DVD Jaquette de : Agnès Letestu - L'Apogée d'une Étoile

Distribution

Interprètes
Réalisation
Marlène Ionesco
Origine
France
Année
2013

Informations techniques

Durée
93'
Nombre de disques
1
Zone/Région
Zone ALL
Éditeur
Delange Production
Distributeur
Delange Production
Date de sortie
09/12/2013

Vidéo

Couleurs/N&B
Couleurs
Format images
1.78
Format vidéo
16/9 compatible 4/3
Codec/Standard vidéo
PAL

Audio

Version(s) sonore(s)
Français stéréo DD
Sous-titres
•  Aucun

Agnès Letestu - L'Apogée d'une Étoile DVD

Note générale : 10/10

Documentaire  - Ballet


Le 10 octobre 2013, la danseuse Étoile Agnès Letestu faisait ses adieux au Ballet du Théâtre national de Paris dans La Dame aux camélias de John Neumeier. Dans la salle, l'émotion était palpable et c'est sous des applaudissements qui semblaient ne jamais pouvoir s'arrêter que le public a salué la danseuse à l'issue de la représentation… La caméra de Marlène Ionesco était présente ce soir-là. Avec L'Apogée d'une Étoile, la réalisatrice partage à sa manière de nombreux axes du splendide parcours de l'interprète jusqu'à cette soirée si spéciale…

 

Agnès Letestu répond aux questions de la réalisatrice Marlène Ionesco dans <i>L'Apogée d'une Étoile</i>.

 

<i>Regards sur une étoile</i> de Marlène Ionesco,  consacré à Agnès Letestu.

 

Nous avions déjà salué dans nos colonnes la qualité du travail de la réalisatrice Marlène Ionesco lors de la sortie en DVD de son film Une Vie de ballet consacré à Ghislaine Thesmar et Pierre Lacotte. C'est donc avec beaucoup d'intérêt que nous avons accueilli son nouveau documentaire sur Agnès Letestu : L'Apogée d'une Étoile… La relation entre la cinéaste et la danseuse n'est effectivement pas nouvelle puisqu'avec son film Regards sur une étoile, Marlène Ionesco réalisait déjà en 2005 un film sur le parcours de l'Étoile. Un préalable également édité en DVD.

Avant même qu'apparaisse le titre du film, dès les premières images de L'Apogée d'une Étoile, le ton est donné : Agnès Letestu, vêtue de la robe de Garance dans Les Enfants du Paradis, se tourne vers la caméra. Un subtil ralenti montre en quelques images ce que peuvent être l'intensité d'une présence en scène et la subtilité du regard qui la filme dans toute son essence. Quelques images plus tard, José Martinez rejoint Agnès Letestu pour un pas de deux intercalé avec les titres du film. La nostalgie véhiculée par la musique de Marc-Olivier Dupin aidant, la fin du film est pour ainsi dire déjà contenue dans son avant-propos. Comment alors ne pas saluer cette maîtrise de la cinéaste qui consiste à exposer la teneur d'un point de vue en seulement quelques secondes !

 

Nouveau rôle pour Agnès Letestu et soirée d'Adieux pour José Martinez dans <i>Les Enfants du Paradis</i> le 15 juillet 2011…

 

Très vite, la parole est donnée à la danseuse qui, sur fond d'images de répétitions avec Karl Paquette à l'Opera Garnier, témoigne de la difficulté de s'approprier un rôle qu'elle enfilera pourtant plus tard "comme un gant", allant même jusqu'à perdre la conscience des pas de danse exécutés sur scène tant ils sembleront naturels.
Agnès Letestu parle de l'importance du travail avec les partenaires dans la construction d'une carrière. Des associations qui, à longueur de journées de répétitions, deviennent des "partenaires de vie". À commencer par José Martinez avec lequel elle a tout dansé, sa "moitié artistique", pour finir par Stéphane Bullion qu'elle retrouvera dans La Dame aux camélias, ballet dans lequel elle fera ses adieux. José Martinez parle avec sincérité, mais peut-être aussi avec une légère peine, de cette rare collaboration entamée en raison d'une affinité de tailles et de personnalités à même de s'assembler - elle plus posée, lui plus instinctif - parvenant à se comprendre d'un simple regard. Le documentaire reviendra plus tard sur cette relation essentielle.
Un extrait du Pas de deux du cygne blanc tiré du Lac des cygnes à l'Opéra Bastille nous rappelle la magnifique captation de François Roussillon éditée par le label anglais Opus Arte. Mais, avant cet aboutissement, José Martinez explique comment il leur a fallu, quasiment seuls, construire leur rôle pour leur premier Lac… Un lien thématique semble par conséquent tout tracé : celui de l'importance de la transmission, un autre thème qui traverse les films de la réalisatrice. Ici, ce sera le triangle formé par Ghislaine Thesmar, Agnès Letestu et José Martinez, lorsqu'ils approfondiront leur approche du Lac des cygnes, après cette première expérience, privés du soutien d'un répétiteur.

 

José Martinez et Agnès Letestu réunis pour les Adieux de la danseuse Étoile le 10 octobre 2013.

 

Une des passions d'Agnès Letestu est le dessin de costumes de scène. Marlène Ionesco y reviendra à plusieurs reprises. Elle a réalisé ceux des Enfants du Paradis - pas moins de 300 costumes -, raison pour laquelle il lui a fallu attendre la reprise du premier ballet chorégraphié par José Martinez pour danser le rôle de Garance. Un rendez-vous de scène là aussi particulier puisque José Martinez devait faire ses adieux dans son ballet au côté d'Agnès Letestu ! Une prestation sous-tendue pour les deux artistes par la conscience de danser pour la dernière fois ensemble sur la scène de l'Opéra… Par le témoignage de José Martinez, la réalisatrice nous connecte de façon inattendue aux adieux annoncés d'Agnès Letestu qui articulent le film. Et le danseur de nous confier ce que sa partenaire lui disait peu avant son ultime représentation : "J'ai l'impression que tes adieux sont une fin pour moi aussi. Une moitié de moi part et ce ne sera plus pareil ensuite…". L'extrait de ballet qui suit insufflera au documentaire une qualité d'émotion particulière.

C'est une marque des films de Marlène Ionesco que de donner judicieusement la parole à diverses personnalités qui contribuent à développer sous différents angles le portrait du danseur auquel elle consacre un film.

 

Agnès Letestu et Emmanuel Thibault dans leur costume de <i>L'Enfant prodigue</i>.Hugues Gall, tout d'abord, Directeur de l'Opéra entre 1995 et 2004, revient sur la signification du terme "Étoile" et sur la nomination d'Agnès Letestu. On aurait aimé trouver ici quelques images de ce moment, mais existent-elles seulement ? On se rattrapera sur la magnifique Sirène interprétée par la danseuse Étoile dans Le Fils prodigue de Balanchine avec Emmanuel Thibault sur la scène de l'Opéra Garnier. Un rôle diablement féminin qu'elle a abordé alors qu'elle n'était encore que timide Coryphée. Un autre point soulevé ici, celui de la dichotomie entre la personnalité d'un interprète et les rôles qui lui sont confiés.

Témoignage du danseur Emmanuel Thibault, une autre relation proche datant, elle, des cours de Max Bozzoni que les deux danseurs suivaient alors qu'ils étaient très jeunes. Une relation fraternelle que la scène transforme dans le ballet de Balanchine qui leur permet de se retrouver sous les projecteurs.


Agnès Letestu revient sur sa rencontre avec Jérôme Robbins pour Dances at the Gathering, alors qu'elle était jeune Sujet. Un souvenir contrasté par une sorte de curieuse mise à l'épreuve de la danseuse par le chorégraphe ou comment, d'une situation, peut naître un malentendu, heureusement dissipé un peu plus tard.
Tout autre style chorégraphique que celui de Lettres d'un joueur, pas de deux de Pierre Lacotte créé pour Agnès Letestu et Stéphane Bullion à l'Opéra de Massy. Une expérience différente sur laquelle la danseuse s'exprime, très bel extrait du ballet, parfaitement filmé, à l'appui.

 

Le danseur Étoile Stéphane Bullion témoigne dans le film de Marlène Ionesco <i>Agnès Letestu - L'Apogée d'une Étoile</i>.

 

Ghislaine Thesmar témoignera de la responsabilité qui incombe à une Étoile : celle de prendre en charge le spectacle et faire passer au public un moment inoubliable. La manière dont Ghislaine Thesmar perçoit Agnès Letestu en dit long sur ses propres qualités d'observation et, par là même, sur ses qualités de pédagogue et de maître de ballet. Nous la suivons en répétition pour Cendrillon. Ghislaine Thesmar a alors cette phrase merveilleuse : "Pour aborder les dernières années d'une danseuse Ėtoile, on fait avec ce que l'on a". Et de parler de la notion du plaisir en scène, un plaisir qui n'est pas toujours au rendez-vous…

Le chorégraphe William Forsythe.La rencontre avec William Forsythe à beaucoup compté dans la carrière d'Agnès Letestu. Un témoignage sincère du chorégraphe vient apporter un autre éclairage sur l'artiste : une danseuse qui cherche à comprendre ce qui ne lui est pas nécessairement acquis de prime abord et qui ne craint pas de dire ce qu'elle pense. Extrait de Woundwork 1 à l'Opéra Garnier avec Hervé Moreau, Isabelle Ciaravola et Nicolas Le Riche.
De son travail avec le chorégraphe Jiri Kylian, Agnès Letestu a pu apprécier la façon différente de traiter les danseurs. Extraits de Kaguyahime avec Julien Mezindi et Vincent Chaillet, puis superbe solo, là encore très bien captés, avant un retour à l'échéance qui attend la danseuse par le biais d'un échange émouvant avec le chorégraphe, tout de tact.

 

 

Larrio Ekson explique comment Agnès Letestu lui a manifesté son désir de danser dans le ballet Signes de Carolyn Carlson et comment elle a apporté à l'œuvre quelque chose de différent par sa personnalité. Marlène Ionesco nous montre la chorégraphe américaine orientant la danseuse dans son intention. Ce ballet et cette rencontre très formatrice ont eu lieu deux mois avant ses adieux. Marlène Ionesco a capté ici, en quelques secondes, l'essence même du travail de Carolyn Carlson dans sa recherche de l'expression juste. Deux autres extraits de Signes avec Stéphane Bullion montrent en outre le dynamisme, l'humour et la précision de ce ballet, mais aussi sa subtile poésie.

Bruno Hamard et Agnès Letestu.Nous retrouvons Agnès Letestu avec Bruno Hamard dans le jardin de la maison de Ladon occupée il y a peu par le couple Ghislaine Thesmar-Pierre Lacotte. La propriété est désormais celle de la danseuse et de son compagnon. Cette maison et ce jardin pleins de charme ont également servi de cadre au précédent film de Marlène Ionesco Une Vie de ballet. Mais pour quelle raison cette incursion dans la vie privée dans le déroulement d'un sujet traité avec tant de finesse ? La réponse se situe à n'en pas douter dans les mots échangés à l'écran : derrière cette transmission de lieu de vie, tout un symbole de continuité entre deux générations d'artistes, un profond respect pour ce que Ghislaine Thesmar et Agnès Letestu se sont apporté mutuellement durant de longues années et, peut-être, une façon de retenir les émotions de peur qu'elles se dissolvent… Oui, cette courte séquence, derrière l'anecdote, s'inscrit de plain-pied dans la démarche sincère de la réalisatrice et dans sa sensibilité à percevoir la subtilité des situations.

 

Stéphane Bullion et Agnès Letestu dans le ballet <i>La Dame aux camélias</i> sur la scène de l'Opéra Garnier.  © Julien Benhamou

 

José Martinez et Agnès Letestu réunis le 10 octobre 2013.L'intervention de Brigitte Lefèvre introduit de jolie façon La Dame aux camélias, ce ballet dans lequel Agnès Letestu doit faire ses adieux "officiels". Incarnation majeure pour elle, s'il en est, que le rôle de Marguerite sur lequel elle revient. Bref échange en forme de bilan avec la danseuse et perspectives à moyen terme avant de la retrouver, se préparant dans sa loge pour ce "dernier" spectacle qu'elle s'apprête à danser avec Stéphane Bullion. Suivent de très belles images du ballet et le témoignage du danseur sur la façon dont le couple de scène a été formé pour le ballet de Neumeier. Stéphane Bullion confiera à la caméra ce que représente pour lui le départ d'Agnès Letestu. Nous revenons au spectacle sur la scène de l'Opéra Garnier avec un condensé de moments fort bien choisis, avant les saluts remplis d'émotion qui ont conclu de si belle façon cette représentation pas comme les autres.

Le mot de la fin sera laissé à José Martinez. Une conclusion qui pourra paraître inattendue mais qui s'impose avec la force de la franchise…

Quelques jours après cette soirée riche en émotions, Agnès Letestu nous écrivait : "Je ne me suis pas sentie trop stressée et je me suis accrochée à mon personnage ! À la fin de la représentation, l'émotion a été vive et j'ai pris les chaleureux applaudissements du public comme une énorme vague bienfaisante en plein visage. Je ne m'attendais pas à cela, c’était très fort. Je ne m'en suis pas encore remise…".

 

Adieux d'Agnès Letestu sur la scène de l'Opéra Garnier le 10 octobre 2013.  © Julien Benhamou

 

À noter : le DVD du film de Marlène Ionesco "Agnès Letestu - L'Apogée d'une Étoile" est disponible dans certaines boutiques spécialisées dans la danse. À Paris, celles du Palais Garnier et de l'Opéra Bastille, Cas-Danse, Stanlowa… À Lyon : Boutique Coppélia. Dans toute la France : Boutiques Attitudes Diffusion… Il s'agit d'un DVD édité à peu d'exemplaires, gravé et non pressé.

Philippe Banel

Suppléments du DVD

Aucun.

Bande-annonce du DVD

Critique Images et Son du DVD

Images

Les interviews récentes bénéficient d'un piqué de haut niveau et d'une colorimétrie parfaitement équilibrée. La définition est optimale et le contraste excellent. Les captations de spectacles sont parfois légèrement en retrait. On remarquera, en particulier, quelques petites défaillances vidéo sur Le Lac des cygnes. Mais rien de rédhibitoire.

Son

La parole est toujours parfaitement lisible, nuancée et contrastée. L'illustration musicale très bien mixée s'épanouit sur une stéréo bien séparée et assez dynamique. Les extraits de spectacles et de répétitions sont, là aussi, en retrait. Mais rappelons qu'il s'agit d'un documentaire et non de captations de ballets réalisées avec des moyens bien plus importants.

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