Dès l'Ouverture, l'orchestre, puis le chœur du Liceu de Barcelone, finement et habilement dirigés, nous font pénétrer dans l'atmosphère spéciale des Puritains, prélude à une action rapide, sans longueurs ni temps morts. Il faut reconnaître qu'à la toute fin de sa courte vie Bellini a su trouver pour son dernier opéra un juste dosage de la durée des airs, d'où une écoute aisée et un intérêt soutenu. Le compositeur habitait alors la ville de Puteaux, en région parisienne, où il s'était installé quelques années plus tôt. Bellini voulait faire de ses Puritains un opéra en français, mais il ne reçut pas à temps le livret qu'il souhaitait…
Tout au long des trois Actes de cette captation de 2001, les chanteurs nous régalent de leurs attitudes justes dans des rôles parfaitement assimilés, se jouant des difficultés techniques sans exagérations et avec la plus grande musicalité. La direction de Friedrich Haider, lyrique à souhait, trouve en permanence le bon tempo et assure un accompagnement précis et raffiné.
Edita Gruberova est une Elvira prodigieuse, et le timbre de sa voix, parfaitement captée, est merveilleusement reproduit au point de donner parfois la chair de poule. Les folles ovations du public, à l'issue de chacun de ses airs, sont impressionnantes, et particulièrement pour son Air de la folie, avant même qu'il ne soit terminé !
Mais la distribution dans son ensemble mérite également des éloges… Les barytons Carlos Álvarez (Riccardo) et Simón Orfila (Giorgio) font merveille tout au long de l'œuvre et plus particulièrement dans leur duo du Finale de l'Acte II. Le thème de ce duo, du reste, est devenu l'une des musiques les plus prisées de nos harmonies militaires… Quant au ténor José Bros, son Arturo ne connaît aucune faiblesse.
Il y a réellement de quoi se monter ému par tant de talents vocaux réunis au service d'une musique si bien écrite pour le chant. En outre, les costumes d'époque et décors dessinés par Michael Yeargan s'inscrivent dans une démarche on ne peut plus classique, laquelle devient l'écrin de l'art vocal d'Edita Gruberova, alors âgée de 55 ans.
Un témoignage important sur l'art du beau chant.
À noter : l'Acte I est proposé sur le DVD 1 (76'29) ; les Actes II et III sur le DVD 2 (82'42).
Daniel Barda