DVD Jaquette de : Le Bourgeois gentilhomme - Ariane à Naxos (Salzbourg - 2012)

Distribution

Interprètes
  • Emily Magee
    The Primadonna/Ariadne
  • Elena Mosuc
    Zerbinetta
  • Jonas Kaufmann
    The Tenor/Bacchus
  • Eva Liebau
    Naiad/A Shepherdess
  • Marie-Claude Chappuis
    Dryad/A Shepherd
  • Eleonora Buratto
    Echo/A Singer
  • Gabriel Bermudez
    Harlequin
  • Michael Laurenz
    Scaramuccio
  • Tobias Kehrer
    Truffaldino
  • Martin Mitterrutzner
    Brighella
  • Peter Matic
    The Major-Domo
  • Cornelius Obonya
    Monsieur Jourdain
  • Michael Rotschopf
    Hofmannstal/Dorante
  • Regina Fritsch
    Ottonie/Dorimène
  • Thomas Frank
    The Composer
Mise en scène
Sven-Eric Bechtolf
Chorégraphie
Heinz Spoerli
Orchestre
Wiener Philharmoniker
Chef d'orchestre
Daniel Harding
Réalisation
Hannes Rossacher
Origine
Salzbourg
Année
2012

Informations techniques

Durée
192'
Nombre de disques
2
Zone/Région
Zone ALL
Éditeur
Sony Classical
Distributeur
Sony Classical
Date de sortie
30/06/2014

Vidéo

Couleurs/N&B
Couleurs
Format images
1.78
Format vidéo
16/9 compatible 4/3
Codec/Standard vidéo
NTSC

Audio

Version(s) sonore(s)
5.0 DTS mi-débit
Stéréo PCM
Sous-titres
•  Allemand
•  Anglais
•  Chinois
•  Coréens
•  Espagnol
•  Français

Le Bourgeois gentilhomme - Ariane à Naxos (Salzbourg - 2012) DVD

Ariadne auf Naxos

Tutti ovation

Note générale : 10/10

Richard Strauss

Opéra


Été 2012. Le Festival de Salzbourg ressuscite la version originale d'Ariane à Naxos. Sven Eric Bechtolf met en scène tandis que Daniel Harding dirige le Wiener Philharmoniker et une distribution au sein de laquelle brille un trio d'interprètes de choix : Elena Mosuc en Zerbinette, Emily Magee en Ariane et Jonas Kaufmann en Bacchus. Voyons si tous ces atouts parviennent à ressusciter le rêve originel porté par Hugo von Hoffmannstal et Richard Strauss…

Michael Rotschopf (Hofmannstal et Dorante) dans <i>Le Bourgeois gentilhomme</i> à Salzbourg.

 

En 2012, l'Opéra de Stuttgart créa un bien étrange opéra : Ariane auf Naxos. Immédiatement consécutif au triomphal Chevalier à la rose, ce nouvel opus était né de la même imagination qui avait également accouché d'Elektra : celle d'Hugo von Hoffmannstal. Cette fois-ci, il s'agissait d'inclure dans la même soirée une pièce de théâtre flirtant déjà avec la musique : Le Bourgeois gentilhomme de Molière/Lully et l'opus nouveau de Strauss, Ariane à Naxos. La musique de Lully s'y voyait remplacée par celle du compositeur adulé du Chevalier, la turquerie finale de la pièce par cette Ariane. Étrange idée en vérité, de par sa bâtardise annoncée, de par la durée qu'elle imposait (environ 5 heures tout compris !), et qui parvint si peu à convaincre, qu'en 1916, les auteurs en présentèrent la version que tout un chacun connaît aujourd'hui, qui abandonnait la pièce la trop longue de Molière, la remplaçant par un Prologue d'une bonne heure et conservait l'opéra lui-même. Au départ, imaginé comme un simple divertissement en guise de remerciement pour Max Reinhardt qui avait participé à la mise en scène du Chevalier à la rose, Ariane à Naxos devint un bijou musical d'une imparable efficacité théâtrale, chéri tant du public que des metteurs en scène.
Alors fallait-il revenir à la version originale ? Disons-le tout net : au vu de la réussite salzbourgeoise, oui, mille fois oui.

 

Cornelius Obonya interprète Monsieur Jourdain dans <i>Le Bourgeois gentilhomme</i> à Salzbourg.

 

La version très fouillée, si proche de l'esprit d'Hoffmannstal, que Sven-Eric Bechtolf donne à voir diffère quelque peu de celle conçue par le librettiste de Strauss, en allant plus loin encore, mais nul doute qu'elle aurait ravi les deux auteurs d'Ariane à Naxos.
Ariane à Naxos telle qu'on la connaît désormais est une délectable mise en abyme du petit monde de l'Opéra. Bechtolf, ne se contentant pas de ce dispositif, en rajoute un supplémentaire en incluant dans l'intrigue le personnage d'Hoffmannstal lui-même. Un Hoffmanstal amoureux d'une jolie veuve qu'il va tenter de séduire toute la soirée. Comme l'on dit au cinéma : "inspiré d'une histoire vraie" : en fait, de la correspondance que le vrai Hoffmannstal entretint avec Ottonie von Degenfeld-Schonburg.

 

Peter Matic (The Major-Domo) et Regina Fritsch (Ottonie) dans <i>Le Bourgeois gentilhomme</i> à Salzbourg.

 

Ce suspense amoureux inédit se superpose à celui, qui nous est familier, d'Ariane et de Bacchus, lui-même serti par celui du Compositeur et de Zerbinetta : trois intrigues pour le prix d'une ! Cela pourrait s'intituler : "Dans le cerveau d'Hugo von Hofmannstal". La totale lisibilité du travail du metteur en scène fonctionne à un point tel que l'on n'est jamais perdu. Elle présente de surcroît l'avantage de trouver des plus captivants le souvent longuet duo Ariane/Bacchus. Les sous-titres, dont ne bénéficiaient certainement pas les festivaliers français de l'été 2012, sont bien sûr indispensables pour saisir toute la finesse du remarquable travail de Bechtolf : les comédiens de la première partie consacrée à un Bourgeois gentilhomme judicieusement réduit à 1h30, sont tous remarquables : bien sûr le Jourdain très amusant mais aussi soudainement saisi par la grâce de Cornelius Obonya, le Majordome raide à souhait de Peter Matic mais surtout l'Hoffmannstal classieux de Michael Rotschopf dont on partage tous les frémissements d'approche amoureuse, et l'Ottonie gracieuse, délicate et subtilement dessinée de Regina Fritsch.

 

Regina Fritsch (Ottonie et Dorimène) dans <i>Le Bourgeois gentilhomme</i> en 2012 à Salzbourg.

 

Le décor de la première partie s'ouvre d'abord sur une spacieuse salle délimitée par de gigantesques baies vitrées avec vue sur une frémissante végétation, pour se réduire ensuite pour la scène du souper et nous emmener enfin dans le monde fascinant de l'envers du décor. Là, dans une lumière crépusculaire, se maquillent les héros de l'Ariane que l'on verra après l'entracte mais aussi ceux des opéras passés et à venir : la Maréchale y croise Elektra mais aussi l'Impératrice en devenir (son tour n'adviendra qu'en 1919)…La fin de ce Prologue est un monument d’émotion subtile où la très belle et trop méconnue partition néoclassique de Strauss (avec citations et auto-citations) fait des merveilles. Comment la belle Ottonie va-t-elle pouvoir ne pas craquer pour le racé Hugo devant tant d'intelligence esthétique réunie pour elle… Il est clair que pour tous les amoureux de Richard Strauss, la fête est totale et qu'à ce stade du spectacle le pari est gagné !

 

Emily Magee (The Primadonna/Ariadne) et Elena Mosuc (Zerbinetta) dans <i>Ariane à Naxos</i> mis en scène par Sven-Eric Bechtolf.

 

Après l'entracte, c'est au tour de l'opéra proprement dit, plus long de dix bonnes minutes que dans la version que nous connaissons. Le décor originel réapparaît, substantiellement modifié par l'ajout d'un public en miroir de celui du festival mais surtout par l'ajout de pianos fracassés, belle métaphore du rêve brisé du Compositeur qui voit, pour les raisons les plus pragmatiques, son opéra faire les frais du vernis culturel de son mécène : durée réduite de son œuvre avec l'invraisemblable imbrication, dans le drame d'Ariane, du spectacle comique qui devait lui être consécutif, au simple motif que le feu d'artifice prévu à la dernière minute puisse commencer à l'heure !
Tout est dit des arcanes de notre actuelle époque lyrique dans ce bijou d'intelligence de 100 ans d'âge qu'est Ariane à Naxos: affres de la composition, ego des divas, relations amoureuses en deçà mais aussi, au-delà du décor, pouvoir de l'argent, arrivisme culturel… Le tout est parfaitement senti par le metteur en scène et le résultat de son travail si intelligent que l'on quitte à regret la compagnie d'une telle élévation de pensée. On laissera la surprise de l'évolution des 3 intrigues imbriquées mais tout juste émettra-t-on un regret quant à la dernière image consacrée à Jourdain… Peu de choses bien sûr, face à la splendeur d'un tel spectacle.

 

Jonas Kaufmann (Bacchus) et Emily Magee (Ariadne) dans <i>Ariane à Naxos</i> à Salzbourg.

 

Splendeur que l'on retrouve dans la partie vocale : l'Ariane d'Emily Magee, entre opulence calculée et savoureux second degré, procure suffisamment de frisson pour qu'on n'éprouve pas le besoin de la comparer avec telle ou telle de ses devancières.
Jonas Kaufmann, rejouant avec Bechtolf le Siegfried apeuré de Chéreau, nous venge en revanche de tant et tant de Bacchus fatigants dont la testostérone décibellisée, à même de nous faire avoir les oreilles de Monsieur Jourdain face à une partie souvent impossible, avalise le problème que Strauss avait avec la tessiture de ténor. Gageons que celle de Jonas Kaufmann lui aurait probablement fait réviser son jugement… Avec Kaufmann en joyau léopard qui parvient à rendre intérieur ce rôle inchantable, le duo final, de tunnel démonstratif est devenu havre ensorcelant.

 

Elena Mosuc (Zerbinetta) et Gabriel Bermudez (Harlequin) dans <i>Ariane à Naxos</i> à Salzbourg.

 

C'est Zerbinette qui récolte le plus de mesures supplémentaires avec un air qui semble ne jamais vouloir finir mais dont Elena Mosuc, parfaitement virtuose, s'empare avec une chair vocale et un aplomb jubilatoire qui n'est pas loin de faire d'elle la reine de la soirée. À aucun moment on ne s'inquiète pour cette Zerbinette, de surcroît plus charnue que bien de ses aînées.
Gabriel Bermudez chante avec une belle mélancolie les deux minutes du plus beau passage de la partition (le Lied d'Harlekin) et complète avec bonheur un quatuor de Masques parfait où brille aussi le ténor bien timbré de Michael Laurenz en Scaramuccio. En irrésistible contrepoint féminin, le trio de Nymphes formé par Marie-Claude Chappuis, Eva Liebau et le soprano très pur de l'Echo d'Eleonora Buratto concourt à l'hédonisme vocal cher à Richard Strauss.

Daniel Harding dirige <i>Ariane à Naxos</i> en 2012 à Salzbourg.La partition comporte 60 musiciens mais on sait qu'ils peuvent sonner comme 120 tant le compositeur leur a confié d'étonnants effets d'orchestre. Ainsi celui, purement orchestral, à l'arrivée de Bacchus, ce grand accelerando censé faire ressentir à l'auditeur l'explosion des cœurs des protagonistes. Signalons que dans cette version de 2012, ce moment important est lui aussi plus développé. Daniel Harding le fait hélas sonner plus sèchement qu'on ne le souhaiterait. Très à l'aise dans l'écriture analytique de la première partie de la soirée, son Ariane est ensuite un peu clinique, peu encline aux débordements, mais finalement en lien direct avec l'intelligence du propos tenu par la scène, où l'intellect est aux commandes des corps.

On peut de prime abord s'étonner de ne pas trouver dans la production de Salzbourg les 9 numéros de la Suite d'orchestre Der Bürger als Edelmann que Strauss composa en 1918 pour une troisième mouture. Pour cette tentative ultime, Hoffmannstal avait réintroduit la pièce de Molière, s'était débarrassé de l'opéra, en rétablissant la Cérémonie turque, ne conservant que les 37 minutes de la musique de scène de Strauss à la place de celle de Lully. Deux numéros sont donc absents ici, version 2012 oblige, notamment une savoureuse parodie du Menuet de Lully.

 

Applaudissements pour <i>Le Bourgeois gentilhomme</i> et <i>Ariane à Naxos</i> à Salzbourg en 2012.

 

Hannes Rossacher capte avec la subtilité requise ce spectacle qui marque la mémoire, et auquel on a déjà envie de revenir (vive le DVD !). Pour tous les amoureux de cet opéra si original, qui mêle tous les arts, qui est à même de toucher le cœur de M. Jourdain, la production de Salzbourg est une parution essentielle pour l'histoire d'une œuvre dont la gestation complexe fut unique en son genre.



À noter : Le Bourgeois gentilhomme (Actes I et II) est proposé sur le DVD 1 (89’44) ; Ariane à Naxos, sur le DVD 2 (102’39).


Lire le test du Blu-ray Le Bourgeois gentilhomme/Ariane à Naxos avec Jonas Kaufmann à Salzbourg

Retrouvez la biographie de Richard Strauss sur le site de notre partenaire Symphozik.info

Jean-Luc Clairet

Suppléments du DVD

Aucun

Bande-annonce du DVD

Critique Images et Son du DVD

Images

La précision du master Haute Définition révèle de superbes détails sur les gros plans, et même la plupart des plans moyens. En revanche, les rares plans larges manquent de précision, à l’inverse du Blu-ray de ce programme à la qualité constante. Les éclairages et les couleurs de la production sont merveilleusement rendus et de puissant contrastes apportent un indéniable effet de relief au visionnage. Les contours sont finement sculptés et l’ensemble se laisse regarder avec un évident plaisir.

Son

En stéréo, les timbres des acteurs du Bourgeois gentilhomme sont parfaitement portés. La compréhension n’est jamais prise en défaut et les interventions de l’orchestre se marient parfaitement au jeu des comédiens. Dans Ariane à Naxos l’équilibre entre voix et instruments est pleinement satisfaisant. L’ensemble est clair et précis, secondé par une confortable dynamique.
Avec la piste multicanale, la présence des voix s’impose avec naturel, et la scène avant gagne en définition ainsi qu'en profondeur. Dans Le Bourgeois gentilhomme la présence des acteurs gagne en efficacité, tandis que les incursions de la fosse s’avèrent magnifiques de timbre et de présence. Dans Ariane à Naxos, les voix se parent d’un relief séducteur et la scène avant, tout en s’étoffant latéralement, trouve une profondeur surprenante à même de valoriser les pupitres de l’orchestre. Les enceintes arrière apportent une aération fort appréciable à l'ensemble et participent à l’immersion musicale de l’auditeur. Le rendu ne manque pas de basses mais l’intégration subtile du caisson de graves dans ce mixage aurait apporté une assise plus prononcée. Mais, en l’état, la reproduction reste de très haute tenue.

Note technique : 10/10

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Mots-clés

Ariane à Naxos
Daniel Bermudez
Daniel Harding
Elena Mosuc
Emily Magee
Festival de Salzbourg
Hugo von Hofmannstal
Jonas Kaufmann
Le Bourgeois gentilhomme
Richard Strauss
Sven-Eric Bechtolf

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