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Interview de Tamar Iveri, soprano

Tamar Iveri.  © Kikala StudioNous avons rencontré la soprano d'origine géorgienne Tamar Iveri alors qu'elle chantait le rôle de Vitellia dans La Clémence de Titus de Mozart au Palais Garnier. Tamar Iveri sera prochainement à l'affiche de Paillasse au Théâtre du Capitole de Toulouse dans le rôle de Nedda. Rencontre avec une personnalité attachante de la scène lyrique internationale…

 

Tamar Iveri interprétera le rôle de Nedda dans l'opéra de Leoncavallo Pagliacci (Paillasse) au Théâtre du Capitole de Toulouse pour 5 représentations du 14 au 23 mars 2014. Elle sera entourée de Badri Maisuradze (Canio), Sergey Murzaev (Tonio), Mikeldi Atxalandabaso (Beppe) et Mario Cassi (Silvio). La mise en scène est assurée par Yannis Kokkos, comme celle de Cavaleria Rusticana, proposé au même programme. L'orchestre national du Capitole sera placé sous la direction de Tugan Sokhiev. Plus de renseignements ICI

Tutti-magazine : Vous chantez actuellement le rôle de Vitellia dans La Clémence de Titus à l'Opéra Garnier. Comment situez-vous vocalement Vitellia parmi les autres héroïnes de votre répertoire ?

Tamar Iveri : Vitellia est un rôle parmi les plus difficiles qu'il m'ait été donné de chanter. C'est une femme forte à la personnalité négative qui est à l'origine de toutes les intrigues. Elle est en quelque sorte le moteur de la représentation. Sur le plan de la difficulté vocale, Vitellia est comparable à Iago pour un baryton. Dans l'Acte I, la voix doit pouvoir monter jusqu'au ré alors que, dans l'Acte II, Mozart a écrit une aria pour tessiture mezzo-soprano qui descend très bas. Ce second Acte demande d'exprimer une sorte de catharsis qui implique un timbre beaucoup plus clair à même de traduire une gamme très différente d'émotions. Il n'est pas évident de naviguer entre une voix que je qualifierais de "vénéneuse" et une voix plus lyrique, plus douce et nuancée, voire noble à la fin de l'opéra. Mais ces différentes couleurs vocales correspondent aux multiples facettes du personnage. Un personnage qui n'est pas plus facile à incarner sur le plan dramatique. Il se rapproche d'Elektra, d'Idoménée mais aussi des héroïnes verdiennes Abigail et Lady Macbeth. Tout cela fait qu'il est parfois peu évident pour les maisons d'opéras de trouver une soprano dont les moyens permettent de chanter Vitellia.

 

Scène de <i>La Clémence de Titus</i> à l'Opéra Garnier en 2013. De gauche à droite : Tamar Iveri (Vitellia), Hannah Esther Minutillo (Annio), Stéphanie d'Oustrac (Sesto), Maria Savastano (Servilia) et Saimir Pirgu (Tito Vespasiano).  © Opéra national de Paris/E. Bauer

Le rôle de Vitellia représente donc une étape dans une carrière…

Il est effectivement impensable d'aborder Vitellia sans la base qu'apporte l'expérience de différents rôles qui mènent à celui-ci. Dans la succession des opéras que je chante au cours d'une saison, il est généralement important pour moi de bénéficier d'une quinzaine de jours entre les œuvres. Cela me permet de pouvoir m'immerger au mieux dans ce que je vais chanter. Dans le cas de La Clémence de Titus, la voix a d'autant plus besoin de ces périodes de transition entre deux opéras.

La mise en scène de Willy Decker vous aide-t-elle à construire votre personnage ?

Stéphanie d'Oustrac (Sesto) et Tamar Iveri (Vitellia) dans <i>La Clémence de Titus</i> au Palais Garnier en novembre 2013.  © Opéra national de Paris/E. BauerDans ce cas précis, la mise en scène de Willy Decker pour La Clémence de Titus m'a beaucoup aidée. J'apprécie cette beauté froide et ce décor assez épuré qui permet d'évoluer sur une scène assez dégagée. Il arrive, dans certaines productions, que le plateau soit aussi surchargé qu'une boutique d'antiquaire ! Je me sens également à l'aise dans le costume que je porte. J'aime du reste les costumes classiques qui permettent d'exprimer une personnalité. En jeans ou dans des vêtements contemporains, il serait difficile d'incarner le personnage de Vitellia. Cette production est vraiment belle…

La Clémence de Titus est votre 6e production à l'Opéra de Paris. Vous avez surtout chanté à l'Opéra Bastille mais vous retrouvez l'Opéra Garnier après Idoménée en 2010. Quelle est votre expérience de ces deux scènes ?

La scène de l'Opéra Bastille est tellement grande que, même lorsque je crois donner le maximum de puissance vocale dont je suis capable, j'ai l'impression que ce n'est pas suffisant. Au Palais Garnier, le plateau est relativement plus petit et, lorsque j'utilise parfois le maximum de ma puissance, je me demande si je ne vais pas trop loin. J'ai alors tendance à contrôler davantage mon émission et à retenir la puissance. Ceci dit, la nature même de la musique que je chante constitue la meilleure des références. Ainsi je n'utiliserai pas ma voix de la même façon chez Mozart et chez Verdi. Il n'est pas question pour moi de faire de Vitellia une héroïne verdienne sur le plan vocal. Dans Mozart, je pense me limiter à environ 80 % de ma puissance, alors que dans Verdi et Puccini, je sais que j'investis la totalité de cette réserve. Il est d'ailleurs très important pour ma voix de revenir périodiquement à une littérature musicale plus légère comme les opéras de Mozart car, en chantant constamment Verdi, la voix a tendance à devenir plus solide et à perdre de sa flexibilité.

 

Tamar Iveri dans le rôle-titre de <i>Suor Angelica</i> à l'Opéra Bastille en octobre 2010.  © Christian Leiber/Opéra national de Paris

 

Tamar Iveri dans <i>Suor Angelica</i> mis en scène par Luca Ranconi à l'Opéra Bastille.  © Christian Leiber/Opéra national de Paris

Vous avez débuté le chant avec votre père, le baryton Avtandil Javakishvili. Vous a-t-il inculqué des valeurs artistiques toujours présentes en vous ?

Le premier pédagogue que j'ai rencontré a effectivement été mon père, qui m'a transmis la voix que j'ai et m'a aussi appris beaucoup de choses concernant les bases du chant. Lui-même était très cultivé et tout à fait à même de m'enseigner. Ses conseils professionnels me servent d'ailleurs encore aujourd'hui. Mon père a partagé avec moi une grande partie de son expérience personnelle, jusqu'à me transmettre la façon dont je devais passer des coulisses à la scène, et la manière de me tenir sur une scène de théâtre. Il m'a également laissé en Géorgie une importante discothèque…

Vous êtes ensuite entrée au conservatoire de Tbilissi…

Avec d'autres professeurs, je ressentais la situation comme plus problématique car ils exigeaient de moi que je donne toujours plus de voix et me poussaient même constamment à la forcer. C'est un comportement courant en Géorgie dans l'apprentissage du chant, et on exige toujours des élèves qu'ils chantent le plus fort possible…. En 1999, j'ai été récompensée au concours international "Voci Verdiane" de Busetto. On appréciait donc la qualité de ma voix. Mais, ensuite, lorsque j'ai commencé à me préparer pour le concours Mozart de Salzbourg, je me suis rendue compte que la façon dont j'utilisais cette voix ne me permettrait pas de chanter Mozart. Cette prise de conscience m'a poussée à travailler avec d'autres professeurs aptes à m'apprendre un autre style. C'est à ce moment que j'ai commencé à travailler avec Ileana Cotrubas, une grande pédagogue, et qui est devenue mon maître.

Vous êtes connue pour chanter l'opéra mais vous vous exprimez également en récital. Que chantez-vous ?

Je dois dire d'abord que j'ai été désolée de devoir annuler, en juin 2013, mon récital à l'Amphithéâtre Bastille pour raisons de santé. En septembre suivant, en revanche, j'ai pu honorer un récital au Musikverein de Graz, en Autriche, accompagnée par ma pianiste Nino Pavlenichvili. J'ai interprété à cette occasion des mélodies assez connues de Tchaikovsky et Rachmaninov, des lieder de Wolf et Strauss, pour terminer par trois mélodies géorgiennes. Ce récital a remporté un très grand succès. Je crois que le public a été très surpris par les mélodies tirées des opéras géorgiens et il les a réellement beaucoup appréciées. J'envisage maintenant de construire avec ma pianiste un programme d'arias russes et géorgiennes.

Votre carrière s'épanouit entre des rôles de soprano lyrique et des opéras écrits pour soprano spinto…

Effectivement, je chante un certain nombre de rôles écrits pour soprano lyrique, comme Michaela ou Mimi, mais aussi des œuvres écrites pour soprano spinto, comme Adrianna Lecouvreur, Don Carlo et Suor Angelica. L'année dernière je me suis frottée à deux opéras de Verdi : Luisa Miller, qui a été une expérience très difficile, et I due Foscari. Je me prépare aussi à mes débuts dans Tosca à Melbourne. Mon évolution me pousse tout naturellement à emprunter d'autres directions…

 

Tamar Iveri interprète le rôle d'Amelia dans <i>Un Bal masqué</i> de Verdi à l'Opéra de Sydney en 2013 dans une mise en scène d'Alex Ollé de La Fura dels Baus.  © Lisa Tomasetti

Vous sentez-vous tributaire de l'exigence de cette carrière dans votre vie quotidienne ?

Tamar Iveri interprète le rôle d'Amelia dans <i>Simon Boccanegra</i> de Verdi au Wiener Staatsoper en 2013.  Photo Michael PöhnUne carrière de chanteuse implique des sacrifices et, il est vrai, des sacrifices personnels. Je pense en particuliers à ces longs mois d'absence de Vienne où je vis, loin de ma famille et de mon mari qui m'attend patiemment. Mais je pratique un Art qui est un peu comparable à un océan que l'on doit traverser une fois qu'on est lancé !

Vous allez donc faire vos débuts dans le rôle de Tosca à Melbourne, en Australie, le 12 novembre. Comment vous préparez-vous à cette prise de rôle ?

Pour aborder un rôle, je commence généralement par écouter les grands interprètes. Pour Tosca, par exemple, j'ai écouté Angela Gheorghiu. Je ne me suis pas orientée vers une voix trop puissante car je ne suis ni Birgit Nilsson ni Maria Guleghina pas plus que Ghena Dimitrova, et je dois aborder ce rôle avec ma voix afin de le chanter sans avoir à trop forcer ou élargir. Tosca, il est vrai, peut avoir à exprimer sa colère par la voix. Mais l'expression de la colère n'implique pas une voix surdimensionnée, il faut trouver le juste équilibre par rapport à ses propres possibilités vocales. Pour mes débuts dans Tosca, je sais que l'orchestre sera dirigé par Andrea Molino et la mise en scène sera assurée par John Bell.

Tosca va sans doute orienter la suite de votre carrière de façon marquante par les propositions que vous allez recevoir. Quelle serait la progression idéale pour vous ?

Je vais d'abord voir où va m'amener le rôle de Tosca sur le plan vocal. C'est alors seulement que je pourrai considérer la suite. De la même façon, le succès qui a accompagné mes prises de rôles dans Un Bal masqué, Le Trouvère et Don Carlos a décidé de l'orientation de ma carrière. Si j'ai le sentiment que le rôle de Tosca est fait pour moi et si mon interprétation est bien accueillie, je tenterai peut-être La Force du Destin. Quoi qu'il en soit, l'Opéra de Melbourne sera le cadre parfait à cette prise de rôle importante.

Vous avez travaillé avec de nombreux chefs d'orchestre et de nombreux metteurs en scène. Quels sont ceux qui vous ont le plus apporté ?

C'est chez Riccardo Muti que j'ai trouvé le plus d'amour, de passion et de respect à l'égard du compositeur qu'il dirigeait. C'est un très grand professionnel. J'ai eu également beaucoup de plaisir à travailler avec James Levine. J'aime aussi beaucoup Nicola Luisotti. C'est un formidable chef d'orchestre.
Du côté des metteurs en scène, j'apprécie plutôt les mises en scène de conception classique. Jean-Pierre Ponnelle, Franco Zeffirelli et Giorgio Strehler sont pour moi des références, je dirais même des Titans ! Dans la nouvelle génération, j'apprécie le travail de Luc Bondy, Robert Carsen, Willy Decker, Michael Hampe, Elijah Moshinsky…

 

Tamar Iveri interprète le rôle de Nedda dans <i>Paillasse</i> au Wiener Staatsoper en 2012.  Photo Michael Pöh

Du 14 au 23 mars 2014, vous allez chanter Nedda dans I Pagliacci au théâtre du Capitole de Toulouse dans une nouvelle production mise en scène par Yannis Kokkos. Comment envisagez-vous ce rendez-vous ?

J'ai eu beaucoup de succès à Vienne dans le rôle de Nedda dans la mise en scène de Jean-Pierre Ponnelle. Tugan Sokhiev dirigera l'Orchestre du Capitole. Je ne l'ai pas encore rencontré mais j'ai entendu beaucoup de bien sur ce chef et sur la qualité de son travail. Quant au rôle de Nedda je crois pouvoir dire qu'il cadre tout à fait avec mon caractère. Nedda est vive, c'est une artiste, et la combinaison Nedda/Colombina qu'il faut exprimer dans Paillasse est merveilleuse. Ce double rôle exige à la fois du caractère et de savoir jouer la comédie. Pour moi, cela constitue un défi intéressant. Nedda est évidemment totalement différente du rôle de Vitellia, mais j'aime justement que la scène permette à la comédienne que je suis de montrer plusieurs personnalités.Tamar Iveri.  Photo Kikala Studio

Sur votre site Internet, on peut vous voir sous de multiples d'apparences très diverses. Aimez-vous vous changer de visage ?

Il est vrai que j'aime changer d'image ! Ceci étant, à la manière d'une comédienne, j'accorde beaucoup d'importance à la qualité d'une interprétation. En tant que spectatrice, j'aime beaucoup les chanteuses qui ne se contentent pas d'exposer leur voix mais qui s'expriment par leurs gestes et qui laissent parler leur corps. Il peut arriver que la voix ne soit pas entièrement porteuse d'émotion mais que ce qui émane du jeu de l'interprète apporte une énergie et, en fin de compte, une émotion différente mais sensible que le spectateur ressent.

Tosca est un rendez-vous important pour vous en fin d'année, mais préparez-vous d'autres rôles ?

Pour le moment je me concentre énormément sur Tosca. L'année précédente, j'ai enchaîné tant d'opéras différents que je dois maintenant me focaliser sur cette prise de rôle importante. J'en suis actuellement au stade de l'apprentissage de la partition. Ensuite, je pense travailler ce rôle avec Raina Kabaiwanska, à Modène où elle vit. Pour moi, après Callas, elle était la plus grande Tosca !
Tamar Iveri interprète le rôle d'Elisabetta dans <i>Don Carlo</i> de Verdi au Wiener Staatsoper en 2013.  Photo Michael Pöhn

À ce stade de votre carrière, quels sont vos désirs de chanteuse ?

Je commencerais par souhaiter que les chanteuses d'opéra soient mieux mises en valeur. Souvent, l'affiche d'une production met en avant le nom du chef d'orchestre et du metteur en scène. Pourtant, le public d'opéras vient écouter les chanteurs. Au mieux, les interprètes sont indiqués en tout petit au bas de l'affiche, mais parfois ils en sont absents. À l'époque de Karajan, le nom des chanteurs était en première place… Si les rêves pouvaient devenir réalité, je souhaiterais aussi pouvoir chanter aux côtés de Tito Gobbi et de Franco Corelli ! Malheureusement, aujourd'hui, aucun chanteur ne peut rivaliser avec leur maestria à gérer les passages entre les registres.

Avez-vous à cœur de défendre un opéra peu connu ?

J'aimerais beaucoup que la musique classique de mon pays soit reconnue à sa juste valeur. Je pense en particulier à l'opéra géorgien Abesalom da Eteri (Abesalom et Eteri), composé par Zakaria Paliashvili au début du XXe siècle. C'est une œuvre merveilleuse dont le sujet, une histoire d'amour, est tiré de l'épopée populaire géorgienne Eteriani. La musique de cet opéra est absolument magnifique, je peux le certifier pour l'avoir chanté en Géorgie… Et en géorgien, bien sûr. Je reconnais que cette langue n'est pas facile à chanter et que cela peut constituer un frein à la diffusion. Mais des librettistes spécialisés pourraient se pencher sur le texte et l'adapter afin d'en gommer certaines consonances difficiles à prononcer. Il y a quelques années, il a été question de remonter Abesalom da Eteri, mais le projet a été ajourné en raison des événements politiques qu'a connus la Géorgie et de l'impossibilité de trouver un financement… Mais, l'année prochaine, l'Opéra National de Géorgie, qui est en travaux depuis cinq ans, devrait célébrer sa réouverture avec cet opéra. L'idée de chanter dans cette œuvre et à cette occasion me remplit de joie.

Souhaitez-vous ajouter quelque chose à cet échange ?

J'aimerais dire combien je suis heureuse à chaque occasion de pouvoir chanter à Paris. L'accueil du public y est extraordinaire. Or une personne a joué un rôle primordial dans ma rencontre avec le public français : cet homme est Nicolas Joel, et je lui suis infiniment reconnaissante pour sa fidélité. Il m'a d'abord invitée au Capitole de Toulouse, puis à l'Opéra de Paris, en renouvelant fidèlement la confiance qu'il me porte. Un jour, il m'a confiée en plaisantant que la Géorgie devrait lui décerner la plus haute des récompenses pour valoriser aussi bien l'image du pays en m'invitant à chanter !



Propos recueillis par Philippe Banel
Le 4 décembre 2013
Remerciements à M. Gocha Javakhishvili
pour son aide précieuse.

Pour en savoir plus sur Tamar Iveri :
www.tamariveri.com

 

 

Mots-clés

La Clémence de Titus
Opéra Bastille
Opéra Garnier
Opéra national de Paris
Paillasse
Tamar Iveri
Théâtre du Capitole
Willy Decker

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