DVD Jaquette de : Le Vaisseau fantôme (Nederlandse Opera)

Distribution

Interprètes
  • Robert Lloyd
    Daland
  • Catherine Naglestad
    Senta
  • Marco Jentszch
    Erik
  • Marina Prudenskaja
    Mary
  • Oliver Ringelhahn
    Daland's Steersman
  • Juha Uusitalo
    The Dutchman
  • Chorus of De Nederlandse Opera
Mise en scène
Martin Kušej
Orchestre
Netherlands Philharmonic Orchestra
Chef d'orchestre
Harmut Haenchen
Réalisation
Joost Honselaar
Origine
De Nederlandse Opera
Année
2010

Informations techniques

Durée
145'
Nombre de disques
1
Zone/Région
Zone ALL
Éditeur
Opus Arte
Distributeur
DistrArt Musique
Date de sortie
06/04/2011

Vidéo

Couleurs/N&B
Couleurs et N&B
Format images
1.78
Format vidéo
16/9 compatible 4/3
Codec/Standard vidéo
NTSC

Audio

Version(s) sonore(s)
5.0 DTS mi-débit
Stéréo DD
Sous-titres
•  Allemand
•  Anglais
•  Espagnol
•  Français
•  Néerlandais

Le Vaisseau fantôme (Nederlandse Opera) DVD

Der Fliegende Holländer

Note générale : 9/10

Richard Wagner

Opéra


Œuvre de transition dans l'ensemble du corpus wagnérien, Le Vaisseau fantôme troque, dans cette production hollandaise, son habit d'opéra romantique en trois Actes contre une parure contemporaine à la dramaturgie réinventée par le metteur en scène Martin Kuešj. Cet enregistrement réalisé en 2010 au Amsterdam Music Theatre est disponible en Blu-ray et en DVD chez Opus Arte.

 

Scène du <i>Vaisseau fantôme</i> signée Martin Kuešj en 2010.  Photo © Hans van den Bogaard 2010

 

Les deux grands thèmes qui parcourent tout l'opéra s'incarnent en deux motifs, véritable ciment des trois Actes, cités dès l'ouverture : le motif de La Malédiction du Hollandais, que l'on entend dès les premières mesures aux cuivres, et le motif de La Rédemption par l'amour, introduit par les bois dans un tempo contrasté d'andante dolce. On retrouvera cette dualité à tous les niveaux de la scénographie.

Juha Uusitalo interprète le rôle du Hollandais.  Photo © Hans van den BogaardRelativement aux protagonistes, une nette opposition se manifeste également par les vêtements qu'ils portent : des couleurs chamarrées pour une partie des chœurs et du sombre uniforme pour les "passagers" du Hollandais. Cette même valeur sombre est présente sur les habits de Juha Uusitalo (le Hollandais) et ceux de Catherine Naglestad (Senta), associant ainsi visuellement leurs destins. Quant aux autres personnages, le capitaine et son second resteront obstinément en blanc, symbole de pureté antinomique eu égard à leur corruption.

La mise en scène de Sebastian Huber réinvente le livret traditionnel écrit par Wagner. L'opposition nette entre deux mondes socialement impénétrables de notre société actuelle et la quête obsessionnelle de passer de l'un à l'autre trouvera un écho judicieux dans l'actualité contemporaine la plus sordide intelligemment intégrée dans cette production. L'occupation spatiale du plateau, divisé en deux volumes, va dans ce sens : le premier plan, blanc et uni, s'oppose au second plan par un système de baies transparentes séparant comme un mur de verre les deux espaces. Deux mondes s'opposent, habités par deux sociétés tout aussi différentes. D'un côté les nantis, où dominent couleurs et lumière, de l'autre un univers plus inquiétant, peuplé de silhouettes sombres. À l'Acte II, une piscine occupera l'arrière-plan, d'où sortiront des femmes exclusivement préoccupées de leur bien-être et de leur apparence physique (chœur des fileuses). Pourtant, une scène violemment réaliste non prévue par le livret mais parfaitement cohérente avec la nouvelle dramaturgie proposée par Sebastian Huber se passera à l'endroit qu'elles viennent de quitter… En outre, la scène finale extrapolera également par rapport à l'original wagnérien, mais toujours en toute logique.

 

Scène du <i>Vaisseau fantôme</i> de Wagner signée Martin Kuešj à Amsterdam.  Photo © Hans van den Bogaard 2010

 

Juha Uusitalo et Catherine Naglestad.  Photo © Hans van den BogaardLe capitaine trouve en Robert Lloyd une bonne personnification : la basse britannique a l'âge du rôle, et sa voix, bien que légèrement colorée de vibrato, possède toujours de belles notes graves et une puissance confiante. Ce personnage miné par la corruption n'hésite pas à vendre sa fille, tenté par la vue des nombreuses grosses coupures d'euros que lui présente le Hollandais, dangereuse pente que suivra aussi son timonier. Face à lui, le ténor Olivier Ringelhahn a du mal à s'imposer dans ce rôle, et son timbre de voix peu wagnérien nous semble par trop léger mais toutefois correct. D'aucuns trouveront la voix en accord avec le personnage falot et peu fiable.



C'est durant l'Acte II qu'entre en scène Senta. La soprano américaine Catherine Naglestad excelle dans ce personnage sombre. Son timbre puissant et dramatique à la tenue de son parfaite est à mettre en opposition avec celui d'Erik, son fiancé. Le ténor Marco Jentzsch n'a rien d'héroïque et ne possède que partiellement l'organe et les couleurs dévolus à son personnage, davantage à l'aise dans le médium et le grave que dans des aigus atteints sans de réelles difficultés mais au détriment du coloris. Son importance sur scène lui laisse peu l'occasion de développer un personnage trompé, miné par la jalousie. Chasseur, il porte constamment un fusil, arme qui, si elle peut être perçue comme un attribut voyant de sa virilité en berne, aura une importance finale décisive.
La mezzo-soprano russe Marina Prudentskaja bénéficie de peu de temps sur scène pour nous convaincre, mais sa performance est assez explicite pour que l'on regrette une si courte présence. Ses allures de vamp hollywoodienne vulgaire tranchent délibérément avec la sombre Senta.
L'importance et la qualité des chœurs ne sont nullement à négliger dans Le Vaisseau fantôme, et leur chorégraphie explicite au début de chaque Acte joue un rôle actif qui s'inscrit toujours dans l'axe de cette nouvelle version.

Juha Uusitalo (le Hollandais).  Photo © Hans van den BogaardL'opéra de Wagner repose en très grande partie sur le personnage du Hollandais. C'est lui qui cimentera la logique de l'action modernisée qui nous est proposée. Le baryton-basse finlandais Juha Uusitalo nous avait déjà totalement convaincu dans son Wotan du Ring de Valencia et son Jochanaan de Salomé au Metropolitan Opera. Il en impose tout autant dans Le Vaisseau fantôme. Les nombreux gros plans montrent un visage définitivement marqué par la punition de l'errance et de la quête mort-née d'un amour fidèle rédempteur. Une énorme puissance de souffle au service d'une écriture vocale parfois éprouvante : aucun doute, ce rôle est fait pour lui ! Sa stature physique très impressionnante représente en outre un atout supplémentaire eu égard à sa "profession" de passeur, et son expression inquiétante fait de lui un personnage ambigu dont a su tirer profit la modernisation de la dramaturgie.

Une partie des chœurs qui lui sont attachés ne symbolise pas ici son équipage comme dans le livret original. En effet, l'idée de base, nous l'avons dit, est l'opposition entre deux mondes. Usé par son statut, le Hollandais désire y mettre un terme. En effet, il doit sa richesse au droit de passage qu'il perçoit des pauvres hères dont les corps disparaissent sous les vêtements et les capuches, silhouettes que l'on voit rôder tout au long de l'opéra et dont l'unique désir est de franchir cette fameuse barrière de verre qui les sépare de l'autre monde. Cette idée prendra un tour saisissant à l'Acte III, lorsqu'on les retrouvera au premier plan, assis et prostrés au milieu de la nuit, alors que la fête bat son plein à l'arrière-plan, en pleine lumière. Le Hollandais fréquente tous les mondes et cherche sa place.

 

Juha Uusitalo (le Hollandais) et Catherine Naglestad (Senta).  Photo © Hans van den Bogaard 2010

 

Hartmut Haenchen, très longtemps à la tête de l'Opéra et du Philharmonique de Hollande, conserve les tempi relevés dont il a l'habitude et un équilibre dont l'orchestre wagnérien ne peut que bénéficier. Les effets faciles de l'Ouverture sont ainsi évités et le respect de la puissance des chanteurs toujours préservé.

Richard Wagner reste sans doute le compositeur le plus délicat à mettre en scène. Revisiter de fond en comble une légende emprunte de propos philosophiques demande une certaine imagination pour être convaincant face à un public qui cherche maintenant bien souvent autre chose que du réalisme au premier degré. Avertissons toutefois les lecteurs de Tutti-magazine que cette actualisation ne saurait qu'être complémentaire d'une version de base traditionnelle.


Lire le test du Vaisseau fantôme en Blu-ray

Nicolas Mesnier-Nature

Suppléments du DVD

En hollandais et allemand stéréo DD, avec sous-titres français, anglais, allemands et espagnols :
- Photos de la distribution.
- Making-of monté de façon dynamique entre instantanés de répétitions et intéressantes interviews du chef d'orchestre et des principaux chanteurs qui livrent quelques informations sur leur rôle et la production. (22')

Bande-annonce du DVD

Critique Images et Son du DVD

Images

Un noir & blanc assez granuleux et peu contrasté nous accueille sur l'Ouverture illustrée par des gros plans d'instruments mixés à des images de tempêtes. Dès l'arrivée des chœurs, une palette de couleurs s'installe au-devant d'un fond souvent bleuté bien rendu mais peu contrastant. La précision des gros plans est en revanche assez remarquable.

 

Son

La piste stéréo assez ouverte se trouve un peu limitée par un encodage Dolby Digital un peu "court" sur les harmoniques mais nettement plus performant en matière de dynamique. Les voix sont bien centrées mais manquent de façon flagrante de présence.
Le mixage 5.0 nous prive d'un caisson de basses qui, bien intégré, aurait permis de doter les graves de l'orchestre d'une meilleure assise. Néanmoins, le multicanal apporte un meilleur niveau d'expression de la fosse et les voix gagnent un soupçon de présence toutefois limité en raison d'un bas du spectre aux abonnés absents. L'immersion orchestrale est en outre bien assurée par des haut-parleurs surround assez sollicités.

Note technique : 7/10

Acheter ce titre

Tutti-magazine.fr est un site gratuit. Vous pouvez lui apporter votre soutien en commandant dans la Boutique Amazon les titres présentés aux mêmes prix et conditions de livraison que sur Amazon.fr

Les derniers tests

Envoyer cette page à un(e) ami(e)

Envoyer

Imprimer cette page

Imprimer

Peuvent également vous intéresser

Tutti Ovation
Wozzeck mis en scène par Andreas Homoki - Tutti Ovation
Saul mis en scène par Barrie Kosky à Glyndebourne, Tutti Ovation
Adam's Passion d'Arvo Pärt mis en scène par Robert Wilson - Tutti Ovation
L'Elixir d'amour - Baden-Baden 2012 - Tutti Ovation
Les Maîtres chanteurs de Nuremberg - Salzbourg 2013 - Tutti Ovation

Se connecter

S'identifier

 

Mot de passe oublié ?

 

Vous n'êtes pas encore inscrit ?

Inscrivez-vous

Fermer

logoCe texte est la propriété de Tutti Magazine. Toute reproduction en tout ou partie est interdite quel que soit le support sans autorisation écrite de Tutti Magazine. Article L.122-4 du Code de la propriété intellectuelle.