidence il aime passionnément, Russell fait son miel de tous ces instants. Sa caméra se permet tout : coller aux notes, ainsi qu’il procède dans l’épisode où l’enfant Mahler erre dans la forêt sur un mix des Symphonies No. 7 et No. 3, comme faire partager la transe de l’inspiration en illustrant les propos mêmes du compositeur ("La symphonie doit être pareille à l’univers entier") par une planète en giration dans le crâne du compositeur Mahler. À l’instar du jeu de massacre qu’il avait déjà pratiqué dans The Music Lovers, il ose la dérision de deux épisodes majeurs : ses propres funérailles, sous le regard de Beethoven (!), avec une Alma déchaînée dansant en porte-jarretelles sur son cercueil ! Mais surtout, vers la fin du film, le traitement façon film muet appliqué à la démarche qui le fit accéder au poste de Directeur de l’Opéra de Vienne, avec l’appui (totalement fantaisiste au plan historique) d'une affriolante Cosima Wagner en walkyrie nazie bottée et casquée ! Pas plus que Visconti, il ne rechigne au surlignage seventies du zoom. Signalons également le clin d’œil facétieux au grand cinéaste italien avec cette scène de gare où, sous le regard amusé de Mahler lui-même, un sosie bouffi de Dirk Bogarde lorgne sur un Tadzio poupon et blasé… Ces grands écarts du style Russell, qui engloutiront son Lizstomania, et pour finir son cinéma, n’empêchent cependant pas le film d’être des plus captivants.

La bande-son utilise l’enregistrement de référence de l’époque : la version parue chez Philips de Bernard Haitink à la tête de l’éminent orchestre mahlérien du Concertgebouw d’Amsterdam. De nécessaires collages musicaux feront hurler les puristes mais Russell connaît son Mahler. Il fait entendre les meilleurs moments d’une œuvre géniale. Il réserve un sort très inspiré à ce magnifique moment en apesanteur du 1er mouvement de la Symphonie No. 6, celui où les cloches des vaches se joignent à l’orchestre. Notons aussi la séquence bouleversante où la compositrice Alma va enterrer au sens propre des Lieder que Gustav aura écouté d’un revers d’oreille. Épisode qui dit bien la rivalité entre Art et Amour. Toujours entre Gustav et Alma, la musique de Mahler est omniprésente dans le film. Au contraire du sentiment d’intense frustration généré par le Rachmaninov de Lounguine, le Mahler de Russell donne envie d’aller plus loin dans la découverte du compositeur, et même pour les connaisseurs, de réviser leur intégrale.

 

Robert Powell (Gustav Mahler) et Georgina Hale (Alma Mahler) dans <i>Mahler</i> de Ken Russel.  © Doriane Films

 

Quarante ans après la sortie du film, les mêmes réticences nous agitent quant au choix de Georgina Hale pour incarner Alma que l’on ne parviendra jamais à imaginer en blonde vibrionnante et boudeuse. L’actrice n’est cependant pas en cause, totalement dévouée qu’elle semble aux exigences de son metteur en scène. L’on est en revanche toujours aussi admiratif du choix de Robert Powell en Mahler. La ressemblance est frappante, l’acteur est magnifique. Rappelons que Ken Russell a offert leurs plus beaux rôles aux grands acteurs anglais : Glenda Jackson, Alan Bates, Richard Chamberlain, Oliver Reed, qui fait ici une apparition d’une seconde. L’on croit tout autant au Mahler de Powell heureux de plonger dans le Attersee (où Mahler composa sa Symphonie No. 3), qu’à celui dont le cœur lâche sur la sinistre No. 9.

On peine à croire qu’il a fallu attendre les années 1970 pour que la magnifique musique de Gustav Mahler soit révélée. Accompagné en 2014 par une fine analyse de 8 pages due à un Christian Wasselin aussi passionné par le cinéaste que par le musicien, nul doute que le film de Ken Russell, tout comme The Music Lovers avait fait reconsidérer Tchaikovsky, a été un artisan de poids dans la venue de l’heure mahlérienne prophétisée par le compositeur quelque 60 ans plus tôt.


À noter : Ce DVD est accompagné d’un livret de 8 pages, lequel propose un texte bien documenté de Christian Wasselin, Mahler dans le chaudron de Ken Russell.



Retrouvez la biographie de Gustav Mahler sur le site de notre partenaire Symphozik.info

Jean-Luc Clairet

Suppléments du DVD

Diaporama muet de photos couleurs et noir & blanc du film. (3’25)

Bande-annonce du DVD

Critique Images et Son du DVD

Images

Une restauration de qualité aboutit ici à un affichage probant, même s’il conserve une colorimétrie assez "vintage" sur certains plans. Les images de nature sont le plus souvent splendides et la lumière du film est fort bien rendue. Les contrastes sont bons et la précision générale satisfait parfaitement.

Son

L’unique piste mono affiche une certaine clarté. Les passages musicaux sonnent un peu trop "métalliques" mais nous séduisent par leur dynamique lors de nombreuses incursions. Les différentes ambiances sonores sont bien exposées et les dialogues ressortent parfaitement tout au long du film.

Note technique : 9/10

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Mots-clés

Gustav Mahler
Ken Russell
Robert Powell
The Music Lovers

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