Agnès Terrier, Dramaturge de l'Opéra Comique et commissaire de cette exposition en collaboration avec Dephine Pinasa, Directrice du CNCS, a conçu un parcours à la fois sensible et ludique autour d'héroïnes emblématiques du genre : Giulietta, Manon, Mignon et Ciboulette, Carmen et Lakmé. Deux niveaux du bâtiment permettront au visiteur de cheminer, d'univers en univers, au fil d'une histoire vivante du théâtre musical, en passant par la reconstitution criante de vérité du Central costumes de la Salle Favart.
Macha Makeïeff, Directrice du Théâtre de La Criée à Marseille et connue pour ses mises en scène à l'Opéra Comique, a développé une scénographie inspirée qui concourt pleinement à la réussite de l'exposition. Après une salle consacrée aux théâtres de foires parisiennes, de grandes vitrines panoramiques accueillent des costumes anciens et d’autres plus récents, issus de productions créées sous la direction de Jérôme Deschamps. Mais les vitres qui préservent les fragiles étoffes se font vite oublier car c'est un monde doué de vie qui s'épanouit dans "chaque mise en scène". Sans doute est-ce là le résultat d'un mannequinage si pointu qu'il devient transparent pour ne livrer que l'expression des mannequins, mais certainement aussi celui des lumières créées par François Menou, éclairagiste de scène, qui est parvenu ici à composer un relief et une dimension à la fois poétique et spectaculaire en dépit d'une limitation en puissance lumineuse due à la fragilité des étoffes.
Macha Makeïeff fait dialoguer les costumes devenus personnages et le visiteur assiste à ces échanges muets pourtant si riches. Mais l'idée absolument géniale est d'avoir peuplé toutes ces scènes de nombreux petits objets, d'animaux majestueux et parfois très discrets, ou d'accessoires qui, tous, véhiculent une histoire, laquelle se conjugue à celles des personnages. Tout cela parle instantanément à notre sensibilité avec une infinie légèreté, y compris lorsque, près de Dulcinée, une dague est suspendue au-dessus d'un petit amas de pétales de fleurs rouges qui évoquent bien sûr le sang. Cette dague remonte-t-elle dans les airs après avoir atteint sa cible ? Ou est-elle plutôt en train de se précipiter vers le cœur qu'elle va frapper ? Chacun aura sans doute sa propre interprétation de la scène… Quoi qu'il en soit, des tensions infimes animent tous ces objets et chaque vitrine frémit d'une vie discrète et délicate.
Au détour d'une salle, il ne faudra pas manquer cette gravure de salle de théâtre percée d'œilletons. Le visiteur curieux s'approchera et aura la surprise de surprendre les différents types de spectateurs qui s'y dissimulent.
Depuis 2013, le CNCS dédie un espace permanent à la collection Rudolf Noureev. Trois salles sont dédiées au danseur-chorégraphe et à ses passions de collectionneur, aux costumes présentés par roulement, à des maquettes de ballets montés à l'Opéra national de Paris, à des meubles… Tout cela dans un cadre intimiste, là aussi, savamment scénographié par le décorateur Ezio Frigerio, collaborateur de Noureev.
Moulins est à 300 km de Paris, mais l'occasion est trop belle pour la laisser passer. Du 7 février au 6 septembre, le Centre national du costume de scène accueille les visiteurs tous les jours de 10h à 18h pour leur ouvrir les portes de L'Opéra Comique et ses trésors.
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À noter : le catalogue de l'exposition,
luxueux volume de 192 pages
richement documenté et illustré,
est disponible par téléphone au 04.70.20.76.20
et sur la nouvelle boutique en ligne du CNCS.
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Philippe Banel
Reportage réalisé le 6 février 2015