Après avoir fait l'éloge des Symphonies du grand aîné Beethoven dirigées par Christian Thielemann, mais à la tête du Wiener Philharmoniker et non des forces de Dresde, nous voici à nouveau face à un autre monument symphonique, moins important en quantité mais d'une autre corpulence et d'un intérêt différent, celui des quatre Symphonies de Brahms. Ce que nous avions écrit à propos de la direction de Christian Thielemann à propos de son approche de Beethoven s'applique à Brahms avec une égale constance. Aussi, nous renvoyons nos lecteurs aux critiques détaillées des Symphonies de Beethoven parues chez C Major en DVD et en Blu-ray… Ajoutons que la magnifique version du Requiem Allemand dirigée par Thielemann en 2007 à la tête du Münchner Philharmoniker nous donnait déjà un avant-goût de ce que nous allions entendre dans le pur symphonique.L'audition des Symphonies de Brahms ne fait que conforter notre position : le chef allemand, très jeune assistant de Karajan, a bien évidemment retenu les leçons de son maître, mais a su heureusement se les approprier pour les repenser à sa façon. Si Thielemann s'inscrit ouvertement dans la tradition germanique, il réussit le tour de force de nous convaincre que la symphonie, chez Brahms, est bien autre chose que de la lourdeur, du démonstratif ou du superficiel.
Christian Thielemann n'est pas de ces chefs qui enfoncent le clou. Pour preuve, les premières mesures de la Symphonie No. 1, trop souvent vainement martelées avec lourdeur, deviennent avec lui une pulsation rythmique d'une tout autre envergure. Il s'inscrit d'emblée dans un discours qui va rechercher constamment sa ligne directrice dans l'écriture même de l’œuvre. D'où cette impression que c'est justement par celle-ci que le chef parvient à mener à terme un tel naturel sans imposer d'emblée sa vision personnelle, comme aurait pu justement le faire un Karajan. Ce respect de l’œuvre porte ses fruits tout du long des quatre Symphonies, et il s'en dégage un grand plaisir de jouer et d'écouter, sans aucun ennui, même pendant les parties les plus statiques de certains mouvements lents.
La personnalité de Brahms, davantage introvertie et contemplative qu'exubérante, transparaît avec fidélité dans ces interprétations. À la fois romantique et classique, proche de la musique pure sans programme ni description ouverte, Thielemann a parfaitement intégré cette manière si particulière de composer. Chaque pupitre a quelque chose à dire et fuit le remplissage abusif. Thielemann se contente de les mettre en valeur tout en respectant l'équilibre et la densité qui forment les bases fondamentales pour interpréter Brahms. La réussite en devient totale…
À noter : Cette intégrale des Symphonies de Brahms est présentée en coffret contenant deux boîtiers Amaray. Dans le premier, le DVD 1 propose les Symphonies Nos.1 et 2 (103’12), et le DVD 2, les Symphonies Nos. 3 et 4 (90’08). Dans le second boîtier, le DVD 3 est consacré au documentaire Discovering Brahms (51'33).
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Nicolas Mesnier-Nature