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Interview de Frédérique Gerbelle - Céleste Productions

Frédérique Gerbelle dirige Céleste Productions. Les prestigieux concerts qui s'inscrivent dans les séries Les Grandes Voix et Les Grands Solistes sont autant d'événements que l'on doit à la passion et à l'exigence de cette productrice discrète. Pourtant, sans elle et sans le travail de sa petite équipe, la scène musicale française ne serait pas la même…

 

Tutti-magazine : Pouvez-vous retracer les grandes lignes de l'évolution de la structure Céleste Productions depuis sa création ?

Frédérique Gerbelle : Cette maison de production existe depuis 1991 par la volonté de Jean-Pierre Le Pavec qui était alors Directeur du Festival de Saint-Denis. Pierre Bergé, avec lequel il a travaillé à l'Opéra Bastille, venait d'arrêter Les Lundis musicaux de l'Athénée et Jean-Pierre a voulu poursuivre ces récitals au Théâtre des Champs-Élysées, une salle qu'il affectionnait particulièrement et dont le Directeur adjoint Francis Lepigeon était un proche. À cette époque, Jean-Pierre travaillait beaucoup avec Barbara Hendricks, Chris Merritt, Rockwell Blake et José van Dam. Tout a en fait commencé avec cette génération de chanteurs et des récitals chant/piano ou avec orchestre ont commencé à être produits par Céleste Productions.

Et le public a suivi…

Petit à petit, le nombre de concerts proposés s'est développé en même temps que s'est élargie l'offre vocale avec des concerts d'instrumentistes comme Renaud et Gautier Capuçon, pour le violon, le violoncelle et la musique de chambre, et quelques pianistes. Ces concerts se déroulaient toujours au Théâtre des Champs-Élysées à quelques exceptions près comme Itzhak Perlman à la Salle Pleyel. Puis Céleste Productions a abordé d'autres styles comme l'opéra en version concert ou des duos de chanteurs.

Étiez-vous alors déjà dans l'équipe de Céleste Productions ?

Je suis arrivée un plus tard, en 1993. À cette époque, Jean-Pierre Le Pavec travaillait en très petit comité avec une personne elle-même chargée du Festival de Saint-Denis. C'était une organisation légère et les récitals étaient organisés rapidement. Lorsque j'ai rejoint Céleste Productions, j'avais en charge toute la partie administrative. L'entreprise est aujourd'hui organisée très différemment.

Combien de personnes travaillent au sein de Céleste Productions ?

Cette maison de production n'est pas devenue pour autant une grosse structure. Nous sommes trois plus une stagiaire, et nous faisons appel à des intervenants extérieurs et une attachée de presse pour organiser une trentaine de concerts chaque année.

Comment se répartissent les rôles au sein de votre équipe ?

Je gère toute la partie artistique depuis le départ de Jean-Pierre Le Pavec à la Direction de la Musique de Radio France, ainsi que tout ce qui a trait à la direction générale. Je suis bien évidemment responsable sur le plan économique. Autour de moi, des gens très jeunes s'occupent de l'administration, de la communication et de la production au quotidien. Naturellement, comme dans toutes les petites équipes les rôles ne sont pas aussi segmentés que dans une grande. La sensibilité musicale de mes collaborateurs est primordiale, comme l'intérêt qu'ils portent à notre activité. Je tiens à ce qu'ils assistent à beaucoup de concerts et d'opéras. Cette culture est très importante à mes yeux.

Comment les séries de concerts Les Grandes Voix et Les Grands solistes se rattachent-elles à Céleste Productions ?

La première saison des Grandes Voix date de 1991. Pour ces concerts, tout part des chanteurs. Les Grands Solistes sont nés quelques années après. Pour ce second axe de travail, nous proposons plutôt des violonistes comme Hilary Hahn, Maxim Vengerov, Renaud Capuçon et Janine Jansen dans la mesure où le marché du piano est déjà occupé par Piano 4 Étoiles et Jeanine Roze Production. Il nous arrive également de produire des spectacles en marge de ces deux séries principales comme cela a été le cas pour un concert de Sting, des représentations du Bourgeois Gentilhomme de Vincent Dumestre et Benjamin Lazar ou pour le projet Sicilien sur lequel nous avons travaillé avec Roberto Alagna au tout début. Un artiste de la scène rock qui voudrait faire une incursion dans le classique peut, par exemple, m'intéresser. Pour autant, je demeure dans mon secteur sans vouloir en franchir la limite. Ce serait du reste un autre métier…

Qu'est-ce qu'une "grande voix" ?

La mezzo-soprano Elīna Garanča photographiée par Harald Hoffmann. © DGUne grande voix est un chanteur qui a un public et qui est aussi une star du chant. Nous travaillons le récital dans de grandes salles et il est indispensable que la notoriété des artistes que nous présentons soit suffisante pour espérer les remplir. Mais, avant toute autre considération, il faut que ces voix me plaisent. Les Grandes Voix sont des artistes que je peux avoir remarqués dans un opéra, par exemple, ou qui me sont présentés par des gens que j'apprécie.

Qu'entendez-vous par là ?

Nous touchons là une dimension très importante de mon métier, car une vraie relation m'est indispensable pour travailler. Je ne m'adresse pas directement à un artiste pour lui proposer un concert mais à un intermédiaire qui est son agent. Je rencontre bien sûr les interprètes, je leur parle, je peux dîner avec eux, mais c'est avec leur agent que je dois dialoguer pour travailler. D'où l'importance de cette relation. Je peux même vous dire que je ne travaille pas avec certains représentants d'artistes…

Les chanteurs se prêtent-ils facilement à la forme récital ?

Lorsque Céleste Productions a débuté, il n'y avait pour ainsi dire que Barbara Hendricks à se produire régulièrement dans de nombreux récitals. Aujourd'hui le récital est un exercice bien plus développé chez tous les chanteurs et il arrive même que certains viennent vers nous pour se produire dans ce mode d'expression. En général, les artistes essayent de préserver une plage de leur planning surchargé pour le concert et le récital. À titre d'exemple, le planning de Diana Damrau est rempli pour les 4 ou 5 ans à venir…

Vendez-vous les billets pour les concerts que vous produisez ?

Contrairement à la plupart de mes collègues, je ne vends aucune place car je ne possède pas la structure pour cela. Les billets pour nos concerts sont exclusivement vendus par les théâtres et nous sommes inclus dans leurs abonnements. Je diffuse en revanche nos informations via une newsletter envoyée à notre fichier, mais il n'y a pas à proprement parler d'abonnements "Grandes Voix" ou "Grands Solistes".

Comment construisez-vous une saison des Grandes Voix ?

Le ténor Jonas Kaufmann photographié par Mathias Bothor. © DeccaJe suis justement en train de finaliser la saison 2013-2014, en conservant toutefois de l'espace pour certains projets. En effet, je travaille avec des gens très occupés mais une opportunité de concert peut se produire. Si, par exemple, Jonas Kaufmann est libre, je sais par expérience que, si nous parvenons à mettre sur pied un récital, la salle sera remplie même s'il n'est pas proposé dans l'offre saisonnière de la salle. Ceci dit, d'une façon générale, une saison est le fruit de la combinaison de nombreux éléments. Par exemple, pour 2014-2015, j'ai déjà planifié un concert avec la contralto Marie-Nicole Lemieux. Voilà de nombreuses fois que nous tentons de travailler ensemble sans jamais y parvenir. Nous avons donc décidé de nous y prendre dès 2011. Il arrive aussi qu'un agent avec lequel j'entretiens de très bonnes relations me parle d'un artiste qui va se produire sur une scène peu distante de Paris et qui pourrait venir donner un récital dans la capitale. Je travaille également beaucoup avec les maisons de disques en me calant aussi sur leurs sorties. Et, bien sûr, je suis également mes envies. C'est le cas de Ramón Vargas avec lequel je n'ai jamais encore eu l'occasion de travailler et avec lequel nous réfléchissons à un projet.

Prenons le cas d'un artiste qui se libère. Quel temps va-t-il vous falloir pour monter un concert ?

On peut parvenir à monter un concert en 3 mois. Ce temps est incompressible. Mais l'époque est tout de même assez difficile et je vous répondrai donc que cela dépend entièrement de la notoriété de l'artiste et que je ne pourrais pas prendre ce risque sur n'importe quel interprète. Avec quatre ou cinq noms, peut-être… D'une façon générale, un concert se construit en une année.

Pour quel public travaillez-vous ? Avez-vous pu noter une évolution de ce public au fil des années ?

Certainement. Lorsque nous avons débuté, notre public était assez important pour des récitals de piano ou de mélodies. Aujourd'hui, ce répertoire est plus difficile à travailler, et il est nécessaire qu'un grand nom draine le public, comme celui de Natalie Dessay avec laquelle nous avons fait quelques dates de mélodie pure. C'était non seulement un réel plaisir, mais les salles étaient pleines, comme pour des concerts de lieder avec Jonas Kaufmann. En dehors de certains artistes, je peux vous dire que les salles sont difficiles à remplir. Le récital d'opéra avec orchestre est nettement plus populaire.
Ceci étant, je pense que même si l'exigence du public a évolué, il est aussi aujourd'hui plus nombreux qu'il y a 20 ans. L'offre s'est démultipliée et il est courant, outre les grandes salles parisiennes, de trouver des concerts dans les églises, dans les musées ou les hôtels. Des concerts sont maintenant organisés partout au point que, si à 18h vous cherchez sur Internet un concert commençant à 20h, vous aurez l'embarras du choix. Il est impossible de dire que la musique classique n'existe pas à Paris ! Pour autant, le public est-il suffisant en regard de la profusion de l'offre ? Je trouve aussi que de plus en plus de jeunes fréquentent nos concerts. Je le remarque en particulier à la Salle Pleyel.

 

La mezzo-soprano Joyce DiDonato photographiée par Larry Ford.  D.R.

Vous pensez que Paris a évolué par rapport à la musique classique ?

Le violoniste Joshua Bell photographié par Lisa-Marie Mazzucco.  D.R.Il y a 20 ans, Paris n'était pas la ville incontournable qu'elle est devenue pour de nombreux artistes. Que ce soit pour les maisons de disques ou les agents, Paris est aujourd'hui un lieu important.

De leur côté, les chanteurs ont-ils également évolué ? Notez-vous des différences avec la jeune génération ?

Nécessairement, car tout va plus vite et les chanteurs ont maintenant bien plus d'activités. Je trouve même que leurs envies ne cessent de s'accroître dans tous les domaines. Le tout est pour eux de savoir maîtriser le "plus" avant le "trop" ! Mais la plupart des artistes savent s'arrêter à temps. La famille joue aussi un rôle important dans leurs choix et ce, aussi bien pour les femmes que pour les hommes. Par le passé, les chanteurs avaient peu d'enfants. Aujourd'hui, la plupart ont une famille et lui accordent de l'importance. Ce facteur est bien sûr primordial car, si une chanteuse attend un enfant, elle se voit obligée de ralentir son rythme et ne peut plus prendre avion sur avion pour parcourir le monde. Il me semble que la famille est aujourd'hui la concession que l'on fait à sa carrière. Auparavant, on n'aurait pas refusé un concert pour passer des vacances avec ses enfants.

Comment se construit financièrement un concert des Grandes Voix ?

Il y a tout d'abord le coût de la salle qui est fixe et n'est pas évalué en fonction du nombre de manifestations organisées durant la saison. En revanche, il nous arrive de coproduire un concert avec un théâtre et, dans ce cas, ce coût entre dans la coproduction. Ensuite, tout dépend de la nature du concert. Pour un récital voix et piano, il y a deux cachets pour les interprètes et la location de l'instrument. Pour un orchestre, le cas est différent car nous ne pouvons pas supporter le coût réel d'une telle formation. Nous passons alors des accords de prêt d'orchestre. Bien entendu ce prêt a également un coût. Enfin, vient la communication.

Pouvez-vous nous donner une idée du coût global d'un concert ?

De façon très générale, pour de grands artistes et pour une présentation dans la même salle, un duo de chanteurs avec orchestre revient à plus de 100.000 €, et un récital de piano coûte entre 60.000 et 80.000 €. Nous ne bénéficions d'aucune aide.

Pensez-vous qu'il est plus facile d'être productrice en France ou votre travail serait-il plus aisé dans un autre pays européen ?

La soprano Anna Netrebko.  D.R.De mes échanges avec mes proches collègues européens, je peux dire que le public français est plutôt un bon public. En Grande-Bretagne, la situation est différente car il n'y a quasiment pas de charges sociales… En revanche, le public anglais s'est vraiment raréfié et mes alter ego britanniques doivent maintenant composer avec une exigence qui a évolué. Je sais qu'ils ont maintenant, curieusement, du mal à proposer autre chose que du cross-over, y compris pour un ténor comme Joseph Calleja. Lorsque nous comparons le succès d'un même programme en Angleterre et en France, nous nous en sortons souvent mieux. Quant à l'Allemagne, le concert fonctionne très bien.

Comment gérez-vous une annulation de concert ? Êtes-vous assurée ?

Malheureusement, c'est une situation à laquelle j'ai déjà fait face un certain nombre de fois et, bien entendu, que j'essaye d'éviter au maximum. L'assurance me couvre uniquement en cas de maladie de l'artiste ou du décès d'une personne très proche. L'étendue de cette assurance est naturellement liée à votre souscription et peut aller jusqu'à l'affichage si vous vous êtes assuré pour cela. C'est en fait semblable à l'assurance d'un appartement. Après une annulation de concert, la bataille pour se faire rembourser commence… L'autre aspect est bien sûr de communiquer sur cette annulation en envoyant un e-mail ou en téléphonant aux spectateurs pour les prévenir. En ce qui me concerne, je suis présente au théâtre pour accueillir les personnes qui n'auraient pas été prévenues. Quoi qu'il en soit une annulation peut être très dommageable. C'est souvent un an de travail, parfois plus, qui est réduit à néant. Ceci étant, je n'ai jamais eu la velléité de contester l'arrêt de travail d'un artiste.

Tentez-vous alors de reporter un concert annulé ?

Bien sûr, mais je ne peux pas remplacer un artiste par un autre. Si un spectateur vient écouter Anna Netrebko, ce n'est pas une autre cantatrice ! Il y a quelque temps, nous avons subi beaucoup de défections pour un concert anniversaire composé avec de jeunes artistes. Les annulations se sont mêmes enchaînées de façon très difficile à gérer. Certains artistes ont heureusement pu être remplacés par d'autres, mais cela ne m'a pas empêchée de recevoir ensuite un certain nombre de courriers de spectateurs mécontentés par ces remplacements, y compris dans le cas d'un artiste qu'ils connaissaient peu, voire pas du tout.
Quant à un report, s'il devient réalisable, il doit impérativement intervenir Le ténor Rolando Villazón.  D.R.dans la même saison et, croyez-moi, cela est extrêmement difficile à réaliser. Je crois que la seule fois où j'ai réussi à déplacer un récital était cette année avec Karita Mattila. Le premier écueil qui se présente à moi est la salle. Prenez la Salle Pleyel : lorsqu'aucun concert n'est programmé, c'est également tout le personnel technique qui ne travaille pas ce jour-là. Les salles ont de plus un quota d'horaires et une législation à respecter. Il faut bien se garder d'oublier que l'interprète n'est pas seul mais que de nombreux intervenants sont indispensables à la tenue d'un concert.

Comment définissez-vous votre envie de produire et la prise de risque inhérente à votre métier ?

Effectivement, organiser un concert est toujours pour moi semblable à un coup de poker. Je mets toujours mon argent en jeu et c'est sans doute pour cette raison qu'on ne produit pas des concerts classiques pour devenir riche ! Il y a sans cesse cette excitation liée au pari que l'on prend et ce, souvent sur des artistes très jeunes. Lorsque j'ai commencé à travailler avec Rolando Villazón, il devait avoir à peine 30 ans. Juan Diego Flórez et Roberto Alagna étaient également fort jeunes lorsque nous avons produit leurs premiers concerts. C'est d'ailleurs peut-être une constante de travailler aujourd'hui avec des artistes plus jeunes qu'auparavant. L'envie de produire, c'est aussi une envie de faire connaître, de partager ce que l'on aime. Par exemple, Joseph Calleja était très peu connu lorsque nous avons commencé à le programmer, et nous en sommes déjà à notre troisième concert avec lui. Dans cet axe, nous allons produire Julia Lezhneva la saison prochaine…

Quel est votre plus beau souvenir de productrice ?

Il y en a plusieurs, bien sûr, mais le premier qui me vient spontanément à l'esprit est ma rencontre avec Bryn Terfel. C'est un artiste rare, tellement rare qu'il est difficile de le faire venir en France ! Rolando Villazón est également une très belle rencontre avec un homme d'une grande richesse humaine. En regardant les affiches qui m'entourent, je me souviens aussi d'un formidable dîner d'après concert avec Joyce DiDonato, de Jonas Kaufmann… J'ai de merveilleux souvenirs que je serais incapable de citer tous.

C'est sans doute ce côté humain qui enrichit votre métier…

La soprano Nino Machaidze photographiée par Uli Weber.  © Sony ClassicalIncontestablement, et je vous avoue que j'ai très souvent le trac avant un concert. Je ne tiens pas en place. Dès la veille, je commence à en sentir les effets bien qu'étant déjà fixée sur le succès ou non d'une programmation en fonction de la vente des billets. En fait, ce trac est lié à la volonté que tout se déroule bien pour l'artiste, mais sans penser à aucun moment à une possible annulation. Cette angoisse ne fait pas partie de mes craintes car je suis totalement habitée par l'excitation du concert, j'attends fébrilement l'arrivée de l'artiste, je fais tout pour qu'il soit content… Il ne faut pas oublier que nous travaillons avec des interprètes extrêmement exigeants. Il peut parfois arriver que le programme ne soit pas celui attendu par le chanteur car nous n'avons pas reçu la bonne info, par exemple. Mon trac peut avoir de nombreuses origines…

Intervenez-vous dans le programme des récitals ?

De plus en plus. Il est évident que je ne tiens pas à proposer le même contenu qu'un autre directeur de salle. Bien entendu, lorsqu'une tournée d'un artiste est organisée pour la sortie d'un CD, le contenu est logiquement programmé et il me revient d'accepter ou de refuser en fonction de l'intérêt que je lui porte. Dans le cas d'un récital que j'organise moi-même, je précise toujours le répertoire que je souhaite. Il peut m'arriver aussi de jeter quelques idées sur le papier et d'en discuter ensuite avec les artistes, voire même de devoir parfois insister. Je me souviens, entre autres, d'un duo que j'ai produit avec Joseph Calleja et Ludovic Tézier. Je souhaitais qu'ils chantent les grands duos d'opéras pour ténor et baryton comme Don Carlos et d'autres airs de ce calibre, mais le résultat n'a pas été exactement celui que je souhaitais. Nous nous sommes arrangés… Quoi qu'il en soit, nous discutons…

Vos concerts peuvent-ils être filmés, être diffusés par une chaîne ou sortir en DVD ?

Cela a été le cas avec Cecilia Bartoli et Juan Diego Flórez, mais c'est de plus en plus rare. Il y a eu aussi un DVD avec Arte. En ce qui me concerne, je ne fais pas la démarche de proposer une captation d'un concert que je produis. Du reste, je n'ai aucun intérêt financier à attendre d'une captation vidéo. Un enregistrement audio n'est pas plus évident à mettre en place. Le ténor Roberto Alagna. D.R.Lorsque je travaille avec France Musique, cela doit être intégré au contrat de l'artiste et la plupart des interprètes se montrent très prudents par rapport à un enregistrement et imposent de nombreuses restrictions.

Que nous réserve la saison 2012-2013 ?

Dans la série Les Grandes Voix, nous accueillerons Rolando Villazón dans un récital avec orchestre entièrement dédié à Verdi qui tournera en France et dans quelques villes européennes. Nous travaillons aussi avec l'Opéra de Versailles et nous proposerons un récital de Patricia Petibon dans ce merveilleux cadre. Nous produirons également deux opéras en version concert avec Roberto Alagna : La Navaraise de Massenet avec Karine Deshayes, jumelée avec Le Dernier jour d'un condamné de David Alagna accompagnés par l'Orchestre National de France ; et Les Pêcheurs de perles de Bizet avec Nino Machaidze. Un autre beau projet s'appuie sur un disque de Joyce DiDonato, Drama Queens. Nous retrouverons aussi Nathalie Manfrino peut-être accompagnée de Thomas Hampson dans un récital Massenet à l'Opéra Comique, Juan Diego Flórez, Max Emanuel Cencic, Nathalie Stutzmann et bien d'autres grands noms.
Pour cette saison, je vais également m'associer à Philippe Maillard Productions pour un certain nombre de concerts à la Salle Gaveau, dont un avec la mezzo-soprano Vivica Genaux et un petit ensemble de musiciens, un autre avec la soprano Simone Kermes autour d'airs baroques italiens, et un concert Andreas Scholl avec la claveciniste Tamar Halperin.

Vous produisez également en dehors de la France ?

Sur les tournées, je m'associe souvent à d'autres producteurs, mais il m'arrive maintenant de travailler avec l'étranger comme le Victoria Hall de Genève. J'y présenterai le récital de Rolando Villazón et d'autres producteurs prendront en charge les concerts en Allemagne et en Angleterre. Le même orchestre tournera avec Rolando…

Les Grandes Voix et Les Grands Solistes sont des séries que l'on peut qualifier d'installées. Avez-vous aujourd'hui d'autres envies de productrice ?

J'aimerais beaucoup retravailler sur un projet scénique complet de la qualité du Bourgeois gentilhomme. Cela fait partie des vrais plaisirs de mon métier, comme pourquoi pas un jour retravailler avec Sting, ou Bryan Ferry ! Accompagner des artistes dès le début de leur carrière me passionne également, mais il faut pouvoir les subventionner et les financer à perte pendant plusieurs années. C'est devenu infiniment difficile pour les jeunes interprètes… Et si vous me permettez de rêver, pourquoi ne pas monter un projet de jazz ou de comédie musicale avec un artiste avec lequel je travaille déjà et que j'aime ?

Un public français existe-t-il pour ce genre de production ?

Je ne pense pas, mais nous parlions de rêves…


Propos recueillis par Tutti-magazine
Le 4 avril 2012

 

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