Blu-ray Jaquette de : Il Giasone (Christophe Dumaux)

Distribution

Interprètes
  • Christophe Dumaux
    Giasone
  • Katarina Bradic
    Medea
  • Robin Johanssen
    Isifile
  • Andrew Ashwin
    Ercole/Oreste
  • Filippo Adamia
    Demo
  • Josef Wagner
    Giove/Besso
  • Angélique Noldus
    Amore/Alinda
  • Yanniv D'Or
    Delfa/Eolo
  • Emilio Pons
    Egeo/Sole
Mise en scène
Mariame Clément
Orchestre
Symphony Orchestra of Vlaamse Opera
Chef d'orchestre
Federico Maria Sardelli
Réalisation
Matteo Ricchetti
Origine
Vlaamse Opera, Antwerp
Année
2010

Informations techniques

Durée
198'
Nombre de disques
1
Zone/Région
Région ALL
Éditeur
Dynamic
Distributeur
Codæx France
Date de sortie
30/05/2012

Vidéo

Couleurs/N&B
Couleurs
Format images
1.78
Codec/Standard vidéo
AVC
Résolution vidéo
1080i

Audio

Version(s) sonore(s)
5.1 DD
5.1 DTS HD Master Audio
Stéréo PCM
Sous-titres
•  Allemand
•  Anglais
•  Coréens
•  Espagnol
•  Français
•  Italien

Il Giasone (Christophe Dumaux) Blu-ray

Note générale : 6/10

Francesco Cavalli

Opéra


Première mondiale au DVD et au Blu-ray, Il Giasone nous plonge dans l’univers de Francesco Cavalli et de Giacinto Andrea Cicognini mais aussi au sein d'un baroque revisité par l’étoile montante de la mise en scène d’opéra, Mariame Clément. Cette parution de l'éditeur italien Dynamic qu'il convient de saluer prouve toutefois que succomber à l’effet de mode ne suffit pas nécessairement pour proposer une lecture cohérente d’une œuvre profondément complexe.

Katarina Bradic (Médée) et Christophe Dumaux (Jason) dans <i>Il Giasone</i> de Francesco Cavalli.

 

Katarina Bradic dans <i>Il Giasone</i> de Francesco Cavalli.La mise en scène de l’opéra baroque a toujours posé problème. Reconstitution kitsch (Ponnelle), épure (Pizzi), actualisation (Kent), réinterprétation (McDermott et Crouch)… On pourrait multiplier les exemples à l’envi et se réjouir d’une absence totale de conformisme qui fait de ce répertoire un véritable ferment de créativité.
À l’inverse, le risque est parfois de profiter du flou artistique propre au concept de "baroque" pour plonger dans le grand n’importe quoi. En effet, si "baroque" peut rimer avec "fantaisie", cette dernière n’est jamais gratuite. Le baroque donne à voir et à entendre ; il est un spectacle. Mais s’il en rajoute toujours plus, c’est parce que son emphase est proportionnelle à l’angoisse d’un temps où les hommes cherchent leur place dans le monde. Ce monde en pleine expansion, perdu entre les deux infinis pascaliens ; monde bouleversé, dont le Dieu ne contrôle finalement plus les destinées, désormais ballottées au gré des événements et de la folie de certains. Il y a du pathétique dans ce baroque qui se débat tel Phaéton pour se faire soleil, tout en sachant que la chute est inéluctable. Destinée comparable pour ce Giasone qui perd avec le librettiste Giacinto Andrea Cicognini sa stature de héros mythologique pour devenir un homme fuyant la contingence d’un foyer à travers gloires et amours passagères, mais qui finit par se rendre compte de sa propre misère et rentre dans le rang matrimonial et parental.

 

Katarina Bradic (Médée) et Emilio Pons (Égée) dans <i>Il Giasone</i> de Francesco Cavalli en 2010.

 

Filippo Adamia chante le rôle de Démo.Une représentation de l’humanité finalement très actuelle, même si ce "happy ending" faisant la part belle à la femme et à la famille demeure très idéal. Cette dimension n’a nullement échappé à la metteur en scène Mariame Clément qui a cherché à conserver la dimension mythologique constitutive de l’œuvre, tout en en soulignant sa dimension humaine dans sa pauvreté. De là un certain nombre d’idées scénographiques pertinentes comme la situation de l’intrigue dans un chantier de fouilles archéologiques, pour bien montrer la stratigraphie d’une œuvre riche, aux multiples couches de signification. Un savant jeu de tuyaux et passages secrets n’est pas non plus sans évoquer labyrinthes et autres décors à tiroirs du XVIIe siècle.

Robin Johanssen chante le rôle d'Hypsipyle.Éminemment plus discutable, cependant, est le choix arrêté pour représenter cette dualité homme/mythe ou encore homme/héros, et d’inventer une "nouvelle" mythologie. Discutable et présomptueux. Si Jonathan Kent avait su tout autant nous faire rire et charmer nos sens avec sa campagne de pacotille et ses lapins libidineux dans The Fairy Queen à Glyndebourne, dans ce Il Giasone, difficile de rire ou d'être charmé. Grotesque et pathétique sont au rendez-vous avec un Jason tantôt toréador, tantôt boxeur, un Hercule footballeur américain ou encore un Démo flanqué d’oreilles de lapin. On touche même au contresens quand épouse fidèle contre vents et marée, Hypsipyle, devient une madone flanquée de ses jumeaux et d'une poitrine débordante.
Et pour l’érotisme, vanté dans l’entretien avec Mariame Clément proposé en bonus, on repassera, tant ces mains baladeuses sur le corps nu et fraîchement rasé de Christophe Dumaux (Jason) tient plus des fiancées du Dracula de Coppola que d’une véritable représentation de la sensualité.

 

Christophe Dumaux interprète le rôle de Jason dans <i>Il Giasone</i> de Cavalli mis en scène par Mariame Clément.

 

Mythologie ne veut pas dire collage, empilement ou agrégation. Notre temps est celui de la référence, du sample. Madonna recycle Abba, Shrek cite Disney, et les exemples ne manquent pas… On se délecte du jeu de piste que proposera l’artiste. Mais pour en arriver où ? La coquille est désespérément vide, au point que la finalité de la référence… c’est la référence elle-même. C’est ce qui se passe ici, où la critique a salué les clins d’œil, les anachronismes, mais pour ce qu’ils sont. Le chantier de fouilles sémantique a perdu l’essentiel de ses strates. Assurément parce que le propos scénographique n’allait pas plus loin. Et ce conglomérat sans finalité est d’autant plus indigeste qu’il s’oppose nettement à la musique.

 

Andrew Ashwin (Hercule).Emilio Pons (Égée).

 

 

 

 

 

 

 

 







Il Giasone
fut le plus populaire des opéras vénitiens. Le fait est que l’époque s’est non seulement retrouvée dans le livret, mais a été conquise par cette musique, pour le coup réellement sensuelle. Comment ne pas être ému par les lamenti désespérés d’Hypsipyle, ou encore le traitement tragique de Médée ? Saluons en cela la performance des musiciens de l’Orchestre de l’Opéra de Flandre, dirigés avec dévotion et émotion par le Maestro Federico Maria Sardelli, lequel signe les interludes et joue qui plus est de la flûte à bec ! Saluons également celle des jeunes chanteurs de cette distribution. Certes, aucune prestation vocale n’est ici irréprochable : timbre légèrement pincé de Christophe Dumaux, manque de présence des seconds rôles, peut-être à cause du cabotinage qu’on leur impose. Mais quel engagement, quels talents prometteurs ! La force de ce plateau réside précisément dans son homogénéité. Ce n’est pas pour rien que le même Christophe Dumaux a été repéré par William Christie et a fait partie de son fameux Jardin des voix. La Médée de Katarina Bradic et l'Hypsipyle de Robin Johanssen convainquent sans peine par la sincérité de leur interprétation, l’une dans la tristesse l’autre dans l’énergie. Le timbre d’Andrew Ashwin (Hercule) n’est pas transcendant et mériterait plus de stabilité et de couleur, mais la présence est là et il sait défendre son rôle bec et ongle malgré le ridicule de sa tenue.
Un plateau plus qu’honorable, donc, qui sait soutenir et magnifier cette belle partition adaptée du manuscrit de Vienne. Là est le baroque, là est le drame principalement incarné par Médée, là est la beauté.

 

Scène finale de <i>Il Giasone</i> mis en scène par Mariame Clément.

 

À la fin de l'œuvre, Jason prend conscience avec une modestie retrouvée de sa vraie place dans l’humanité. Un exemple qui n’a pas été suivi par la mise en scène qui cache la prétention d’une étoile montante des scènes européennes derrière un traitement finalement bien condescendant du livret et du public.
Avant de prétendre créer un mythe, il faut avoir des choses à dire.


À noter : Le DVD 1 propose les Actes I et II (96'40) ; le DVD 2, les Actes III et IV (101'25).

 



Lire le test du DVD Il Giasone

Jean-Claude Lanot

Suppléments du Blu-ray

Mariame Clément.

 

 

En HD et en anglais stéréo DD, avec les mêmes sous-titres que ceux du programme principal :


- Entretien avec Mariame Clément, sur ce qu’elle considère être la dimension baroque de sa mise en scène, ainsi que la dimension érotique de l’œuvre, qu’elle explique avec la candeur d’une petite fille modèle… (Netteté des images toute relative, 5')

 

Bande-annonce du Blu-ray

Critique Images et Son du Blu-ray

Images

La première impression délivrée par ce master vidéo est celle d'une définition fuyante sur de nombreux plans - un comble pour de la HD - et de couleurs ternes voire laides. Laides car sales et tristes et non-valorisées par un contraste digne de ce nom. Par la suite, certaines couleurs extrêmement saturées nous viendront des costumes lors de scènes particulièrement éclairées. Mais là, on frise l'indigestion. De plus un certain bruit vidéo s'invite sur les aplats des zones sombres et les caméras paraissent très mal réagir à la nature intrinsèque des projecteurs utilisés sur le plateau. Bien décevant, en vérité.

Son

La stéréo, assez équilibrée entre scène et fosse, fait preuve d'une fort bonne intelligibilité mais sonne en définitive assez étriquée. Toutefois, la dynamique est bien présente.
Le mixage 5.1 ouvre la scène avant et projette les voix d'une façon plus réaliste. Mais elles deviennent le plus souvent criardes dans les forte et la fatigue du spectateur sera vite provoquée. Cela est particulièrement vrai avec l'encodage Dolby Digital dont on se demande l'objet de sa présence lorsque Dynamic propose par ailleurs un encodage DTS HD Master Audio. De fait, ce choix se révèle bien meilleur quant à la richesse des harmoniques mais n'empêche aucunement la restitution de forte ingrats. Le multicanal propose des basses assez présentes en utilisant à bon escient le caisson de graves et les haut-parleurs arrière parviennent à élargir le champ d'une façon assez convaincante.

Note technique : 5/10

Acheter ce titre

Tutti-magazine.fr est un site gratuit. Vous pouvez lui apporter votre soutien en commandant dans la Boutique Amazon les titres présentés aux mêmes prix et conditions de livraison que sur Amazon.fr

Mots-clés

Christophe Dumaux
Federico Maria Sardelli
Francesco Cavalli
Il Giasone
Katarina Bradic
Mariame Clément
Symphony Orchestra of Vlaamse Opera

Index des mots-clés

Les derniers tests

Envoyer cette page à un(e) ami(e)

Envoyer

Imprimer cette page

Imprimer

Peuvent également vous intéresser

Tutti Ovation
Wozzeck mis en scène par Andreas Homoki - Tutti Ovation
Saul mis en scène par Barrie Kosky à Glyndebourne, Tutti Ovation
Adam's Passion d'Arvo Pärt mis en scène par Robert Wilson - Tutti Ovation
L'Elixir d'amour - Baden-Baden 2012 - Tutti Ovation
Les Maîtres chanteurs de Nuremberg - Salzbourg 2013 - Tutti Ovation

Se connecter

S'identifier

 

Mot de passe oublié ?

 

Vous n'êtes pas encore inscrit ?

Inscrivez-vous

Fermer

logoCe texte est la propriété de Tutti Magazine. Toute reproduction en tout ou partie est interdite quel que soit le support sans autorisation écrite de Tutti Magazine. Article L.122-4 du Code de la propriété intellectuelle.