DVD Jaquette de : Guillaume Tell (Pesaro - 2013)

Distribution

Interprètes
  • Nicola Alaimo
    Guillaume Tell
  • Juan Diego Florez
    Arnold Melchtal
  • Simon Orfila
    Walter Furst
  • Simone Alberghini
    Melchtal
  • Amanda Forsythe
    Jemmy
  • Luca Tittoto
    Gesler
  • Alessandro Luciano
    Rodolphe
  • Celso Albelo
    Ruodi
  • Wojtek Gierlach
    Leuthold, un chasseur
  • Marina Rebeka
    Mathilde
  • Veronica Simeoni
    Hedwige
  • Coro del Teatro Comunale di Bologna
Mise en scène
Graham Vick
Chorégraphie
Ron Howell
Orchestre
Orchestra del Teatro Comunale di Bologna
Chef d'orchestre
Michele Mariotti
Réalisation
Tiziano Mancini
Origine
Pesaro
Année
2013

Informations techniques

Durée
247'
Nombre de disques
2
Zone/Région
Zone ALL
Éditeur
Decca
Distributeur
Universal Music Classics
Date de sortie
19/05/2015

Vidéo

Couleurs/N&B
Couleurs
Format images
1.78
Format vidéo
16/9 compatible 4/3
Codec/Standard vidéo
NTSC

Audio

Version(s) sonore(s)
5.1 DTS mi-débit
Stéréo DD
Sous-titres
•  Allemand
•  Anglais
•  Coréens
•  Français

Guillaume Tell (Pesaro - 2013) DVD

Tutti ovation

Note générale : 10/10

Gioachino Rossini

Opéra


Été 2013, le Festival Rossini de Pesaro frappe un grand coup avec un Guillaume Tell intégral donné dans sa version originale en français. La mise en scène est confiée à Graham Vick. Soutenu par la baguette de Michele Mariotti, le trio de tête de chanteurs aligne les noms de Juan Diego Flores, Marina Rebeka et Nicola Alaimo. Decca publie en Blu-ray et DVD la captation de ce spectacle qui nous fait prendre enfin conscience de l'importance du dernier opéra de Rossini.

Graham Vick témoigne dans les bonus de <i>Guillaume Tell</i> filmé à Pesaro en 2013.

 

"Vous avez écrit là une musique pour tous les temps" : l'éloge adressé à Rossini vient de Wagner. Écartelé entre sa version originale française et sa version tronquée en italien, Guillaume Tell n'a jamais connu la popularité du Barbier de Séville ni, à l'opposé, de Semiramis. Comme le précise justement Franco Ferrucci dans son texte introductif, c'est un opéra aristocratique, d'une aristocratie de l'esprit éclairé. Passée la célébrissime Ouverture, Guillaume Tell, d'une noblesse d'écriture constante, aux tempi majoritairement recueillis (hormis l'irrésistible fin de l'Acte I), ne proposera, à l'instar du Nabucco de Verdi qui dure deux fois moins longtemps, aucun tube, hormis peut-être le Trio patriotique de l'Acte II (parodié peu après par Offenbach dans sa Belle Hélène), un final sublime mais trop bref et le Chœur tyrolien du troisième Acte "Toi que l'oiseau" inexplicablement absent de la version italienne.
Et pourtant, comme l'opéra populaire de Verdi, Guillaume Tell apparaît aujourd'hui dans sa vérité : un profond manifeste contre l'oppression des peuples. Créé en 1829 sous une monarchie française soucieuse de montrer qu'elle avait perçu l'esprit libertaire de l'époque, Guillaume Tell tire son livret d'une pièce militante de l'humaniste Schiller. L'action est située dans une Suisse médiévale hélas transposable dans toutes les époques, tous les lieux où un peuple est menacé. On retrouve ainsi sans peine sous d'autres traits, dans notre XXIe siècle, le méchant Gessler du livret d'Étienne de Jouy et Hippolyte Bis. La révolte gronde chez les rebelles menés par le charisme de Guillaume. Un dilemme amoureux cornélien agite Arnold partagé entre son peuple souffrant et son amour pour Mathilde, la fille du méchant du camp adverse. De ces enjeux puissants dont le célèbre épisode de la pomme n'est qu'un moment parmi d'autres, va s'élever une musique intense, peu facile d'accès, mais qui creuse son sillon dans la mémoire et à laquelle on revient régulièrement, jusqu'à ce qu'une mise en scène vous aveugle de l'évidence.

 

<i>Guillaume Tell</i> mis en scène par Graham Vick à Pesaro.

 

Affirmons d'emblée que c'est le cas avec la vision de Graham Vick. Il s'agit d'une version spectaculaire, intemporelle, même si les costumes nous remettent en mémoire cet autre brûlot, cinématographique celui-là, que fut le 1900 de Bernardo Bertolucci (évoqué ici par la présence d'une caméra chargée de couvrir les événements, et même les applaudissements traditionnels qu'elle justifie malicieusement par des arrêts sur images, tels que la fin du Ballet de l'Acte III).

 

Amanda Forsythe interprète Jemmy dans <i>Guillaume Tell</i> en 2013 à Pesaro.

 

L'Ouverture est jouée à rideau fermé mais ce rideau, avant de s'abaisser, exhibe fièrement un poing érigé sur fond rouge. Le décor, unique, d'une blancheur initiale aveuglante, délimitant un espace de jeu triangulaire, est superbe. On ne sera jamais lassé de cette virginale page scénique sur laquelle s'inscriront les souillures à venir, telle cette gigantesque éclaboussure sanglante après l'entracte. Dans les hauteurs, la devise "Ex Terra Omnia" (De toute la Terre), gravée de toute éternité, sonne comme un salutaire rappel à l'ordre. À cour, une immense baie vitrée donne à voir des paysages en cinémascope d'une grande beauté visuelle ; à jardin, et surmontés par une manière de chemin de ronde, des panneaux coulissent sur des tableaux vivants. Le sol révèle des cachettes. Le plafond est percé d'une tranchée d'où s'abaisseront ou s'élèveront une embarcation, une rampe de projecteurs, un gibet, un lustre, un écran… S'en détachera même un spectaculaire escalier de marches pourpres du plus bel effet pour le finale ascensionnel de l'opéra. L'extrême variété des éclairages redessine avec bonheur cet écrin idéal.

 

Nicola Alaimo dans <i>Guillaume Tell</i> mis en scène par Graham Vick.

 

Luca Tittoto interprète le rôle de Gesler dans <i>Guillaume Tell</i> mis en scène par Graham Vick.La direction d'acteurs, quant à elle plus sobrement classique, s'inscrit parfaitement dans cet univers rêvé à même de générer les aspirations des nombreux personnages. Au sein d'une impeccable suite de tableaux, de grands moments brillent particulièrement: la mort de Melchtal, les chevaux du II devenant barricades, l'insoutenable chorégraphie du III après que l'odieux Gesler (suivi de sa cour de dégénérés) a plongé dans la populace en se bouchant le nez, la tempête du IV, la magnifique transmission générationnelle de l'ascension finale. Habiter les 4 heures d'horloge de Guillaume Tell n'est pas un pari facile. La mise en scène de Graham Vick est certainement une première dans ce sens. Dans son sillage, le Royal Opera House vient de monter l'œuvre dans une vision elle aussi très puissante de Damiano Micchieletto. Hélas, bien qu'ayant choisi la version française, Antonio Pappano coupe le Chœur tyrolien et cette toute récente version ne pourra donc prétendre à la suprématie de la production de Pesaro.

On a dit l'impressionnante puissance visuelle. Il est temps de louer avec tout autant d'empressement la partie musicale. Déjà en sueur dès les derniers accords de l'Ouverture, on sent que Michele Mariotti va livrer une direction extrêmement investie et c'est effectivement le cas tout au long de ce DVD qui palpite aussi dans la fosse : au sein d'une architecture impeccable, le finale du I est aussi irrésistible que possible. Même les ballets, dont on ne dira jamais assez, combien, à l'instar des Troyens, ils sont indispensables tant ils sont ciselés. L'Orchestre du Teatro di Bologna le suit sans fatigue dans cette entreprise de réhabilitation d'une œuvre qui, soulignons-le également, ne peut donner sa pleine mesure que dans le choix de la langue originale. Le célèbre enregistrement Decca de Chailly, quels que soient ses mérites, ne pourra dorénavant rivaliser avec l'évidence.

 

Juan Diego applaudi dans <i>Guillaume Tell</i> à Pesaro en 2013.

 

La prononciation princière de Juan Diego Flores allié à la maîtrise parfaite du chant rossinien que l'on sait, fait du ténor péruvien l'interprète idéale d'Arnold. Le couple très crédible qu'il forme avec la Mathilde de Marina Rebeka doit beaucoup au chant sans tache de la cantatrice lettone. Pas loin d'une Mirella Freni, cette touchante et radieuse Mathilde affiche une classe absolue. Le solide et sonore Guillaume Tell de Nicola Alaimo complète ce trio de luxe.
Il convient de saluer le très crédible travesti du Jemmy d'Amanda Forsythe, voix magnifiquement enflammée au-dessus de la mêlée des tutti, dans l'assaut indigné de la fin de l'Acte I. Bien que parfaitement chantant, les Walter de Simon Orfila, le très humain Melchtal de Simone Alberghini, l'odieux Gesler de Luca Tittoto, l'Hedwige de Veronica Simeoni ont moins d'affinités avec la langue de Molière. Le Pêcheur de Celso Albelo, dont les aigus quelque peu tendus ont le mérite d'ouvrir le débat vocal, ne démérite pas. Quant au Chœur, lui aussi issu du Théâtre de Bologne, il assume crânement sa quasi-omniprésence dans une partition qui lui propose d'incarner un personnage à part entière. Il est sans conteste à la hauteur de l'entreprise, vocalement du moins, car quelques plans traîtres révèlent çà et là de menues faillites de jeu. On a dit l'impression faite par le Ballet à l'Acte III. Déroutant à la première vision, le Ballet de l'Acte I se révèle ensuite pour l'exact contrepoint qu'il est : une naïve évocation d'un idéal de vie entre paisible amour et quotidien sans violence.

 

Nicola Alaimo (Guillaume Tell) et Veronica Simeoni (Hedwige) dans <i>Guillaume Tell</i> de Rossini.

 

Nous réalisons aujourd'hui seulement, grâce à cette production, combien le Maître de Bayreuth faisait figure de visionnaire. Ce Guillaume Tell, de surcroît, parfaitement capté, est donc un événement important dans la carrière d'une œuvre difficile qui fut le chant du cygne lyrique de son auteur, mais qui, il est temps de l'affirmer haut et fort, ne peut prendre son véritable envol que par la réunion des 4 conditions réunies à Pesaro en 2013: version originale, intégralité, vision scénique et musicale dans les cimes.


À noter : Le DVD 1 contient les Actes I et II (140’04) ; le disque 2 propose les Actes III et IV (106’51).


Lire le test du Blu-ray Guillaume Tell avec Nicola Alaimo et Juan Diego Florez

Retrouvez la biographie de Gioachino Rossini sur le site de notre partenaire Symphozik.info

Jean-Luc Clairet

Suppléments du DVD

Sur le DVD 2, en anglais et italien, avec sous-titres anglais sur les interventions en italien :
Guillaume Tell – Behind the Scenes donne la parole à tous les acteurs de l'événement: Graham Vick, Michele Mariotti, Juan Diego Flores, Marina Rebeka et même le maestro Alberto Zedda, directeur artistique du Festival de Pesaro ainsi que Gianfranco Mariotti, son surintendant. Il est toujours intéressant de pénétrer dans l'envers du décor d'un spectacle marquant. À signaler de très beaux dessins de la production sur le générique de fin. (16’25)

Bande-annonce du DVD

Critique Images et Son du DVD

Images

L’origine HD de cette captation nourrit magnifiquement les plans serrés et moyens. Le détail s’invite sur la majorité des plans et se conjugue à une excellente colorimétrie et de beaux contrastes assis sur des noirs profonds. Le piqué et la précision des contours ajoutent à la réussite visuelle portée par ce DVD. Seuls quelques plans généraux souffrent d’un manque de précision, contrairement au Blu-ray de ce programme, à l'affiche constamment superlatif.

Son

Le mixage stéréo, très clair, peine face aux ensembles complexes mêlant solistes, chœur et orchestre. Tout s’embrouille dans une masse informe et criarde, impression accentuée par l’encodage Dolby Digital peu raffiné. Les voix solistes, hors des scènes avec chœur, ressortent bien mieux mais la projection n’est pas idéale, pas plus que la balance fosse/plateau.
La piste multicanale s’impose immédiatement pour sa qualité de reproduction des timbres, lesquels perdent ici toute vulgarité et se parent de précieuses harmoniques. La projection des voix est bien plus naturelle et, sans nuire aucunement au développement de l’orchestre, l’ensemble respire, relayé par une scène arrière discrète mais suffisamment présente. Le caisson de graves, lui, souligne les basses avec délicatesse et renforce la supériorité de ce rendu sur la mauvaise piste stéréo.

Note technique : 8/10

Acheter ce titre

Tutti-magazine.fr est un site gratuit. Vous pouvez lui apporter votre soutien en commandant dans la Boutique Amazon les titres présentés aux mêmes prix et conditions de livraison que sur Amazon.fr

Mots-clés

Amanda Forsythe
Gioachino Rossini
Graham Vick
Guillaume Tell
Juan Diego Flores
Marina Rebeka
Michele Mariotti
Nicola Alaimo

Index des mots-clés

Les derniers tests

Envoyer cette page à un(e) ami(e)

Envoyer

Imprimer cette page

Imprimer

Peuvent également vous intéresser

Tutti Ovation
Wozzeck mis en scène par Andreas Homoki - Tutti Ovation
Saul mis en scène par Barrie Kosky à Glyndebourne, Tutti Ovation
Adam's Passion d'Arvo Pärt mis en scène par Robert Wilson - Tutti Ovation
L'Elixir d'amour - Baden-Baden 2012 - Tutti Ovation
Les Maîtres chanteurs de Nuremberg - Salzbourg 2013 - Tutti Ovation

Se connecter

S'identifier

 

Mot de passe oublié ?

 

Vous n'êtes pas encore inscrit ?

Inscrivez-vous

Fermer

logoCe texte est la propriété de Tutti Magazine. Toute reproduction en tout ou partie est interdite quel que soit le support sans autorisation écrite de Tutti Magazine. Article L.122-4 du Code de la propriété intellectuelle.