Carolina Ullrich participera à l'Hommage à Heitor Villa-Lobos organisé à l'Amphithéâtre Bastille le 31 octobre 2014 à 20h00. Elle sera entourée par Varduhi Yeritsyan (piano), Marc Coppey (violoncelle solo) et un ensemble de violoncelles. Au programme : "Bachianas Brasileiras" Nos 1, 4 & 5, "Petite suite" pour violoncelle et piano, et "Rudepoema". Renseignements et réservations ICI
Le 6 novembre à 20h00, Carolina Ullrich sera aux côtés de la soprano Christiane Karg et du ténor Maximilian Schmitt pour un concert de l'Orchestre National de France dirigé par Andrés Orozco-Estrada proposé au Théâtre des Champs-Élysées. Au programme : Symphonie No. 3 de Schubert, et Symphonie No. 2 op. 52 "Lobgesang" de Mendelssohn. Renseignements et réservations ICI
Tutti-magazine : Vous chanterez demain pour la seconde fois sur la scène de l'Amphithéâtre Bastille. Quelles sensations gardez-vous de votre récital Schubert en 2013 ?
Carolina Ullrich : Cette première fois était une opportunité que j'ai saisie au vol, dans la mesure où il s'agissait de remplacer une chanteuse malade. Cette proposition m'est parvenue seulement quelques semaines après mes débuts à la Schubertiade de Schwarzenberg. Aussi, le récital Schubert que j'ai chanté à l'Amphithéâtre Bastille était non seulement construit mais déjà prêt. Cela étant, j'étais aussi anxieuse que nerveuse à l'idée de chanter à Paris, et en particulier à l'Opéra Bastille. Que ce soit dans la grande salle ou à l'Amphithéâtre ne faisait aucune différence à mes yeux car le public est le même. Lorsque j'ai rencontré le pianiste Marcelo Amaral il y a dix ans, nous rêvions de faire de la musique en France, et à Paris. Ce rêve est devenu réalité… Me retrouver sur la scène et voir tous ces spectateurs réunis pour écouter du lied ou de la mélodie, et les entendre avant le concert bourdonner comme des abeilles, était quelque chose de stupéfiant. Ce récital m'a donné l'impression d'une nouvelle naissance. Dans cet horizon entièrement nouveau pour moi, il me devenait possible d'atteindre chaque personne par la musique que je chantais. J'ai vécu là une magnifique expérience devant un public infiniment respectueux et cette image de tous ces spectateurs assis devant moi restera à jamais gravée en moi. Tous ces gens réunis par l'amour du lied dont on dit pourtant qu'il s'agit d'une forme d'expression moribonde ! Le lied et la mélodie font partie intégrante de ma vie depuis de nombreuses années. Ils m'ont d'ailleurs permis de gagner de nombreux concours. Le public a compris que mon approche était sincère et sa manière de me remercier a été un grand moment pour moi.
Ces débuts inattendus à Paris vous ont-ils ensuite permis d'appréhender la sphère classique française ?
Ce premier concert parisien a effectivement été en quelque sorte une porte d'entrée sur le monde de la musique classique en France et je souhaite que les concerts à venir me permettent d'être à l'avenir plus présente dans votre pays. J'aime la France, et j'aime chanter ici.
Vous avez commencé vos études de chant au Chili. Quel type d'enseignement avez-vous reçu dans ce pays ?
J'ai commencé par le piano à l'âge de 7 ans. Je vivais alors en Allemagne. Puis, à 9 ans, j'étais en Colombie et j'ai commencé à étudier le violon. Je pratiquais ces deux activités de façon amateur, en marge de l'école. Ensuite seulement je me suis installée au Chili où j'ai terminé ma scolarité, et c'est lors de la dernière année que j'ai rencontré Ahlke Scheffelt qui allait devenir mon professeur de chant. Ahlke Scheffelt m'a prise sous son aile et le lien qui m'unit à elle est un des plus forts que j'ai tissé avec les personnes restées au Chili. C'est sous sa bienveillance qu'ont été placées mes premières années d'études de chant, tout d'abord dans le cadre d'une école privée, tant que j'étais scolarisée. Une fois en poche mon diplôme d'études secondaires, je suis entrée à l'Université Catholique du Chili où j'ai pu continuer à étudier avec elle. Parallèlement au chant, j'ai travaillé dans ce cadre la phonétique, l'histoire de la musique et de l'Art, l'harmonie, la théorie de la musique et l'expression corporelle. Cet apprentissage du chant m'a familiarisée avec la musique de chambre et m'a appris à me concentrer sur la technique appliquée à différents styles. Cependant, ces études n'étaient en rien orientées sur l'opéra, la musique baroque ou le lied. Tout cela est venu après cette formation que je qualifierais de "générale et saine" !
Vous vous présentez comme une soprano germano-chilienne. Trouvez-vous ce rappel de vos origines important ?
Il l'est. Les gens me disent que je ressemble à une Chilienne, et d'autres à une Allemande. Je réponds alors que je suis né sous le signe des Gémeaux, sans pour autant verser dans l'ésotérisme. Mais ces "Gémeaux" correspondent bien à mes deux visages car je me sens à la fois Chilienne et totalement Allemande ! Je ne veux pas avoir à dire que je suis moitié ceci et moitié cela car je suis Chilienne de tout mon cœur, et j'en suis fière, et je me sens pleinement Allemande, ce qui me rend tout aussi fière.
L'année 2010 semble être une année importante dans votre jeune carrière dans la mesure où vous avez remporté le prix Christel Glotz du Semperoper de Dresde. Ce prix a-t-il été déterminant ?
Pas nécessairement sur un plan pratique. J'ai reçu ce prix comme une reconnaissance de mon travail et des qualités, qu'apparemment, on me prête. Plus que tout, je me suis sentie terriblement honorée d'être choisie par un jury des plus expérimentés qui, de plus, connaissait de nombreux artistes. Cela m'a permis d'entrer en contact avec de nombreuses personnalités importantes, il est vrai, mais c'est davantage cet honneur que l'on m'a fait qui a surtout compté pour moi.
Toujours en 2010, vous entrez comme soliste au Semperoper de Dresde. Cet engagement était-il lié au prix que vous aviez remporté ?
Non, car j'ai reçu ce prix après être entré dans la troupe du Semperoper. J'ai signé mon contrat d'engagement en août 2010 et le prix m'a été attribué, si je me souviens bien, au mois de novembre suivant, alors que j'avais déjà participé à de nombreux spectacles.
En tant que chanteuse, quels aspects positifs trouvez-vous dans cette vie artistique au Semperoper ?
En tant que chanteuse, mais aussi entant que personne, je dirais que chanter au Semperoper de Dresde est très spécial. Tout d'abord, l'acoustique de ce théâtre est merveilleuse. C'est même à ce jour la plus parfaite acoustique qu'il m'ait été donné d'expérimenter dans une maison d'opéra. Chanter dans cette troupe m'a donné l'occasion de chanter sous la direction d'incroyables chefs d'orchestre. J'ai par exemple eu la chance de travailler avec Christian Thielemann, Carlo Montanaro, Pier Giorgio Morandi, Jonathan Darlington, et bien d'autres. Ces chefs vous font grandir car ils possèdent une connaissance gigantesque qu'ils vous apportent pour peu que vous vous ouvriez à ce qu'ils proposent. C'est en tout cas le comportement que j'essaye d'adopter avec le plus de constance. Il arrive qu'un chanteur souhaite chanter d'une certaine façon et que quelqu'un lui suggère de, peut-être, essayer autrement. Les suggestions qui sont étayées par une approche psychologique, par exemple, ont ceci d'intéressant qu'elles poussent à réfléchir et, au final, à progresser.
Un autre aspect très positif du Semperoper est que tous les personnels administratif et technique, les maquilleurs et les habilleuses, sont absolument adorables, amicaux et très attentifs aux chanteurs. Sur le plan humain, ces contacts sont aussi très enrichissants. Tout cela fait de cette structure un lieu où il fait bon vivre et chanter.
Lorsque nous avons rencontré le baryton grec Tassis Christoyannis, il nous a parlé de la difficulté de travailler à Düsseldorf. Très souvent, il devait enchaîner la répétition d'une œuvre le matin, puis celle d'un autre opéra l'après-midi, pour finalement chanter autre chose le soir sur scène. Votre emploi du temps à Dresde est-il de cette nature ?
Je préfère m'abstenir d'utiliser le mot "stress" que je trouve trop négatif pour parler de mon emploi du temps au Semperoper, mais il m'est effectivement arrivé d'avoir à assurer une grande quantité de travail. Par chance, le Semperoper est régi par un certain nombre de règles. Les répétitions sont programmées le matin, après quoi vous avez quelques heures de liberté à partir de midi, pour redémarrer en soirée et finir la nuit. En temps normal, lorsque vous chantez sur scène en soirée, le théâtre essaye de vous libérer le matin. Dans le meilleur des cas, je bénéficie d'un jour de liberté et de la matinée qui suit avant une représentation, ainsi que de la matinée qui suit le spectacle. Vous voyez, je suis entre de bonnes mains et on prend soin de moi !
Revenons à votre rencontre avec Christian Thielemann. La violoniste Lisa Batiashvili nous avait fait part de son étonnement par rapport au Maestro qui préférait ne pas s'étendre sur les explications ou sur les répétitions afin de préserver la spontanéité d'un enregistrement. Comment avez-vous travaillé avec lui ?
À chaque fois que j'ai eu l'occasion de chanter sous sa direction, je l'ai trouvé extrêmement précis. Pour autant, il n'a jamais tenté de corriger mon approche interprétative de la musique. En revanche, il a beaucoup insisté sur la clarté de mon articulation, et même de façon quasi militante. Je crois que le Maestro Thielemann vous laisse la liberté d'être créatif sur le plan musical mais il est intraitable sur la compréhension de ce que vous chantez. Comme vous le savez, de nombreuses personnes critiquent l'opéra parce que, apparemment, elles ne comprennent pas ce que chantent les chanteurs. Pour Mr. Thielemann, je crois que c'est une des premières préoccupations. Pour lui, tout doit être énoncé avec une clarté extrême. J'apprécie beaucoup cette exigence.
Votre affinité avec le lied est-elle due à une rencontre particulière ?
Cette affinité avec le lied vient, sauf exception, de la beauté du texte. Mon père est professeur d'allemand et il m'a appris dès mon enfance à aimer de merveilleuses pages de poésie et de prose. Puis il s'est trouvé que ma chère Ahlke Scheffelt, mais aussi Edith Wiens, qui a été mon second professeur à Munich, étaient aussi sensibles que moi à la poésie. Elles ne m'ont pas seulement communiqué leur attachement à la littérature mais elles m'ont sensibilisé à la rencontre de la musique et de la littérature. Depuis presque deux ans j'ai la chance de pouvoir travailler avec un merveilleux professeur de lied, Tobias Truniger, et j'ai eu le grand plaisir de prendre des leçons avec Helmut Deutsch. Mon père, indéniablement, a joué un grand rôle dans mon lien puissant avec le lied et la mélodie, mais aussi toutes ces personnes qui m'ont tant apporté par la suite.
Vous avez chanté pour la première fois avec le pianiste Marcelo Amaral en 2005. À propos de lui, vous avez écrit que vous vous sentiez fière de l'avoir comme ami et frère de cœur. Comment définir cette relation ?
Tout d'abord, le fait que vous ayez pu lire cette phrase me conforte dans la nécessité de faire attention à ce qu'on publie sur Facebook !
Plus que tout, je considère Marcelo comme mon frère. J'ai trois frères de sang, mais Marcelo est le quatrième. Les autres m’ont été donnés par Dieu, et lui, je l'ai choisi. Il est mon confident, celui qui me critique sans crainte de me blesser et celui à qui je peux à mon tour dire ce que je pense. Faire de la musique avec Marcelo, c'est ne plus avoir besoin des mots pour nous comprendre. Le lien qui nous relie est très profond, viscéral même. Sur scène ou lorsque nous répétons, je sens ce qu'il ressent. Par exemple, j'ai chanté de nombreuses fois avec lui les mélodies espagnoles que nous proposerons demain soir à l'Amphithéâtre Bastille. Or, à chaque fois que nous les reprenons, notre approche est différente. Si, subitement, son jeu devient piano, je le sens, non parce qu'il m'a prévenue mais parce qu'il y a une connexion entre nous. Il comprend le ping-pong de la musique. S'il joue "ping", je chante "pong", et si je propose "ping", il répondra "pong" ! Nous sommes réceptifs l'un à l'autre et c'est ainsi que fonctionne cette relation unique.
Marcelo Amaral et vous avez enregistré votre premier CD en 2011. Ce programme de mélodies était construit à partir de vos racines respectives. Préparez-vous un autre disque ?
Bien sûr, et nous avons déjà envisagé un certain nombre d'enregistrements possibles. Il y a des projets plus avancés, et différentes personnes pourraient même financer notre prochain disque. Mais je ne peux pas encore en parler librement. De même, nous ne savons pas encore avec quel label discographique nous allons travailler. C'est un choix crucial car le marketing compte pour beaucoup aujourd'hui et il me semble très important de savoir ce qu'un éditeur est susceptible de faire avec un disque qu'on lui confie.
Ceci étant, sur le plan du répertoire, l'essentiel pour Marcelo et moi est de nous orienter vers un choix symbolique pour tous les deux. Un choix qui nous représente. Non seulement nous devons nous sentir à l'aise dans la musique que nous enregistrerons, mais nous devons aussi être certains de pouvoir communiquer notre amour pour les pièces choisies, c'est-à-dire être assurés que le style sera enrichi par nos émotions.
En récital, quelles émotions exprimez-vous avec le plus de facilité ?
Depuis toujours il m'est plus facile d'exprimer la joie à travers le chant. Je suis une personne joyeuse, la vie est belle quoi qu'il arrive et, si des contrariétés surviennent toujours, l'essentiel est de continuer à avancer. C'est de cette manière que je vois ma vie. En outre, chanter les pensées positives, le printemps ou les oiseaux qui fredonnent rend plus facile d'exprimer la tristesse. Il me semble que le contraste entre la joie et la tristesse devient d'autant plus émouvant qu'il est exprimé par une personne joyeuse.
À l'inverse, cherchez-vous à ajouter certaines émotions à votre palette ?
Bien sûr, car le temps a passé, je n'ai plus 25 ans, et ma voix a évolué. Sans doute pas de façon très marquée, mais il y a un changement, aussi bien que notre point de vue sur les choses et notre ressenti évoluent aussi. En ce moment, je me sens terre à terre et je recherche une couleur de voix à la fois mature et féminine, qui correspond présentement à mon état d'esprit. Cela peut paraître un peu ridicule, mais je me sens non plus jeune fille, mais femme. Cet état peut parfaitement changer car j'essaye d'être disponible à ce que la vie peut me présenter. Mais, ces dernières semaines, j'ai découvert un axe central qui me rapproche de la femme que je suis devenue. Cette sensation que j'ai découverte est des plus agréables. Pourtant, je ne suis pas parvenue facilement à cette prise de conscience car je chante constamment des rôles légers à l'opéra : Despina, Zerlina, Susanna… Or il y a un monde entre ces jeunes filles et la vraie féminité.
Avez-vous choisi des compositeurs particuliers pour vous accompagner dans cette évolution ?
Non, pas des compositeurs, mais des œuvres. Je vais vers ce qui m'aide à exprimer le médium de ma voix et à le rendre satiné. Je l'étire ensuite vers le haut et cela crée une belle rondeur tout en préservant la stabilité et l'éclat des aigus. J'évite de tendre le haut et de chanter comme un oiseau, et j'accompagne la voix de tout mon corps.
Vous travaillez le rôle de Norina dans Don Pasquale. Comment vous préparez-vous à un tel rôle ?
Je travaille effectivement Norina pour moi en ce moment, mais je n'ai pas d'échéance scénique. Les prochains rôles que je chanterai au Semperoper sont Marzelline, Gretel, que j'interpréterai aussi sur d'autres scènes, Adele et Angelika. Voilà pour les rôles confirmés…
D'une façon générale, si je peux me procurer le livret d'un opéra, je commence par le lire. Il est essentiel pour moi de comprendre tout d'abord le personnage que je vais chanter. L'approche émotionnelle du texte aidera ensuite la musique. Savoir quoi exprimer et comment permet à la musique de couler avec fluidité et au corps de trouver ses marques. Lorsque vous ne possédez pas cette base, vous ne savez pas comment exprimer les choses et encore moins les chanter.
Pour un rôle comme Nanetta dans Falstaff, que je vais chanter au Festival de Lucerne, c'est la même chose. Je commence par lire, puis je m'efforce de comprendre et je joue avec le personnage dans mon imagination. J'écoute ensuite la musique en disque afin de capter les harmoniques avant de travailler ma partie avec un pianiste qui m'aide à appréhender le son de l'orchestre.
Vous chantez l'aria de Juliette "Je veux vivre". Êtes-vous intéressée par le Roméo & Juliette de Gounod ?
C'est effectivement un de mes souhaits de pouvoir chanter davantage ce type de répertoire. Je voudrais aussi mettre un pied dans le bel canto. J'ai déjà chanté Adina plusieurs fois au Semperoper et je voudrais maintenant pouvoir évoluer avec Norina et Julietta. Ces rôles conviennent bien à ma voix. Quant aux rôles qui suivront ensuite, je n'en ai aucune idée. Ma voix changera encore. Toutefois, à la fin de la route, j'espère pouvoir chanter Lucia di Lammermoor. C'est mon but à la fois vocalement et techniquement… Sur le plan émotionnel, je peux vous confier que le rôle de mes rêves, qu'apparemment je ne chanterai jamais car l'esthétique de ma voix ne lui convient pas, est Mimi dans La Bohème. C'est pathétique car, de toute mon âme, je suis Mimi, une Mimi jeune qui tire sa force des rêves qui l'habitent. Alors j'apprends ce rôle pour moi…
Demain, vous chanterez à l'Amphithéâtre Bastille différentes mélodies de compositeurs espagnols, mais aussi un cycle très rare de Fauré : "La Chanson d'Ève". Quelles couleurs et émotions voulez-vous faire passer à travers ce programme ?
À travers le cycle de mélodies de Fauré, j'aimerais être capable d'exprimer une voix blanche quasi virginale. Partant de cette pureté et de cette innocence, je voudrais progresser avec les compositeurs espagnols vers davantage de féminité, en passant par l'érotisme et la sexualité contenus dans ces mélodies. Je me dirigerai alors vers la femme espagnole fière qui connaît la douleur, la passion et la trahison amoureuse. À la fin du récital, cette femme sera adulte et riche de l'innocence et des diverses expériences qu'elle a traversées. J'espère être capable d'exprimer toute cette évolution.
Voilà un programme intéressant et sans doute aussi un pari…
Chanter en français en France, voilà le vrai pari !
Le 31 octobre, vous reviendrez à l'Amphithéâtre Bastille pour un concert-hommage à Villa-Lobos, où vous chanterez "Bachianas Brasileiras"…
Je n'irai pas par quatre chemins pour vous parler de cette œuvre : je l'aime ! Comme vous le savez, Marcelo est Brésilien et j'adore Marcelo. C'est lui qui m'a fait connaître Villa-Lobos et j'ai déjà chanté plusieurs mélodies de ce compositeur. Son approche émotionnelle et la dimension latine de sa musique me lancent sur une trajectoire qui me rend très confiante. Cette assurance me permet de me concentrer seulement sur le plaisir de chanter. Ce sera en outre la première fois que je chante accompagnée uniquement par des violoncelles. Je suis très impatiente à l'idée de cette nouvelle expérience. Nous arriverons tous préparés chacun de notre côté pour ce récital et le point essentiel sera alors de décider ce que nous voulons faire. Une fois décidé, le reste sera facile car l'écriture n'est pas si compliquée.
Et si vous choisissiez le mot de la fin…
Avec plaisir, car cela va me permettre de parler des chanteurs, car j'ai de nombreux amis qui chantent… La difficulté que rencontre un chanteur tient au fait que son instrument est son corps. Ce corps, vous l'avez reçu, et aucun instrument n'est semblable à l'autre. Dès lors, la trajectoire que chacun devra parcourir dans sa vie ne sera identique à aucune autre. Or ce qui blesse le cœur d'un chanteur est de se comparer aux autres. À chacun correspond un temps personnel pour grandir et accomplir des choses. Il n'y a pas un seul bon chemin, mais de nombreuses routes. Le chemin à trouver est celui qui vous correspond. Je crois que c'est une des choses les plus importantes que j'ai apprises…
Propos recueillis par Philippe Banel
Le 1er octobre 2014