DVD Jaquette de : Cherubini : Médée (Nadja Michael) - La Monnaie 2011

Distribution

Interprètes
  • Nadja Michael
    Médée
  • Kurt Streit
    Jason
  • Christianne Stotijn
    Néris
  • Vincent Le Texier
    Créon
  • Hendrickje Van Kerckhove
    Dircé
  • Gaëlle Arquez
    Première servante
  • Anne-Fleur Inizan
    Deuxième servante
  • Alex Burger
    Enfant
  • Louis Malotaux
    Enfant
  • Chœurs de La Monnaie
Mise en scène
Krysztof Warlikowski
Orchestre
Les Talens Lyriques
Chef d'orchestre
Christophe Rousset
Réalisation
Stéphane Metge
Origine
La Monnaie, Bruxelles
Année
2011

Informations techniques

Durée
139'
Nombre de disques
2
Zone/Région
Zone ALL
Éditeur
Bel Air Classiques
Distributeur
Harmonia Mundi
Date de sortie
20/11/2012

Vidéo

Couleurs/N&B
Couleurs
Format images
1.78
Format vidéo
16/9 compatible 4/3
Codec/Standard vidéo
NTSC

Audio

Version(s) sonore(s)
5.1 DD
Stéréo PCM
Sous-titres
•  Allemand
•  Anglais
•  Français
•  Néerlandais

Cherubini : Médée (Nadja Michael) - La Monnaie 2011 DVD

Note générale : 7/10

Luigi Cherubini

Opéra


Présentée à La Monnaie de Bruxelles en septembre 2011, la Médée de Cherubini dirigée par Christophe Rousset et mise en scène par Krysztof Warlikowski était donnée en décembre 2012 à Paris au Théâtre des Champs-Élysées et faisait encore couler beaucoup d’encre… Débat passionnant entre les tenants de l’œuvre originale intacte et ceux d’un opéra actualisé. La présente captation bruxelloise avec Nadja Michael dans le rôle-titre, éditée en Blu-ray et DVD par Bel Air Classiques, cristallise tant l’événement que la question.

 

Nadja Michael interprète le rôle-titre de <i>Médée</i> à La Monnaie de Bruxelles.  Photo Bernard Coutant

 

 

Nadja Michael dans <i>Médée</i>.  Photo Bernard CoutantElle en aura connu, des vicissitudes, la Médée de Luigi Cherubini !
Avant de bénéficier de la reconnaissance de Beethoven puis celle, posthume, de Brahms, elle aura des débuts plutôt mitigés à Paris en 1797, jugée trop sombre pour les amateurs de Boieldieu et autres Méhul.
Après un bref passage par l’Italie, elle connaîtra une véritable consécration par Maria Callas en 1953, dirigée par Bernstein, mais dans une version passablement remaniée. Et si, entre-temps, les alexandrins de François-Benoît Hoffman lui ont été restitués, c’est pour mieux les lui retirer de nouveau aujourd’hui, dans cette version aussi historiquement justifiée sur le plan musical que totalement revue et corrigée sur le plan dramaturgique.

Il faut dire que cette histoire de couple déchiré n’a rien perdu de son actualité et de sa violence, et c’est précisément ce qu’a voulu montrer le metteur en scène Krysztof Warlikowski en adaptant, avec Christophe Longchamp, le texte parlé original, dans un français passablement brutal et cru, et finalement crédible en tant que tel dans le contexte de cette adaptation.
Accompagné d’une scénographie tout aussi virulente, avec ses environnements confinés, métalliques et grossièrement tagués, ce texte parlé offre un contraste saisissant avec l’élégance - dramatique, certes - de la musique, magnifiquement dirigée par Christophe Rousset. Au-delà des effets de manche propres au répertoire post-gluckiste du XVIIIe siècle finissant, on retiendra le timbre racé, puissant et noble des Talents Lyriques, un orchestre comme on en a rarement entendu. Une véritable réussite, donc, et le garant de l’identité de l’œuvre originelle, comme une mise en perspective du sujet par rapport à l’adaptation théâtrale qui en est faite. Il y a d’un côté l’actualité d’un fait de société d’aujourd’hui, et de l’autre ses origines historiques, voire mythologiques, de Cherubini à Euripide.

 

 

<i>Médée</i> mis en scène par Krysztof Warlikowski à La Monnaie de Bruxelles.  Photo Bernard Coutant

 

 

Christianne Stotijn (Néris) et Nadja Michael (Médée).  Photo Bernard CoutantPour intelligent et fort qu’il soit, ce parti pris très actuel n’en pose pas moins la question de sa pertinence, ainsi que celle de son efficacité et de sa réussite sur le plan artistique.
On peut en effet raisonnablement se demander à quel spectacle on va assister : quelle est cette Médée ? Certes, l’œuvre originelle, en tant que théâtre chanté et non pas alternance de récitatifs et d’airs, ouvrait assez naturellement le champ à ce genre de restructuration – l’histoire de son interprétation le prouve d’ailleurs assez nettement. Mais ce bricolage façon "sample" ne dessert-il finalement pas Cherubini lui-même. Ne met-il pas l’œuvre musicale en arrière-plan, avec au premier plan le drame actuel en une simple mise en perspective, comme un rideau de fond de scène ?
De fait, la grossièreté de la scénographie (Médée en Amy Winehouse et Jason en Tarzan "dreadlocké" à la Disney) et celle du texte ne manquent d’attirer l’attention, de manière plus "facile" que la musique. Conséquence : le fossé qui s'installe entre les deux arts - lyrique et dramatique - de s’élargir à l’excès et de rendre difficile la connexion entre les deux univers, comme s’il ne s’agissait finalement pas de la même histoire, mais de deux œuvres qu’on aurait fait cohabiter de force. Un véritable paradoxe, certes, mais c’est bien un sentiment de déséquilibre que nous inspire ce spectacle, presque un vertige entre deux univers inconciliés et mutuellement destructeurs.

 

 

Nadja Michael (Médée), Alex Burger et Louis Malotaux dans <i>Médée</i> à La Monnaie.  Photo Bernard Coutant

 

 

Nadja Michael (Médée) et Kurt Streit (Jason).  Photo Bernard CoutantOr, comme si les choses n’étaient pas assez complexes comme cela, l’interprétation des chanteurs vient passablement compliquer davantage le tableau. En effet, si les seconds rôles (le Créon autoritaire de Vincent Le Texier, la Dircé de Hendrickje Van Kerckhove et la Néris de Christianne Stotijn, excellentes comédiennes) nous offrent de très beaux moments musicaux, parfois même extrêmement raffinés, les deux héros pêchent et musicalement et dramatiquement. Certes, Nadja Michael possède une flamme qui ne laisse pas indifférent et la voici tout habitée par son rôle de femme et de mère furieuse et ivre (dans tous les sens du terme) de vengeance. Quelle puissance dans la voix (et dans le regard), quelle projection de folie ! Mais cette folie déteint sur la précision de sa voix qui en devient parfois criarde, alors qu’elle ne manque pourtant pas d’atouts.
Tel n’est pas forcément le cas de Kurt Streit, son ex-mari à la scène, dont le timbre étroit et l’articulation parfois imprécise perturbent l’audition et décrédibilisent le rôle. Sans compter les moments parlés. N’étant pas français, les deux chanteurs/acteurs déclament leur texte en surarticulant. Résultat : si l’on comprend parfaitement les mots et si l’on sent nettement leur engagement, l’absence de naturel et de fluidité plombe les échanges qui perdent en force ce qu’ils gagnent malheureusement en formalisme.

 

Nadja Michael dans <i>Médée</i> à La Monnaie de Bruxelles en septembre 2011.  Photo Bernard Coutant

 

Bien que discutable pour son extrémisme, le projet de ce spectacle paraissait véritablement intéressant sur le papier, posant la question de l’actualité des œuvres du passé, de leur actualisation et des limites de cette actualisation à la lumière de l’Histoire. Malheureusement, c’est précisément sur sa propre argumentation que cette production pêche, ratant le coche d’une œuvre potentiellement fondatrice d’une nouvelle manière d’aborder l’opéra, voire d’une nouvelle manière de lire le passé.

 

À noter : Les Actes I et II sont proposés sur le DVD 1(103'12) ; l'Acte III, sur le DVD 2 (35'27).


Lire le test du Blu-ray Médée de Cherubini avec Nadja Michael à La Monnaie


Retrouvez la biographie de Luigi Cherubini sur le site de notre partenaire Symphozik.info

Jean-Claude Lanot

Suppléments du DVD

Aucun.

Bande-annonce du DVD

Critique Images et Son du DVD

Images

Les partis pris de la production visent plutôt les couleurs grises et peu chatoyantes et les éclairages assez bas. Le master HD compose donc avec ces choix et ne peut fournir de contrastes probants lorsque la lumière est trop faible. Ceci étant, l'atmosphère est parfaitement véhiculée. La précision globale de ce DVD est toutefois très nettement inférieure à ce qu'offre le Blu-ray de ce programme dans ces conditions assez difficiles. Reste que la précision des gros plans (parfois trop nombreux et surtout trop révélateurs) est assez admirable. On notera par ailleurs quelques saccades dans les mouvements rapides.

Son

La piste stéréo diffuse un orchestre au son assez malingre et étriqué. Les forte semblent proches de la saturation, peu de détails parviennent à immerger et la fosse se trouve reléguée bien derrière les chanteurs dès que ceux-ci interviennent. Les voix, en revanche sont plus avantagées et un bon équilibre s'installe entre chanteurs solistes et masse chorale.
Le mixage 5.1 propose un bien meilleur équilibre entre la scène et la fosse. L'orchestre s'épanouit et les instruments gagnent une certaine autonomie d'expression. Les voix sont bien mieux projetées et la teneur des timbres paraît mieux affichée. Le caisson de basses apporte plus de solidité à la diffusion, et les enceintes arrière, discrètement mixées, aèrent l'écoute. Malheureusement, l'encodage Dolby Digital, s'il infuse une dynamique assez percutante, écrase les harmoniques qui deviennent assez pauvres. Nous ne saurions trop recommander l'encodage DTS HD Master Audio du Blu-ray de cette Médée, le meilleur des partis à choisir.

Note technique : 7/10

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Christophe Rousset
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